A Baden, hissons la grand voile !

Le voilier © Noémie Coppin/ccas

Le voilier. © Noémie Coppin/ccas

C’est un fameux deux-mâts, fin comme un oiseau ! 8,60 mètres de long, 9 de haut, rouge flamboyant. Il n’est pas neuf, il date de 1979, et a beaucoup servi comme navire école sur la base nautique. L’histoire de cette base de Toulindac, c’est Roland Viniacourt, président de l’association Les voiles traditionnelles des IEG 56, qui nous la conte. 

« Cette base a été créée en 1964 par un agent des IEG, Louis Quignat » explique Roland Viniacourt, président de l’association Les voiles traditionnelles des IEG 56. « D’ailleurs, quand on regarde sous le ponton, on voit que les piliers qui le soutiennent sont des poteaux électriques en béton découpés. Depuis deux ans, la base a été cédée à la communauté d’agglomération pour pouvoir développer la voile scolaire. Il y a plus de moniteurs, plus de matériel, et c’est une bonne chose, car dans le Morbihan, seuls 15% des enfants aujourd’hui ont déjà fait de la voile. Nous voulions aider à changer cette réalité. »

Mais si les Activités sociales n’ont plus le monopole de la base, elles y sont toujours bien actives. C’est ainsi que récemment, l’association Les voiles traditionnelles des IEG 56 a vu le jour. Roland, ancien ingénieur métallurgiste à GDF Paris, Badenois d’adoption, nous en explique le but : « Nous sommes une quinzaine de bénévoles du coin, qui adorons la voile. On ne veut pas que des vacanciers puissent quitter la Bretagne sans avoir été initiés à la voile. Et on veut aussi permettre aux agents de la CMCAS et à leur famille de faire des balades sur le golfe. On encadrera donc des sorties de Pâques à la Toussaint. »

Roland Viniacourt, président de l'association Les Voiles Traditionnelles des IEG 56 © Noémie Coppin/ccas

Roland Viniacourt, président de l’association Les Voiles Traditionnelles des IEG 56 © Noémie Coppin/ccas

Tout l’été, il y aura deux sorties hebdomadaires. Et aujourd’hui, c’est la première. L’inauguration. Patricia et Guy Vallecalle sont les heureux élus. Ils viennent juste d’arriver de Marseille pour quinze jours de vacances au centre de Baden. Ils enfilent leur gilet de sauvetage, tout en racontant leur histoire. Patricia commence : « Je suis à la retraite depuis trois ans. Avant, j’étais agent d’accueil à Marseille. Cela fait trente ans qu’on part dans des centres CCAS. Et on continue, toujours en toile ! Moi j’adore ça, faire des rencontres aux sanitaires, en faisant la vaisselle, en allant prendre sa douche. Toute l’année, on vit chacun de son côté, alors les vacances, c’est l’occasion de se tourner un peu vers les autres. »

Pour ces marseillais habitués des vacances dans le Massif central, la Bretagne, c’est une grande première. Et qui dit Bretagne dit voile. Guy, justement, a quelques notions : « J’ai fait un peu d’optimiste, de vaurien, de caravelle étant jeune. J’adorais ça. J’ai aussi eu un bateau à moteur. Mais je l’ai vendu car j’avais le mal de mer. Sur un voilier, c’est différent. »

C’est l’heure. Guy et Patricia embarquent avec le skipper et l’équipier dans un zodiac pour rejoindre le voilier, à quelques mètres au large. Le skipper, c’est Alain Bruder. Il est passé par la marine nationale, il a aussi été directeur de centre de jeunes CCAS et chef de la section Activités sociales à la CMCAS de Lorient : « Je me suis investi dans cette association pour le plaisir, parce que je suis un passionné de la voile et que je suis content d’initier les gens, qu’ils apprennent comment ça marche. Mon rôle, en tant que skipper, c’est d’expliquer tout ce que je fais, de toujours anticiper les manœuvres, et de laisser les bénéficiaires faire le plus de choses possibles en prenant du plaisir. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Guy prend la barre du voilier. Alain, le skipper, commence par une petite leçon de vocabulaire. « Pour les écoutes, c’est à dire les cordes reliées aux voiles, on parle de border et de choquer pour dire tirer et lâcher. Pour la barre, on parle de lofer et d’abattre pour rapprocher ou écarter de l’axe du vent. » Et chacun y va de son moyen mnémotechnique : « Babord et tribord, c’est facile, lance Guy. Il faut penser au mot batterie. BAbord est à gauche, et TRIbord est à droite. »

