En 2018, on fêtera le 65e anniversaire de la Marche pour les droits civiques aux Etats-Unis. Le Festival international du film d’Amiens prend de l’avance et propose du 10 au 16 novembre un cycle de films intitulé « Pourquoi le jazz ? » autour de l’œuvre du saxophoniste Archie Shepp, intimement liée à l’histoire des Afro-Américains.
Pour sa 37e édition (du 10 au 16 novembre), le Festival international du film d’Amiens (Fifam) nous lance un défi : faire le tour du monde en sept documentaires, huit courts métrages et dix longs métrages. Des grands espaces canadiens aux campagnes chinoises, en passant par l’ultra-violente Mexico, l’île de La Réunion, les plaines ukrainiennes gagnées par la guerre et les territoires palestiniens, ce sont des tranches de vie, des passions amoureuses, des combats ou des rêves de jeunesse qui nous sont offerts à travers les cinq continents.
« Le chant des scorpions » de Anup Singh nous mène dans le désert du Rajasthan, où se pratique un art ancestral : guérir les piqûres de scorpions par la magie et le chant. Un art que Nooran, fille d’une tribu du désert Thar, insouciante, fière et indépendante, apprend grâce à sa grand-mère. Mais l’initiation cesse brutalement : la jeune fille, victime d’un viol, ne songe plus qu’à chercher vengeance. Un songe captivant capable de traiter de sujets difficiles sans être larmoyant.
Autre pays, autre histoire : « Jesús », héros du film éponyme de Fernando Guzzoni, ne pense qu’à s’éclater en dansant dans un groupe comme une star de pop coréenne. Sa jeunesse à Santiago du Chili va se trouver bouleversée lorsqu’il est impliqué malgré lui dans un meurtre.
Deux histoires parmi tant d’autres films qui retracent le destin contrarié de héros ordinaires happés par le tourbillon de circonstances extraordinaires.
La compétition officielle sera accompagnée de multiples hommages à des personnalités marquantes du Septième art : Alain Cavalier (« Pater », 2011), Jonathan Demme (« Le Silence des agneaux », 1981), mais aussi Jean Rochefort disparu récemment.
Archie Shepp fait son cinéma
Cette année, le Fifam propose également une section intitulée « Pourquoi le jazz ? », et à travers l’œuvre d’Archie Shepp, légende du free jazz, met en lumière les liens étroits tissés entre cette « musique du diable » (selon l’expression des Blancs dans les années 50) et l’histoire de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. Alors que les lois ségrégationnistes sont encore en vigueur dans de nombreux États américains, la contestation enfle au début des années 60. En 1963, près de 250 000 personnes, emmenées entre autres par le pasteur Martin Luther King convergent vers Washington, afin de réclamer l’abrogation de ces lois : c’est ce que l’on appellera la Marche pour les droits civiques.
Archie Shepp, saxophoniste, poète et dramaturge, compte parmi ceux qui, au début des sixties, ont remis en question les hiérarchies établies de la musique et pris part à ce mouvement qui, sous le nom de « free jazz » ou « new thing » (« nouveau truc » en anglais), appelait à imaginer d’autres façons d’envisager la musique. Le jeune homme en colère trouva dans cette approche qui s’affranchissait des règles traditionnelles un écho à sa propre rage, dans le contexte social tendu de la lutte pour les droits civiques. « Malcolm, Malcolm, Semper Malcolm » (Malcom X, ndlr) titrait l’un des morceaux de son album « Fire Music » en 1965.
Le Fifam nous propose de revisiter l’époque à travers des films tels que « Shadows », de John Cassavetes (1959), dont la bande originale jazzy dialogue à merveille avec le jeu des comédiens ; « Dans la chaleur de la nuit », de Norman Jewison (1967), polar glauque au charme envoûtant dont la musique blues composée par Quincy Jones colle aux chaussures de Sydney Poitier, qui incarne un flic noir dans l’Amérique raciste des présidents Kennedy et Johnson ; ou encore « The sound before the fury » de Lola Frederich (2014), qui, à travers des images d’archives, des entretiens avec Archie Shepp, et des extraits de concert de son big band en 2012, retrace la genèse musicale de son album « Attica Blues » composé en 1972 en hommage aux victimes afro-américaines de la mutinerie de la prison d’Attica (Etat de New-York) un an plus tôt. Une bande son du passé, qui résonne étrangement avec le présent…
Infos pratiques
Festival International du Film d’Amiens, du 10 au 16 novembre 2017
Place Léon Gontier, 80000 AMIENS
Tel : 03 22 71 35 70 – mail : contactilm@festamiens.org
http://www.fifam.fr/
Partenariat Activités Sociales : le partenariat entre le Fifam, la CCAS et la CMCAS de Picardie propose aux bénéficiaires un tarif de 4€ pour chaque séance (hors séances d’ouverture et de clôture), pour l’ensemble des bénéficiaires sur présentation de l’attestation aux caisses du festival.