Fondatrice de l’association Liberté aux joueuses, Nicole Abar, huit fois championne de France de football, a animé un match-débat lors du festival Entre 2, autour de son dernier né : un babyfoot mixte, pour remettre les femmes au centre du terrain.
Le 6 mars dernier, Nicole Abar a lancé une campagne de crowfunding pour la fabrication de dix baby-foot mixtes, pour attirer l’attention sur la Coupe du monde féminine de football qui se déroule pour la première fois en France. « Quand l’opération sera terminée, nous les revendrons aux enchères et nous reverserons l’argent à des associations. »
Nicole Abar était présente pour la première édition du festival l’Entre 2, organisé par les jeunes bénévoles des neuf CMCAS de la région Aquitaine, le 9 juin dernier à Arès. Dix autres dates sont prévues avec la CCAS, dans les villes hôtes de la Coupe du monde.
Comment se présente cette Coupe de monde féminine, surtout après les beaux scores de l’équipe de France (4-0 face à la Corée du Sud, 2-1 face à la Norvège) ?
Sur le plan de la performance, les Bleues ont livré un beau match, ce qui est important : un match sérieux, parfait pour la confiance, pour l’équipe et pour être en position de force face aux futurs adversaires. Cependant, ne nous emballons pas ! Je reste une technicienne, et j’évite de trop faire parler d’émotion, pour le moment…
Sur l’aspect sociétal, ce match est une révélation pour beaucoup de spectateurs et spectatrices. Au Parc des Princes, c’est simple, le stade était plein ! Et je n’ai vu que joie, enthousiasme et un monde étonnant venant de partout : 45 000 personnes au total, et 15 millions devant leur télévision ou derrière leur poste de radio ! C’était complètement dingue. Imaginez la visibilité et le rayonnement que cela va apporter. J’ai été époustouflée, je m’en réjouis pour les parents et surtout les enfants, filles comme garçons, qui s’inscriront dès l’année prochaine au club de chez eux.
La « féminisation » du foot et sa médiatisation, c’est un moyen de se donner bonne conscience pour certains, ou on accède enfin à l’égalité ?
J’ai envie de dire : à l’époque, il y avait tellement rien de ce côté, que tout paraissait exceptionnel ! Aujourd’hui, la meilleure visibilité des femmes dans les métiers du sport (joueuses, arbitres, commentatrices…) symbolise l’amorce d’un vrai changement. Là, on sera sur de la compétence pure et dure. Non que cela ne soit pas déjà le cas : si les femmes sont là, et sont de plus en plus nombreuses, ce n’est pas uniquement parce qu’elles sont des femmes. Cependant, les choses évoluent doucement. Alors capitalisons sur cet accélérateur qu’offre la Coupe du monde, et ne baissons jamais la garde, car c’est ainsi que l’on régresse.
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Y a-t-il des manières de lutter pour l’égalité meilleures que d’autres ?
« Il faut oser le droit de se révolter ». À partir du moment où il y a vigilance, respect et clairvoyance avec soi-même, sur ses combats et la manière de les mener, je dirai qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais féminisme. Alors oui, certaines actions peuvent heurter. Et même si je prône la non-violence, éveiller les consciences se fait parfois de manière plus frontale. Le but étant l’échange et le mieux vivre ensemble, il faut se questionner sur comment notre société peut et doit accueillir tous ses talents. Dans notre monde actuel, il n’y a rien de pire que l’indifférence et le fait de rester autocentré. L’engagement d’une personne peut entraîner un bel effet papillon.
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