Électriques et complètement autonomes, les premiers prototypes de taxis volants sont sur le point de décoller. Si des progrès restent à accomplir concernant l’autonomie de vol, on imagine surtout difficilement comment ces appareils pourraient être autorisés à survoler des zones habitées.
On n’en parlait plus depuis des années, et voici que les voitures volantes font leur retour. Mais par la grande porte cette fois. Ce ne sont pas des start-up qui se lancent dans des projets farfelus mais de grandes entreprises comptables de leur recherche et soucieuses de leur réputation, comme Boeing et la Nasa. Même Airbus, dont le projet de taxi volant est l’un des plus avancés, s’est jeté dans l’aventure. Le 14 novembre dernier, le fleuron de l’industrie aéronautique française a dévoilé son prototype : un petit aéronef électrique appelé Vahana.
Ce nom de code renvoie aux montures divines, éléphants volants ou grands oiseaux, qui, dans la mythologie hindoue, emportaient les dieux sur leur dos. L’engin, qui ne pourra quant à lui transporter qu’une seule personne à la fois, a été mis au point au centre d’innovation technologique d’Airbus de la Silicon Valley, en Californie, et entre en phase de test dans l’Oregon. Son premier décollage, initialement prévu en décembre dernier, a été repoussé au premier trimestre 2018. D’après l’équipe en charge de Vahana, les essais au sol et l’allumage des moteurs seraient d’ores et déjà concluants.
Vahana, le futur de la mobilité urbaine (en anglais).
Une autonomie réduite
Grâce à ses huit rotors pivotants, Vahana pourra décoller et atterrir à la verticale depuis des vertiports, à partir de toits d’immeubles ou sur de petits terrains. Totalement autonome, il est équipé de capteurs reliés à un ordinateur de bord, capables de détecter et d’éviter les obstacles qui pourraient se trouver sur sa route. Sa mise en service pourrait avoir lieu dès 2020. Mais les experts sont assez sceptiques sur cette échéance. Beaucoup d’obstacles restent encore à lever, à commencer par le poids de l’appareil, 726 kg, principalement dû aux batteries. On retrouve dans le ciel les mêmes freins que sur terre, où le développement des voitures électriques se heurte au coût, au poids et à l’autonomie des batteries.
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Ainsi, en attendant une rupture technologique prévue pour 2020, les voitures volantes se contentent-elles de batteries électriques 60 fois moins performantes que le carburant fossile. Et si Airbus annonce que ses taxis volants, qu’on pourra réserver avec une appli aussi simplement qu’un Uber, pourront un jour parcourir 100 km sans recharge, pour l’heure, ils peuvent juste survoler une ville comme Paris, d’est en ouest, soit parcourir moins de 20 km. Ce qui peut toutefois répondre à la demande d’une clientèle aisée souhaitant rejoindre un aéroport et éviter les bouchons. L’avionneur estime pour l’instant le prix du kilomètre entre 1,50 et 2,50 euros, soit l’équivalent d’une course en taxi « roulant », les embouteillages en moins.
Pas d’autoroutes au-dessus de nos têtes !
Mais pour cela, il faudrait que la réglementation aérienne change. Et là c’est une autre histoire, on imagine mal la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) autoriser les vols au-dessus des zones habitées. Le bourdonnement de voitures dans le ciel comme dans « Blade Runner » ou « Star Wars », ce n’est pas pour demain, le survol des grandes villes étant interdit au-dessous de 1 500 mètres. Un télescopage entre deux engins aurait des conséquences au sol désastreuses.
Tout comme une panne ou une rupture de pale. En effet, les ailes de Vahana sont trop petites pour lui permettre de planer et d’atterrir en douceur. Enfin, contrairement à un hélicoptère, il ne pourrait pas non plus utiliser l’autorotation, car les pales de ses rotors sont trop courtes. En effet, en cas de difficulté, un hélicoptère peut descendre à la verticale sans moteur, le rotor continuant à tourner, entraîné par les forces aérodynamiques. En cas d’urgence, Vahana pourra toujours déployer son parachute de cellule qui adoucira un peu sa chute. Si toutefois les habitants des villes tolèrent les turbulences et les nuisances sonores liées au décollage de ces appareils. Quand on sait comment les New-Yorkais ont limité les vols touristiques en hélicoptère au-dessus de la ville, ce n’est pas gagné !
Vers une nouvelle piraterie de l’air ?
Mais il y a un autre problème, et pas des moindres : saurons-nous protéger ces taxis volants contre les pirates de l’air ? En effet, ces voitures volantes devront échanger des informations avec le sol, par exemple en cas d’intempéries ou si elles se détournent de leur trajectoire. Comment être sûr que ces échanges seront protégés de toute prise de contrôle ? Des voitures ou des drones ont déjà été victimes de hackers. Plus récemment, des étudiants se sont amusés à détourner le signal GPS d’un yacht de plaisance simplement avec un PC portable et un boîtier. Le bateau a alors changé de cap sans que les instruments de navigation ne donnent l’alarme. Rassurons-nous, les embouteillages dans le ciel, contrairement à ce que les auteurs de science-fiction prédisent, ne sont pas pour demain !
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