Week-hand pour tous à Arès

La famille et son enfant en situation handicap © Sébastien Leclézio

La famille et son enfant en situation handicap © Sébastien Leclézio/ccas

Agen, Angoulême, Bayonne, Béarn-Bigorre, Gironde, La Rochelle, Niort, Périgueux et Poitiers : 9 CMCAS se sont réunies et ont travaillé ensemble pendant un an pour proposer aux personnes en situation de handicap et à leurs familles un week-end de réflexion et d’échanges. Près de 200 bénéficiaires ont participé à la rencontre, du 2 au 4 octobre dernier, au centre d’Arès. C’était aussi l’occasion, pour les activités sociales, de réfléchir à comment mieux accompagner, au quotidien, les personnes en situation de handicap.

Aujourd’hui, un milliard de personnes dans le monde souffrent d’un handicap. Et le constat est dur. Ces personnes subissent encore aujourd’hui des discriminations injustifiables sur le plan de l’accès à l’éducation, au travail, à la culture, aux loisirs, aux soins. Comme l’explique Dina Helfer, médecin conseil à la CCAS, « il y a une différence de taille entre vivre et exister. Vivre, c’est satisfaire aux besoins élémentaires. Mais exister, c’est spécifique à l’être humain. Cela renvoie à l’esprit, au besoin de reconnaissance. Ce n’est pas un luxe. Les activités sociales doivent chercher en permanence l’équité de traitement, l’accès pour tous aux loisirs, aux vacances, au travail, sans distinction ni d’âge, ni de ressources, ni de fragilités. »

Les vacances

Le forum © Sébastien Leclézio

Le forum © Sébastien Leclézio

Les vacances, qu’il s’agisse de colos pour les jeunes, de séjours adultes ou en famille, constituent le premier domaine d’action évident des activités sociales.

Toutes les colos sont ouvertes aux enfants en situation de handicap. L’année dernière, 330 jeunes ont été accueillis dans 283 colos. Julie Djozikian a 14 ans, et elle souffre de troubles envahissants du développement. Depuis qu’elle a 6 ans, elle part en colo CCAS, comme l’explique sa mère, Stéphanie : « Quand Julie part en colo, on se ressource, on évacue. On peut aller au restaurant, au cinéma. De son côté, elle gagne en autonomie pour manger, se servir à table. Elle est au contact d’enfants qui ne sont pas en situation de handicap, et c’est stimulant pour elle. Dès qu’elle en revient, elle veut repartir ! » Équitation, chiens de traineau, BMX, la seule contrainte est que Julie puisse pratiquer l’activité, en profiter réellement. Alors que Julie, toque sur la tête, s’affaire à l’atelier canelé, sa mère évoque aussi les moments d’accompagnement : « L’été, on veut continuer à partir en famille, et la CCAS nous y aide. On choisit des centres qui proposent les moments d’accompagnement, avec des assistants sanitaires qui prennent Julie en charge pour quelques activités ponctuelles. Ça nous permet de faire d’autres choses avec la grande de 16 ans et le petit de 4 ans, c’est important aussi. »

Une quarantaine de centres proposent aussi des séjours pluriels adultes. Nicolas Puimaille a 39 ans, et il a souffert de manque d’oxygénation à la naissance. Il vient de pêcher une truite dans le bassin aménagé pour l’occasion par les bénévoles à Arès. Il saute de joie, et sa mère, Martine, arbore un grand sourire : « Quand il était petit, on se sentait isolés, on partait en caravane sur un terrain, on se repliait sur nous, on avait peur du regard des gens. Avec la CCAS, tout a changé. Aujourd’hui, à chaque hiver, Nicolas part en séjour pluriel à Luz-Saint-Sauveur. Il fait du handiski avec des collègues bénévoles, il côtoie les autres vacanciers. Il part aussi trois semaines chaque été. A chaque fois qu’il revient, il est redynamisé, plein d’énergie et heureux. »

Accès au travail, à la culture et aux loisirs

Animation de la soirée © Sébastien Leclézio

Animation de la soirée © Sébastien Leclézio/ccas

Mais les vacances ne constituent pas le seul domaine d’action des activités sociales.

Elles peuvent aussi se battre politiquement pour favoriser l’embauche de jeunes en situation de handicap. C’est le cas de Guillaume Pruce, 32 ans, sourd et muet et fils d’agent. Depuis un an, il travaille dans les cuisines du restaurant méridien de la centrale du Blayais : « J’ai eu de mauvaises expériences dans la restauration traditionnelle et j’ai eu la chance de trouver cet emploi il y a un an. On trouve des outils pour communiquer avec les salariés qui viennent manger et avec les collègues, avec des ardoises par exemple. Depuis tout petit, je me suis adapté, j’ai toujours été avec des entendants. J’ai fait beaucoup de colos CCAS, je continue les séjours parapente et escalade, pour moi rien n’est inaccessible, c’est une question d’outils. »

Tout au long de l’année, et pas seulement pendant les vacances, les activités sociales veulent permettre une égalité d’accès aux activités culturelles et sportives pour tous. Pierrot Jardeaux, jeune retraité, vient de s’installer près de la Rochelle. Sa fille Laure, 38 ans, est trisomique. Il témoigne : « En arrivant, j’ai contacté la CMCAS de La Rochelle car je savais que la section retraités organisait régulièrement des repas. J’ai demandé si je pouvais venir avec ma fille. On m’a dit que la CCAS, c’était notre maison à tous, et qu’évidemment, je pouvais venir avec Laure. Tout est fait pour nous faciliter la vie. Si elle n’aime pas le menu, ils l’adaptent. Les gens sont bienveillants, on se sent en famille et c’est très important pour nous. »

