Le bilan de la COP22, qui réunissait 197 États préoccupés par le réchauffement climatique qui s’est tenue sous l’égide des Nations Unies à Marrakech (Maroc) du 7 au 18 novembre, est ambivalent. Certes, la feuille de route décidée l’an passé lors de la COP21 parisienne, visant à limiter l’élévation des températures à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, reste consensuelle. Mais les engagements, en particulier des États du Nord, tardent à se concrétiser.
La réunion de la COP22 s’annonçait pourtant sous d’excellents auspices. L’accord conclu à Paris lors de la COP21 stipulait qu’il entrerait en vigueur dès que plus de 55 États représentant plus de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) l’auraient ratifié – c’est-à-dire approuvé par la représentation nationale, le plus souvent parlementaire. À la suite d’une intense activité diplomatique, en particulier de la part de la France, ce seuil de ratification a été atteint bien plus tôt que prévu. La ratification en septembre par les deux poids lourds de l’économie mondiale que sont la Chine et les États-Unis, représentant à eux deux plus de 38% des émissions de GES, a eu un puissant effet d’entraînement. L’Australie, l’Italie, le Japon ou encore le Royaume-Uni leur ont emboîté le pas. À ce jour, 111 États, représentant plus de trois quarts des émissions de GES, ont ratifié l’accord de Paris.
Lentes avancées
Cette entrée en vigueur d’une rapidité inédite dans l’histoire des négociations internationales laissait à penser que la COP22 s’inscrirait dans la ligné volontariste de la COP21. Las, son bilan s’avère mitigé. « On avance, mais on avance lentement. On se met d’accord pour régler tous les détails et les règles de l’accord de Paris. Maintenant, on attend des pays qu’ils soient plus ambitieux et beaucoup plus concrets dans leurs annonces, et puis aussi qu’ils aillent plus loin au niveau national », constate Lucile Dufour, du Réseau Action Climat. Il est vrai que la COP22 a vu ses négociations bouleversées par l’élection surprise de Donald Trump, climatosceptique revendiqué et opposant affirmé à toute limitation des émissions de GES, à la présidence des États-Unis.
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L’Afrique, grande perdante
Au chapitre des avancées, notons l’engagement de régler les modalités pratiques de l’accord de Paris dès 2018, avec deux ans d’avance sur le calendrier initial. Ou encore la publication par des pays non négligeables comme le Canada, l’Allemagne ou le Mexique (la France devrait suivre sous peu) de leurs plans stratégiques pour atteindre d’ici à 2050 l’objectif du « zéro net émission » (les émissions de GES du pays étant intégralement compensées par des actions de fixation du carbone, comme la reforestation).
Mais le chapitre des retards est nourri des lenteurs des pays du Nord à dégager les financements pour aider les pays du Sud à faire face aux conséquences du réchauffement. De ce point de vue, le continent africain est le grand perdant de la COP22 puisque aucun engagement ferme n’a été donné pour le financement de la construction de digues, le rehaussement des habitations, ou encore l’installation de systèmes d’alerte météo contre les événements extrêmes, que le réchauffement global va rendre indispensables.
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Inquiets de ces faiblesses de la COP22, les États les plus vulnérables regroupés dans le Forum de la vulnérabilité climatique (48 pays représentant un milliard d’habitants) ont appelé la communauté internationale à renforcer ses actions en faveur de l’adaptation aux conséquences des bouleversements à venir. Le Forum s’est en particulier engagé à atteindre 100% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique des pays qui en sont membres dès 2020, à condition que l’aide internationale soit au rendez-vous. Symbole encourageant : les îles Fidji, au premier lieu concernées par l’élévation du niveau des mers, organiseront la COP23… mais à Bonn, en Allemagne, car le pays, menacé par la montée des eaux, n’est pas en mesure d’assurer la tenue d’un sommet international.
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