Les fédérations syndicales des Industries électriques et gazières appellent tous les agents des IEG à faire du 8 avril, date anniversaire de la nationalisation du gaz et de l’électricité en France, un grand jour de mobilisation contre les projets de démantèlement des entreprises historiques.
Le 6 avril, les quatre fédérations syndicales ont rencontré – à distance – la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, et le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Lemaire.
« Lors de cette rencontre, raconte l’interfédérale dans son communiqué du 8 avril, nous n’avons rien appris de nouveau excepté sur la forme, car les deux ministres ont présenté un projet de réforme d’EDF qui ne fait plus référence à Hercule ni aux entités Bleu, Azur et Vert. »
La réforme du groupe EDF « porte désormais la structuration juridique suivante », poursuivent les syndicats : « une société EDF SA maison mère 100 % publique et donc renationalisée, une filiale EDF Hydro quasi régie 100% publique et nationalisée, et une société ‘EDF énergies renouvelables et réseaux’ dont le capital pourrait être ouvert jusqu’à 30 % ».
Mais sur le fond, conclut l’interfédérale, « le projet de réforme présenté est bel et bien un copié/collé du projet initial Hercule prévu qui ouvre la voie au démantèlement d’EDF », justifiant de « renforcer la détermination (…) à refuser ce projet destructeur pour l’avenir d’EDF ».
Dans leur précédent communiqué d’appel à la mobilisation du 8 avril, les quatre fédérations syndicales rappellent :
« Selon le gouvernement, la négociation entre Paris et Bruxelles concernant l’avenir d’EDF arriverait son terme et pourrait aboutir prochainement à un accord scellant le démantèlement du Groupe. L’heure est donc venue déconsidérer cette alerte comme une urgence car les semaines à venir pourraient être décisives pour l’avenir du service public de l’énergie ».
Et de souligner : « Dans le même temps, le groupe Engie qui vient d’acter sa scission en deux entités est menacé d’une vente à la découpe et l’avenir de la filière gaz est mis à mal par la nouvelle réglementation RE 2020 ».
Quelle que soit l’issue des discussions entre le gouvernement et la Commission européenne, qui rendrait le projet Hercule « européo-compatible », le dossier serait loin d’être bouclé. Viendrait alors une phase autrement plus délicate : le débat parlementaire. Pressé par le calendrier et l’échéance des élections présidentielles, le gouvernement veut, semble-t-il, aller vite. D’autant que depuis sa « révélation » dans la presse, le projet Hercule fédère contre lui, au fil des mois, une opposition qui s’élargit.
Pétition « Pour une énergie publique »
Le Comité social et économique central d’EDF-SA a mis à disposition en ligne une plateforme d’informations et une pétition : « Pour une Energie publique ». On y trouve notamment la tribune publiée dans « Le Monde » le 10 février dernier, signée par cinquante personnalités – dont d’anciens hauts dirigeants du groupe EDF – contre le projet Hercule.
Signer la pétition « Pour une énergie publique »
Des soutiens reçus de toute part
Du côté des médias indépendants, la chaîne YouTube « Osons Causer » consacrait une émission au projet Hercule, relayée par les CSEC d’EDF-SA.
Du côté des syndicats européens, la Fédération européenne des services publics, et l’Industrial Trade union – toutes deux issues de la puissante Confédération européenne des syndicats – soutiennent la lutte des électriciens et gaziers français.
En février, 83 parlementaires, dont Sébastien Jumel (PCF), Julien Aubert (les Républicains) Delphine Batho (Génération écologie), ancienne ministre de l’Écologie, de la Transition énergétique et de l’Énergie, Marie-Noëlle Battistel (PS), Loïc Prud’homme (France Insoumise) ou encore Cédric Villani (ex député LREM, désormais non inscrit), ont écrit conjointement au Premier ministre Jean Castex, pour exprimer leurs inquiétudes à propos du projet Hercule.
Lire la lettre « Alerte Hercule »
Au mois d’octobre dernier, le Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes – la « région de l’hydro-électricité » – adoptait un vœu « Contre la privatisation de l’exploitation des concessions hydrauliques et le projet de scission des activités commerciales et de production d’EDF baptisé Hercule ».
En janvier dernier, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, qui représente 95 % des collectivités territoriales délégataires de services publics, notamment des réseaux électriques, alertait : « L’ouverture du capital de la maison-mère d’Enedis fait courir un risque à la gouvernance locale et, plus largement, aux intérêts des usagers ».
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