« Breizh Armada, Breizh Armada, il est l’heure de se lever ! » Six heures du mat’, je claque des dents, larguez les amarres et vogue la galère. L’Armada quitte Port-Joinville, à l’Île-d’Yeu, et met le cap sur La Rochelle, le plus grand port d’Europe.
Ce matin, nous avons de nouveaux équipiers parmi les participants au festival d’Énergies : Pierre et Yann ont rejoint le Julutin tandis que Thomas a embarqué sur le War ar Mor et Didier sur le Silahe, histoire d’expérimenter la navigation sur de plus petits voiliers. Catherine Le Bec a quitté sans regret le Silahe, et avec Yvonnick Lefevre, Stéphane le Deist, Abel Delhommeau, Joachim Faldi et Patrick Bedu, elle découvre avec plaisir le confort du navire amiral des Activités Sociales : l’Unaniezh. « C’est vraiment agréable de pouvoir tenir debout dans la cabine », s’extasie Stéphane, basé sur le War ar Mor.
Le soleil brille, le temps est beaucoup plus calme que la veille, la température ambiante s’est réchauffée et le vent a faibli. Nous l’avons toujours dans le dos, mais il n’est plus que force 4. Du coup, la navigation est plus confortable. Presque trop pour Vincent, habitué des régates. On ne tarde pas à envoyer le spi (voile rapide). Le bateau file vers La Rochelle (Charente-Maritime). Les autres sont à vue, ils ont pris un peu d’avance mais, aidé par le spi, nous les rattrapons vers midi.Vers 13h, alors que nous pique-niquons sur le cockpit, Pierre sort sa guitare et nous entonnons en chœurs quelques chants de marins. « Tiens bon le cap et tiens bon le flot, Hisse et ho, Santiano… »
Deux heures plus tard, le pont de l’Ile de Ré est en vue. Magistral, l’édifice est long de 3 kilomètres. Nous le franchirons pour rejoindre le port des Minimes à La Rochelle, l’un des plus grands ports de plaisance au monde. À proximité, nous prenons un ris (réduisons la grand-voile) pour ralentir l’allure. Sur la mer, nous observons les zones plus claires : « ces bancs de sables peuvent être dangereux, explique Vincent. Ils se forment spontanément et ne sont pas indiqués sur les cartes ».
Nous nous écartons donc de ces zones à risques, et visons une grue située à l’entrée du port, entre deux piles du pont. « Attention, ça va tanguer un peu quand on passera dessous ! », prévient Vincent. Effectivement, c’est assez impressionnant : aux abords de l’édifice de 10 mètres de hauteur, un effet d’optique nous laisse penser que le mât va toucher le pont… Bien sûr, il n’en est rien (il y a presque 10 mètres de marge) mais tout le monde s’est quand même écarté de l’axe de l’espar (mât) au moment où nous passons dessous.
Un beau geste
Dès le pont franchi, nous abaissons les voiles et attendons les autres embarcations pour entrer ensemble au port. À La Rochelle, l’accueil est royal. La capitainerie nous a réservé un ponton entier afin que les quatre bateaux puissent être rassemblés. Diane Levesque, notre capitaine, a reçu un e-mail fort sympathique lui spécifiant qu’elle nous offrait la gratuité d’escale pour le retour. Un beau geste !
Cerise sur le gâteau, nous sommes attendus par des bénéficiaires de la CMCAS de La Rochelle qui sont venu nous accueillir. Ils nous aident à accoster et, une fois les embarcations solidement amarrées, l’Unaniezh devient le point de ralliement où chacun raconte aux autres le déroulement de sa journée en mer.
Mis à part un tour à la capitainerie pour prendre la météo marine du lendemain et se doucher, nous n’irons que très peu à terre. La journée a été longue ; tout le monde est épuisé. Pierre se met en cuisine et nous concocte un plat de riz au chorizo et aux petits légumes… C’est délicieux même s’il a un peu fait bruler le fond de la marmite (détail qui aura son importance…).
Lave-vaisselle naturel
Autour de la table, les rires fusent. On peut compter sur Diane pour nous régaler de quelques savoureuses histoires, dont elle n’est jamais à court. Avant le dessert, Pierre propose de mettre les poissons à contribution pour nettoyer le fond de la marmite. Une technique de « lave-vaisselle naturel » que Vincent a expérimenté avec succès la veille. Les jeunes se dévouent alors pour aller accrocher la marmite à un bout et la plonger dans l’eau du port…. Quelques instants plus tard, Yann redescend dans la cabine l’air un peu penaud : « Dites, il y a combien de profondeur en dessous ? » Apparemment, ils n’avaient pas été assez attentifs au moment de l’apprentissage des nœuds marins, et le leur a lâché. La marmite est désormais 5 mètres sous l’eau !
« Ce n’est pas grave, je vais plonger pour aller la chercher », lance Pierre. Tout le monde croit à une blague. L’autre Pierre, co-skipper, lui propose une combinaison de plongée : « Chiche ! ». En bonne capitaine, Diane s’enquiert de la sobriété du jeune homme et de ses compétences en plongée ; il est moniteur, et comme il n’a bu que deux verres, elle donne son autorisation. On sort alors les palmes, le tuba et la combinaison… et chacun va chercher sa lampe pour éclairer l’endroit où la marmite a sombré. Nous sommes assez épatés par le courage de Pierre, qui plonge sans rechigner. La température de l’eau dépasse à peine les 10 degrés… Après trois tentatives, il renonce car l’eau est tellement trouble qu’il ne voit pas le fond…. « On a perdu une casserole, je ne voudrais pas perdre un homme ! », lance Diane, lui intimant de remonter. Une chose est sûre, après cette expérience, Pierre a vraiment dû apprécier sa douche à la capitainerie !
Tout l’équipage de l’Unaniezh va se coucher, épuisé mais joyeux à l’idée que l’on reparlera longtemps de cette soirée mémorable. Demain, nous partons de nouveau à l’aube pour l’ultime étape, mais cela n’impressionne presque plus personne. Nous sommes (presque) devenus de vrai marins !
L’équipage de l’Unaniezh
Diane Levesque, capitaine
Pierre le Bihan, co-skipper
Vincent Bebin, co-skipper
Thomas Guiblin, équipier
Yann Le bras, équipier
Pierre Perennes, équipier
Didier Molon, équipier (retraité)
Catherine Le bec, équipière (mercredi et jeudi sur l’Unaniezh)
Yvonnick Lefevre, équipier (mercredi)
Stephane le Deist, équipier (mercredi)
Abel Delhommeau, équipier (mercredi)
Joachim Faldi, équipier (mercredi)
Patrick Bedu, équipier (mercredi)
Bonjour, il y avait un bénéficiaire de la CMCAS de La Rochelle mais aussi une administratrice et un bénéficiaire de la CMCAS d’Angoulême pour accueillir nos Bretons !