« La colo, c’est l’école de la vie »

Philippe Porret. © D.R.

Philippe Porret. © D.R.

Faire partir son enfant en colo dès l’âge de 4 ou 5 ans présente de multiples avantages, estime Philippe Porret, psychanalyste à Paris. Sous réserve que certaines conditions soient réunies.

Ya-t-il un âge minimum pour partir en colo ?

Quand, au cours d’un repas, une maman dit « je vais envoyer mon fils ou ma fille en colonie », très souvent, si l’enfant a moins de 6 ans, quelqu’un lui répond « il est bien jeune ». En fait, c’est au cas par cas : pour cet enfant-ci c’est très bien ; pour cet enfant-là beaucoup moins. Il est difficile d’avoir une position globale. En dessous de trois ans, cela me paraît difficile, mais cela se fait pourtant dans beaucoup de pays.

Quels sont les signes qu’un enfant est prêt ou non à partir ?

D’abord, il faut qu’il n’ait pas de problème de manque par rapport à sa famille, c’est-à-dire qu’il soit déjà suffisamment éveillé pour s’intéresser au dehors (beaucoup d’enfants le sont) et aussi suffisamment sûr de ses parents pour pouvoir s’en éloigner sans crainte. Winnicott, un grand pédiatre et psychanalyste anglais, appelait ça la capacité d’être seul avec quelqu’un. Cela, on le sent dès les premiers apprentissages sociaux. Lorsque l’enfant est dans un parc avec ses parents, s’il aime bien se promener, s’éloigner, s’il oublie un peu ses parents pour des intérêts différents que familiaux, c’est déjà un signe. Mais le signe le plus important, c’est qu’il puisse s’éloigner tranquillement en présence des adultes sans être effrayé de ce qui peut lui arriver.

Les parents ne sont-ils pas parfois plus réticents à se séparer de leurs enfants que les enfants de leurs parents ?

Oui, car ils s’en font parfois une montagne. Un exemple parlant est le doudou. Les enfants s’y accrochent parfois un peu trop, mais quand arrive un week-end ou un moment de séparation, il est toujours étonnant de voir que c’est souvent les parents qui pensent à ne pas l’oublier.

Quel est l’intérêt pour un enfant de partir dès l’âge de 4 ou 5 ans ?

Il y en a plusieurs. Sur le plan psychologique d’abord : il voit que le monde est plus vaste que celui de sa famille, il apprend d’autres façons de vivre, d’autres règles en société que celles de la maison. Il y a donc un facteur d’ouverture très important. Un autre élément essentiel est que les enfants puissent apprendre à avoir des liens avec les grandes personnes sans être obligés de les aimer. Si le personnel du centre de vacances joue bien son rôle, l’enfant découvre qu’il peut avoir des liens sociaux qui sont des liens d’épanouissement dans une activité ludique ou sportive qui le fait exister avec d’autres. C’est un apprentissage formidable.

Et pour les parents ?

Le premier intérêt pour les parents, c’est de pouvoir souffler un peu en confiant leur enfant à une structure solide. À 4 ou 5 ans, il me semble qu’il y a un autre apprentissage : les colonies peuvent préparer à cette naissance sociale qu’est l’entrée à l’école. Autrement dit, l’enfant et les parents vont faire l’expérience d’une situation où ils ne sont plus ensemble au moment où s’expérimente quelque chose d’important. Cela prépare les parents à la grande affaire que sera l’entrée à la grande école. Les colonies permettent que s’établisse un premier lien social qui n’a pas pour les parents la dureté de l’école (avec l’évaluation, entre autres).

Comment préparer ce départ ?

Je pense qu’il faut déjà habituer l’enfant à ne plus dormir tout le temps chez lui, l’habituer par exemple à dormir de temps en temps chez un camarade, chez des parents de la famille. Comme pour l’entrée en maternelle, on peut aussi trouver des livres d’enfants qui racontent par des dessins ce départ en colonie. Pour l’enfant, c’est un très grand saut : il n’appartient pas ou plus à ses parents, et il est tout à coup soumis à un collectif.

Philippe Porret reçoit en consultation des enfants de tout âge. Ancien intervenant pour l’Iforep, l’institut de formation des Activités Sociales, il a publié dernièrement « Paris sur le divan » (éditions Parigramme, 2013).

Objectif éveil

Pas facile de lâcher son bambin, même pour quelques jours, lorsqu’il n’a que 4 ou 5 ans. Et pourtant, la plupart des enfants reviennent enchantés de cette première expérience en collectivité.

« Nous voulons faire prendre conscience aux parents que la colo est une belle occasion pour les enfants d’expérimenter le vivre-ensemble en dehors du cercle familial, explique Lionel Pipitone, président de la commission jeunes de la CCAS. Plus de 1 000 enfants de 4 à 5 ans sont partis cette année en colo. Souvent pour la première fois. C’est environ 8 % de la population concernée. Et ce pourcentage augmente chaque année. »

Principal objectif de ces séjours de proximité organisés par les CMCAS et la CCAS : favoriser l’éveil. Il s’agit de familiariser les enfants à tous les aspects de la vie en collectivité : vie quotidienne (hygiène, repas, habitudes alimentaires), vivreensemble et activités de tout type. Dans chaque colo, il y a au moins un animateur pour six enfants. L’accueil, la séparation, les rythmes de vie et le choix des activités font l’objet d’une attention particulière.

« Nous donnons aux parents la possibilité d’accompagner leurs enfants jusqu’au centre de vacances et de venir les récupérer, précise Lionel Pipitone. Cela les rassure et facilite la séparation. De plus, il s’agit de séjours courts et les centres se trouvent à moins de 200 km ou à moins de deux heures du lieu de résidence des familles. »

 

92% des enfants ont apprécié les animateurs. 87% ont aimé les activités proposées 89% disent avoir été bien accueillis.  79% disent que « ça s’est bien passé avec les autres enfants ».

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