Deux techniciens réseaux sont partis de Toulouse pour le cercle polaire. Une expédition en totale autonomie qui les conduira à la rencontre des Samis, peuple autochtone victime du réchauffement climatique.
Dimanche 19 février, 7 heures. Michel Boubekeur, 46 ans, et Romain Dupuy, 28 ans, tous deux techniciens réseau chez Enedis, respectivement à Toulouse et à Gimont (Gers), ont mis cap au Nord, accompagnés de cinq amis. Le convoi a quitté Toulouse, captant tous les regards : deux vans, trois remorques, un pick-up, deux motoneiges, deux traîneaux, deux pulkas – sorte de grands caissons de plus de 4 m – décorées par l’artiste de street art Rezo, et 28 huskys sibériens. « Nous allons effectuer une boucle de 500 km au-dessus du cercle polaire en Norvège, Finlande et Russie, indique Michel Boubekeur. Franchir la frontière russe en traîneaux à chiens, c’est mythique et peu de personnes l’ont fait. »
A la rencontre des Samis
Ils établiront leur camp de base à Inari, en Laponie, au nord de la Finlande. De là, ils feront entre 50 à 70 km par jour, dont 200 km à travers la péninsule de Kola, zone militaire russe radioactive. « Nous devons impérativement rester sur la piste, avec des écarts tolérés de dix mètres de chaque côté, ajoute-t-il. Si on s’en éloigne trop, les militaires peuvent nous tirer dessus sans sommation. » Adrénaline. Ce sportif de l’extrême, adepte de windsurf, de VTT descente et qui aime son métier – un métier « toujours sous tension, où chaque geste doit être maîtrisé » – a besoin de sensations fortes. Mais pas seulement : « Je ne voulais pas d’un projet rien que pour nous. » Ce rêve, il le partage avec six classes de primaire, dont certaines situées dans des quartiers prioritaires.
« On leur a présenté le projet, se souvient avec émotion Michel Boubekeur. Nous leur avons notamment parlé de notre envie de rencontrer les Samis, l’un des derniers peuples autochtones d’Europe, victime du réchauffement climatique. » Persécutés pendant la Seconde Guerre mondiale, les Samis ne sont actuellement plus que 100 000, la majorité d’entre eux continuant à nomadiser. Ils vivent principalement de la pêche, de la chasse et de l’élevage des rennes. Or dans cette régions de lacs, la glace devient de plus en plus fine et cède désormais sous le poids des troupeaux, entraînant des pertes considérables.
Une expédition connectée
Les élèves pourront suivre l’évolution de l’expédition grâce aux signaux qui seront envoyés des colliers connectés dont seront munis deux chiens : ils transmettront quotidiennement la position et la température ambiante, qui devrait se situer autour de -25°, avec des pics pouvant atteindre -40°. Pour s’entraîner à supporter cette température, les aventuriers ont suivi des séances de cryothérapie : trois minutes, torse nu, à -110°. L’un de leurs partenaires, l’équipementier North Face spécialisé dans les vêtements « techniques », les a équipés de vestes prototypes particulièrement résistantes au froid. Au total, 29 partenaires – dont Enedis, qui a offert 5000 euros – se sont mobilisés pour financer cette expédition estimée à 118 000 euros.
Pendant leur voyage, ils réaliseront un documentaire de 52 minutes et un reportage photo qu’ils diffuseront dans les écoles et des festivals. Sur place, le matériel informatique et vidéo pourra fonctionner grâce à l’énergie fournie par des batteries au lithium fixées sur les pulkas et alimentées par des panneaux solaires et une éolienne. La nuit, les membres de l’équipe assureront des tours de garde ; les loups rôdent, ainsi que les ours et les gloutons, espèce d’ours courts sur pattes pouvant s’avérer dangereux.
Depuis le pays des aurores boréales, ils alimenteront leur page Facebook « Tannak Aventures« . Tannak, qui signifie « ici et maintenant » dans la langue des Samis.