Solaire : éclipse ou renouveau ?

Capteurs solaires © Joseph Marando/ccas

Capteurs solaires © Joseph Marando/CCAS

On le disait mort il y a quatre ans ; et le voici à nouveau au cœur de toutes les attentions. Le solaire photovoltaïque effectue depuis quelques mois son grand retour sur le marché de l’énergie. Comme l’écrivait dans un récent rapport l’Agence internationale de l’énergie « le solaire pourrait représenter 26 % de la production électrique mondiale en 2050 et doubler les énergies fossiles, le vent, l’hydroélectrique et le nucléaire d’ici le milieu du siècle » tout en précisant « si les pouvoirs publics optent pour des politiques claires et fortes ».

La précision est d’importance. C’est en effet la fin du soutien public au photovoltaïque, en particulier en Europe, qui a précipité l’industrie des panneaux solaires dans la crise en 2011. Comme l’écrit la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE) dans un rapport thématique rendu public en septembre 2015, « le déclin du solaire a été aussi brutal que son envolée. L’éclatement de la bulle en 2011 a été précédé par l’arrêt des subventions nationales et européennes, suite à la multiplication des projets spéculatifs dans un contexte de guerre des prix sur les modules ».

L’industrie du photovoltaïque a ainsi connu une sévère restructuration. En ont émergé une demi douzaine d’entreprises, dont les américains First Solar et Sunpower (détenue majoritairement par le pétrolier français Total) et plusieurs entreprises chinoises, qui dominent à présent le marché. L’Europe a été la grande victime de cette crise. Le vieux continent, et plus précisément l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, représentait en 2011 les trois quarts des capacités photovoltaïques mondiales. C’est à présent l’Asie qui compte 60 % des capacités installées, en particulier en Chine, engagée dans une politique offensive de diminution de ses émissions de gaz à effet de serre, au Japon du fait de la sortie du nucléaire annoncée après Fukushima, et en Inde, qui compte arrimer son développement sur le solaire. Le premier ministre indien a ainsi annoncé un plan ambitieux de 100 milliards de dollars visant à doter le pays d’ici 2022 d’une capacité installée de 100 000 MW… soit le tiers de la capacité mondiale actuelle.

La violente crise qu’a traversée l’industrie du solaire s’est aussi accompagnée d’une chute des coûts de production. Fabriqués en très grande série, les panneaux photovoltaïques valent aujourd’hui cinq fois moins cher qu’en 2010. Résultat : le coût de l’électricité solaire a été divisé par deux. Il oscille à présent, d’un pays à l’autre, entre 58 et 87 euros du mégawattheure. Ce coût reste loin en France de la compétitivité face au nucléaire (42 euros du Mwh) mais rivalise dans une quinzaine de pays, au parc électronucléaire moins développé, avec d’autres modes de production d’électricité, même alors que le prix des hydrocarbures est au plus bas. Du reste, la crise de 2011 n’a pas interrompu la croissance mondiale des capacités photovoltaïques. La planète comptait en 2011 70 GW de capacité solaire, un chiffre doublé deux ans plus tard, et qui s’apprête à doubler à nouveau en 2016.

Cette dynamique va-t-elle se poursuivre ? Tout dépendra de deux facteurs. Le premier est l’évolution technologique. La grande fragilité du photovoltaïque reste l’intermittence de sa production, dépendante de la météorologie. Si des percées décisives dans le domaine du stockage de l’électricité venaient à être faites, l’avenir du secteur serait assuré. Le second est le soutien public. Comme l’explique Maria van des Hoeven, directrice exécutive de l’AIE, « le photovoltaïque est à forte intensité capitalistique car toutes les dépenses sont engagées à l’avance. Baisser le coût du capital est donc d’une importance primordiale ». Le secteur privé prendra-il le relai des Etats pour miser sur le solaire parvenu à la maturité technologique ? Tout dépendra en définitive de l’attitude des investisseurs.

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1 Commentaire
  1. cagnet 9 ans Il y a

    L’energie ne manque pas dans notre univers. On ne comprend pas pourquoi on s’acharne à se priver des filaires nucléaires moins inquiétantes que celles développées actuellement. Les énergies dites vertes n’auront d’intérêt que lorsqu’on décidera de stoker l’énergie sous une forme facilement transformable, il n’est même pas nécessaire qu »elle est un bon rendement. Celle que l’on utilise pas immédiatement est rejetée.
    L’hydrogène serait un bon candidat, si les décideurs avaient quelques compétences scientifiques et étaient moins sensibles aux lobélies de l’éolien et du solaire.

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