Maintenant, tout le monde parle le même langage. Et c’est important, comme l’explique Alain : « La voile, c’est avant tout un travail d’équipe. Il faut communiquer. Dire ce qu’on va faire, ce qu’on fait. Il faut se parler. »
Guy tient bon la vague et tient bon le vent. Le voilier prend rapidement de la vitesse. Il se met à gîter, c’est à dire à se soulever sur le côté. Patricia lance un cri de surprise et de joie. Alain rassure tout le monde : « Il ne faut pas avoir peur de la gîte. Ce bateau a une quille de 2,5 tonnes, ce qui fait qu’il ne peut pas se retourner. Vous pouvez en profiter ! »
Et c’est l’heure de la première manœuvre. « Paré à virer ! » lance Guy, très professionnel. « Paré ! » répond en chœur l’équipage. Patricia s’apprête à choquer la grand voile, le phoque va s’inverser, et hop!, la voile change de côté. Un travail d’équipe impeccable. Patricia éclate de rire et s’exclame : « C’est notre premier jour de vacances, c’est quand même génial, non ? On ne se contente pas de regarder, on peut vraiment faire les manœuvres, sentir le voilier, comprendre ce que c’est que faire de la voile. J’adore ! »

Alain Bruder, skipper, et Christian La Croix, équipier © Noémie Coppin/ccas

Alain Bruder, skipper, et Christian La Croix, équipier © Noémie Coppin/ccas

Christian La Croix, l’équipier, pointe du doigt les îles environnantes : « Ici, la grande bande de terre, c’est l’Île-aux-Moines. C’est plus qu’une île, c’est une commune. Et puis là-bas, il y a l’île de Berder, et celle de la Jument. La légende raconte que le golfe compte 365 îles. Personnellement, je n’en ai recensé qu’une soixantaine, mais qui sait… » Fils d’agent, Christian a appris à faire de la voile ici, sur cette base de Toulindac, en 1977. Une vraie passion : il a enchaîné les stages, jusqu’à devenir moniteur, jusqu’en 1994. « Alors quand l’association s’est montée, j’étais bien sûr partant pour m’investir. Cette base nautique, c’est toute mon enfance, mon adolescence. Je voulais continuer à la faire vivre et partager ce bonheur avec les vacanciers de passage. »

Et même si parfois on prend la « boucaille », ce bon vieux crachin breton, ça ne dure jamais bien longtemps. Sentir les embruns, « être dans le jus », comme dit Alain, cela fait partie de la voile. A ce stade, Patricia maitrise le winch parfaitement, et elle passe à la barre. « Allez ma biche ! », lance Guy. Alain la rassure : « Le truc, pour garder un cap, c’est de prendre un repaire fixe sur la côte, une maison ou un arbre par exemple. Ce n’est pas difficile. » Le voilier croise un Belouga, bateau en bois typique du Morbihan. C’est l’occasion pour Alain de lancer le jeu des priorités : « Connaître les règles de priorités, quand on fait de la voile, c’est crucial. Par exemple, un voilier est toujours prioritaire par rapport à un bateau à moteur, sauf s’il est vraiment gros, comme une vedette. Entre voiliers, c’est plus subtil, cela dépend du sens du vent. »

Patricia et Guy, bénéficiaires de Marseille en vacances au centre de Baden © Noémie Coppin/ccas

Patricia et Guy, bénéficiaires de Marseille en vacances au centre de Baden © Noémie Coppin/ccas

C’est déjà l’heure du retour à la base. La baie de Kerdelan n’a plus de secret pour Guy et Patricia. Christian se fend d’un dernier conseil : « Si vous voulez découvrir le golfe à pied, le tour de l’île de Berder, à pied, c’est l’idéal. Ça fait quatre kilomètres et vous découvrez le golfe sous toutes ses coutures. »
Guy et Patricia reposent le pied sur la terre ferme, avec un sourire jusqu’aux oreilles. Patricia s’exclame : « C’était féérique ! Pour dix euros par personne, c’est vraiment donné. On a fait toute une après-midi de voile, on a vraiment manœuvré, le skipper et l’équipier nous ont tout expliqué sur la voile, le golfe, les alentours. C’est pour ce genre de moment qu’on part en vacances avec la CCAS : découvrir la voile sans se ruiner, avec de vrais passionnés, en vivant un vrai moment humain. Tout ce qu’on aime ! »

2 Commentaires
  1. BILLY 8 ans Il y a

    Bonjour
    Nous sommes retraités à Muzillac actuellement je dépends de la CMCAS IDF (95) ma question peut-on participer à une sortie sur le voilier
    cordialement

  2. Rondeau 9 ans Il y a

    Que des bons souvenirs sur ce bateau en 1981 sortie du golfe et croisière sur la rivière d Auray pendant les stages de voiles à Baden

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