Des Russes hors d’atteinte, des Espagnols très critiques de l’arbitrage, une formidable équipe cécifoot et les joueurs du Nord-Pas-de-Calais qui n’ont pas démérité… Le tournoi international de Futsal organisé pour la première fois à Paris du 30 septembre au 3 octobre dernier réunissait des énergéticiens européens et tous les composants d’une vraie compétition.
Certes, les Marocains et les Kazakhs étaient absents de la Halle Georges Carpentier (Paris 13), les premiers pour mouvement social, les seconds pour raison financière, mais pour le reste tout y était.
A commencer par les Russes, une équipe discrète et très tactique qui a proposé un jeu exemplaire sous l’œil avisé depuis la tribune de Valentine Illine, un ancien sportif de haut niveau et président d’Atom Sport, une association de travailleurs du nucléaire. L’homme, qui rêve d’un CE comme la CCAS pour les énergéticiens de son pays, explique le succès de son équipe par cette équation : Atom Sport regroupe 70 000 membres, soit 20% du personnel du nucléaire. Personne n’est donc étonné de voir les Russes repartir avec la victoire. Ni Olivier, bénévole, pour qui « une délégation russe vient pour gagner, ils s’amusent après la compétition », ni même les Hongrois, une équipe expérimentée plus âgée que la moyenne. « Sauf que chez nous, en Hongrie, il est difficile d’organiser un tournoi : nous n’avons qu’une seule centrale nucléaire dans tout le pays», raconte La’szlo’ Lo’’rincz, le président du syndicat PADOSZ. A cette équipe restreinte, il faut aussi parler des détachements. « Parfois, il faut faire intervenir de hauts responsables pour libérer les joueurs pour les rencontres », précise le syndicaliste. Un point commun avec certaines équipes, dont celle du Nord-Pas-de-Calais où l’absence d’un joueur est notable. « En dehors du terrain, nous confrontons nos acquis et nos différences », résume Emmanuel Salles. Le président de la commission sport de la CCAS rappelle qu’ici « c’est avant tout le sport qui nous rassemble. Il y a des vrais matchs et des vraies compétitions ». Et comme toute compétition qui se respecte, quelques râleurs. Les Espagnols se sont distingués par leur remise en cause de l’arbitrage. « C’est comme ça chez nous », sourit un joueur ibérique arrivé dix minutes avant le match contre les Français, « sûr de gagner » et surtout parce qu’il vient tout juste de terminer de manger. Un ami venu l’encourager sur les gradins peste lui aussi contre les arbitres du Sporting Club de Paris avant d’avouer que les joueurs espagnols « sont effectivement fatigués ».
Sur le terrain également, cette rencontre que l’on ne voit nulle part ailleurs : la présence de l’équipe de France de cécifoot. Venus du Havre ou de Paris, les joueurs déficients visuels ont affronté toutes les équipes. « Ils n’ont jamais baissé les bras, même face au jeu des Russes ou des Hongrois », insiste Camille Marcin, le chef de la délégation cécifoot qui salue le partenariat CCAS-Handisport. Pour aller plus loin, Camille proposera même une initiation avec des non-voyants de l’équipe de Saint Mandé. Voilà l’équipe des CMCAS du Nord-Pas-de Calais, les yeux bandés aux prises avec un ballon remplis de grelots et guidée par un coach pour se mouvoir sur le terrain.
Que dire des Nordistes ? Une équipe courageuse et sans complexes face au jeu dominant des Russes ou brouillon des Espagnols. «Un beau parcours, lorsqu’on sait que l’équipe a été formée quatre mois à peine avant le tournoi national. Et ensuite seulement 3 matchs amicaux pour se préparer à la compétition internationale », note Nabil Begar, son capitaine.
Après l’heure des résultats, celui des bilans. Forte de ce premier tournoi à Paris, la CCAS envisage déjà un autre événement du même gabarit pour 2016.
Les résultats
Mercredi 30 septembre :
Espagne : 3 /France cécifoot : 1 ; Hongrie : 1 /France CCAS : 5 ; France CCAS : 1 /Russie : 3
France Cécifoot : 0 /Hongrie : 5
Jeudi 01 octobre :
Espagne : 3 /Russie : 4 ; France CCAS : 4 / France cécifoot : 0 ; Espagne : 2 /Hongrie : 3 ;
France Cécifoot : 1 /Russie : 7
Samedi 03 octobre :
Espagne : 0 /France CCAS : 4 ; Russie : 3 /Hongrie : 1.
Anecdotes
« La première année du tournoi, il y a onze ans, il nous a été difficile de d’atteindre le nombre de joueurs imposé par Atom Sport. J’ai dû jouer avec l’équipe. Mais cela n’était pas suffisant. Alors nous avons demandé à William, notre traducteur, d’arrêter de parler du foot et de s’y coller. C’est comme cela qu’il est devenu attaquant-buteur-traducteur. Du coup, à chaque tournoi, les joueurs le réclament. » La’szlo’ Lo’’rincz, président du syndicat Padosz.
Lors de la visite de Paris avec toutes les équipes, les Russes s’échappent du bus pour aller flâner à pied à Paris. Accompagnés d’Olivier, bénévole venu de la CMCAS de Montpellier, ils veulent rejoindre la tour Eiffel. Olivier traduit en anglais mais aussi en russe « grâce à une application google ». Au passage, il sert aussi de négociateur avec les marchands de tour Eiffel. « Cinq euros, ça fait combien en roubles ? »
13, c’est le nombre de kilomètres parcourus à pieds par les Hongrois bien décidés à monter coûte que coûte sur la tour Eiffel, à longer les Champs Élysées et à grimper les marches de la basilique de Montmartre.