Stéphanie, la maman de Julie, témoigne elle aussi : « Je reçois régulièrement des infos sur des activités proposées par la CMCAS de la Gironde. D’habitude, je ne regarde même pas, je me dis qu’avec Julie, ce n’est pas pour nous. Mais la dernière fois, il s’agissait d’un week-end canoé-kayak, et j’ai appelé pour savoir si c’était faisable avec Julie. A ma grande surprise, c’était possible. J’ai appris que chaque CMCAS disposait d’enveloppes dédiées à favoriser l’accès des personnes en situation de handicap aux différentes activités proposées. On a pu tous y aller, c’était un beau moment ! Il ne faut pas hésiter à demander, tout est prévu pour. »

L’aide aux aidants

Guilaume Pruce © Sébastien Leclézio

Guilaume Pruce © Sébastien Leclézio/ccas

Car les activités sociales ont aussi un grand rôle à jouer dans l’aide aux aidants, ces parents, conjoints ou enfants qui sont trop souvent isolés et démunis.

Marie-Dominique Moreaux, administratrice à la CMCAS, membre de la sous-commission handicap, évoque quelques pistes : « Il faut que l’on trouve, dans chaque CMCAS, chaque SLVie, les moyens d’aider les familles des enfants en situation de handicap. Il y a encore beaucoup de choses à inventer. A la CMCAS Gironde, on a pour projet l’année prochaine de monter un groupe de parole, qui abordera des questions comme la sexualité ou encore les relations frères et sœurs. Dans ces réunions pourront venir à la fois les familles des personnes en situation de handicap, mais aussi les familles touchées par le cancer, ou Alzheimer. Parler, échanger, écouter, c’est déjà beaucoup. Et puis surtout, il faut s’appuyer sur les réseaux et connaissances des familles, pour être relai, passer les informations à d’autres, mutualiser l’information. »

Lydie Martin, présidente de la CMCAS de Niort, souligne l’importance des mots, au quotidien : « Depuis plusieurs années, on s’oblige parler de situation de handicap à chaque réunion, pour chaque activité, évoquer l’accès aux personnes en situation de handicap, pour que les gens ne baissent plus le nez quand le mot arrive. Pour que cela devienne banal. Et ça commence à porter ses fruits. »

Les CMCAS pourraient aussi mieux relayer certains outils concrets aux aidants, par exemple le site internet de l’Union Départementale des Associations Familiales de Dordogne. Ce site met à disposition des tuteurs ou curateurs des documents types, pré-remplis, pour toutes leurs démarches administratives, et répond aux questions fréquentes.

Des initiatives comme ce week hand sont aussi importantes pour les aidants, comme le souligne Louis Djozikian, le père de Julie, agent chez Regaz à Bordeaux : « C’est le premier week-end de ce type auquel je participe. J’y ai croisé beaucoup de parents, de professionnels, d’élus, de bénévoles. J’ai même croisé un collègue que je connaissais déjà, et on a tous les deux découvert qu’on avait un enfant en situation de handicap. Comme quoi ces rencontres peuvent permettre de mieux se connaître, faire tomber des murs, parler du handicap. Et être plus forts, ensemble, pour avancer et trouver des solutions. »


valérie Barret, animatrice du groupe de travail Handicap © Sébastien Leclézio

Valérie Barret, animatrice du groupe de travail Handicap © Sébastien Leclézio/ccas

Trois questions à Valérie Barret, animatrice du groupe de travail Handicap de la CCAS depuis 2012 et maman d’une petite fille handicapée mentale et moteur.

En quoi la CCAS agit sur l’intégration des personnes en situation de handicap ?
Depuis 1970, la CCAS s’engage aux côtés des personnes en situation de handicap pour faire que le handicap devienne une « banalité » et que chaque personne puisse s’intégrer dans un collectif commun. La CCAS ne pratique pas de surcoût, ni de séjour spécifique, ce qui permet de créer, dans les loisirs et au quotidien, un réel échange entre personne ordinaire et handicapée, et ça c’est fort des deux côtés.

Comment la CCAS peut accompagner au quotidien les personnes en situation de handicap ?
Nous travaillons sur diverses questions, les vacances bien sûr mais aussi la vie quotidienne. Nous proposons des aides financières pour l’aménagement du véhicule ou du logement par exemple, ou encore pour des séances de psycho-motricienne. La CCAS permet aussi des aides humaines pour la constitution de dossier administratif par exemple.

En quoi l’accueil les personnes en situation de handicap sont-elles révélatrices des valeurs de la CCAS ?
Je crois qu’une de nos forces, c’est l’entraide et le réseau au sein de la CCAS. Nous arrivons à nous fédérer, à nous aider. Lorsque nous allons ma fille et moi en vacances, personne ne nous regarde comme des êtres « bizarres », les autres bénéficiaires sont habitués et c’est quelque chose de très fort pour la dignité des personnes en situation de handicap. Quand ma fille va seule en colonie avec des enfants ordinaires, au début c’est la différence qui marque, puis à la fin du séjour lorsque je vais la rechercher, je me rends compte que tout le monde la connaît, que tout le monde a joué avec elle et qu’elle est presque devenue une mascotte. Tout ce partage est gagnant-gagnant, ma fille gagne en autonomie et les autres enfants se rendent compte que malgré la différence visible, les personnes en situation de handicap sont comme eux. Ça fait tomber des barrières et c’est vraiment génial.

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1 Commentaire
  1. ROYER 8 ans Il y a

    Notre fille Pascale a été vraiment très heureuse de participer à cette rencontre amicale. Le climat y était chaleureux et dénué de tout esprit de compétitivité. Nous remercions l’ensemble du personnel bénévole encadrant sans lequel ceci n’aurait pas été possible. Un grand merci à tous !!!!!!!!Ce fut un vrai moment de plaisirs.

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