La Grèce ne doit pas payer sa dette publique, estime la Commission pour la vérité sur la dette grecque, dans un rapport rendu public le 18 juin. Entretien avec Michel Husson, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales et membre de cette commission, composée d’experts indépendants, mise en place en avril dernier à la demande de la présidente du Parlement grec.
Votre rapport remis le 18 juin au Parlement grec est un véritable réquisitoire contre la gestion de la dette grecque par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI.
Nous avons même hésité à utiliser l’expression « action criminelle » contre le peuple grec. Du point de vue économique, on retire à la Grèce les moyens de se rétablir et de s’orienter vers un autre mode de développement. Mais il y a aussi tous les aspects juridiques et notamment la dimension de non respect des droits humains. Nous avons réalisé un bilan semblable à celui fait en 2013 par un expert de l’Onu qui avait décortiqué toutes les mesures imposées par la troïka(1) (baisse du SMIC, baisse du nombre des fonctionnaires, etc.) et évalué leurs effets sur les droits humains.
« La Grèce ne doit pas payer cette dette, du fait de son caractère illégal, illégitime et odieux », dit le rapport. Qu’est-ce que cela signifie ?
Commençons par le terme « odieux ». Il signifie que la dette a été imposée soit par une dictature, soit par des partenaires, des créanciers en l’occurrence, qui étaient parfaitement conscients des effets catastrophiques que cet accord aurait. Ils ont fait valoir leurs intérêts avant ceux de la Grèce. C’est le point clé du rapport : ils avaient absolument tous les moyens d’anticiper sur les effets qu’auraient les mesures qu’ils imposaient à l’économie grecque. Nous avons eu le témoignage de Philippe Legrain, qui était conseiller économique de Barroso, l’ancien président de la Commission européenne : il dit clairement qu’on a fait passer les intérêts des banques avant ceux du peuple grec.
En quoi cette dette est-elle illégale et illégitime ?
Illégale, car il y a non respect de la Constitution grecque par exemple : le Parlement n’a pas été consulté sur ces questions. C’est également le fait que les statuts mêmes du FMI ont été enfreints : ils ont changé les règles d’application pour pouvoir mettre en place le premier mémorandum [plan d’austérité, NDLR]. Illégitime, car tout une série de mesures ne profitent pas à l’ensemble de la population mais seulement à une petite catégorie. La dette est par ailleurs insoutenable sur le plan économique et sur le plan des droits humains.
On annonce depuis des mois la sortie de la Grèce de la zone euro. Qu’en pensez-vous ?
J’étais plutôt contre mais c’est quelque chose qui risque de devenir incontournable. Cela dit, il faut séparer les deux choses. La question clé, c’est de ne plus payer la dette, de faire au moins un moratoire, c’est-à-dire de suspendre les paiements. Et pour cela, il n’y a pas besoin de sortir de l’euro. La sortie de l’euro risque de devenir nécessaire seulement si on ferme absolument tous les robinets.
Votre commission peut-elle jouer sur le rapport de force avec les créanciers ?
Directement, je ne pense pas, mais elle peut servir si le gouvernement et les négociateurs s’emparent de ces arguments et les font valoir. 49 députés de Syriza (sur 149) viennent de demander qu’il y ait une discussion au Parlement sur notre rapport pour voir quelles conclusions ils peuvent en tirer. A la fin du mois, il y a une échéance très particulière [d’ici le 30 juin, la Grèce doit rembourser au FMI 1,6 milliards d’euros de prêts, NDLR] mais même si un accord était signé d’ici là, la question des échéances à venir ne sera toujours pas réglée.
(1) La troïka désigne les experts représentant la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, chargés d’auditer la situation économique grecque et notamment l’état de ses finances publiques.
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Non, nous n’avons donné aucun euros au peuple Grec,l’argent va aux banques pour rembourser un dette illégitime.Plusieurs milliers de nos enfants n’ont pas de travail, mais ce n’est surement pas la faute aux Grecs.Par contre ceux qui vivent du travail Humain, s’accapare de cette richesse, puis délocalise,s’évade fiscalement ont surement quelque chose à voir avec ce fléaux qu’est le chômage……
Chaque français a donné plusieurs centaines d’euros à la Grèce. Ma fille qui a 33 ans n’a encore pas trouvé de travail. Vous trouvez cela normal?