Monsieur Roux a été choisi par la CCAS pour animer l’atelier Francos Éduc à Munster, en Alsace. Il explique ce que cette expérience lui a apporté.
Erwan Roux, alias Monsieur Roux sur la scène, a 39 ans. Il est né à Rennes et a sorti trois albums. Il chante en français, des chansons à texte. Guitare en main, tout en jouant quelques notes, il répond aux questions avec son franc-parler inné.
Pourquoi t’es-tu lancé dans la musique ?
J’ai commencé tard. J’ai d’abord été éducateur spécialisé. Mais la guitare m’accompagnait depuis longtemps. Un jour, par hasard, je me suis mis à faire des concerts. Cela a plutôt bien marché, alors j’ai continué.
Pourquoi as-tu choisi le métier d’éducateur spécialisé ?
J’avais envie de changer le monde. Mais plus maintenant.
Comment t’es-tu retrouvé à Munster ?
J’étais au Chantier des Francos il y a quelques années. En parallèle, j’ai rejoint les Francos Éduc. C’est une action menée autour de la chanson française dans des écoles.
As-tu l’impression d’être un éducateur spécialisé avec une guitare ?
Non, pas du tout. Ce n’est pas le même public. J’ai plutôt un rôle d’animateur et de médiateur. Les ateliers proposés ici n’étaient pas une priorité pour les vacanciers. Le plus important était de les mettre en danger. Leur permettre de découvrir le plaisir de la scène. C’est jouissif de chanter devant des gens, de se produire. Je voulais mettre à l’aise et créer du lien.
Quelle est la différence avec les « classes chansons » des Francos Éduc ?
Dans les écoles, on reste une semaine entière et on travaille avec la même classe. On prépare tout en amont avec les instituteurs. Il est alors possible d’initier un travail d’écriture collectif. On peut aussi parler de la chanson française.
Comment t’es-tu préparé à cette expérience ?
Je ne me suis pas préparé. D’ailleurs, je ne prépare jamais rien. Je ne savais pas sur qui j’allais tomber. Ce que j’aime, c’est confronter des gens qui ne se seraient pas rencontrés dans d’autres circonstances.
Penses-tu avoir réussi ta mission ?
Je pense avoir apporté du plaisir à ces personnes. Peut-être que certaines étaient timides. Elles se sont lâchées devant des gens qu’elles ne connaissaient pas. Elles ont chanté avec leur sœur, leur fils, devant leur famille. Chanter rend les gens beaux. Ils sortent de leur zone de confort, de leur vernis social.
Aimerais-tu retenter l’expérience ?
J’aime être dans la création avec des gens. Mais ça demande un peu de temps. Si je retentais une telle expérience, il me faudrait plus de temps. J’ai apprécié l’échange que j’ai eu avec les gens. Une des jeunes filles est venue me voir. Elle ne m’a pas dit grand-chose mais elle était très émue. Je l’étais moi-même.
Quelle relation y a-t-il entre la musique et l’humour ?
Je fais passer mes textes dérangeants ou choquants avec de l’humour. Dans la vie, en général, j’utilise l’humour pour me rassurer. Les gens pourraient se dire « elles sont marrantes tes chansons », alors que ce que j’ai chanté est glauque.
Pourquoi veux-tu te rassurer ?
Quand tu joues dans une salle comme hier, avec un public qui ne te connaît pas, tu as envie de séduire. L’humour est une arme de séduction. Se produire en concert, c’est un peu comme faire l’amour. Des fois, t’as l’impression que c’était super et le public te dit ouais bof. Et parfois t’es en symbiose totale. Je n’ai pas confiance en mes seules chansons pour plaire, alors j’utilise l’humour.
Tags: À la une