« Poil à la musique », « Mes parents sont bio », « Tout le monde sait faire miaou »… La chanson jeune public s’est invitée chez les familles le 20 février dernier, lors d’un concert en direct, de Pascal Parisot et ses comparses. Proposé par la CCAS dans le cadre d’Un hiver ensemble, ce spectacle en ligne et interactif a enchanté petits et grands.
Comment avez-vous vécu cette expérience d’un concert pour enfants… sans enfants, ni parents, dans la salle ?
Pascal Parisot – J’avais déjà fait quelques concerts comme celui-ci au cours de ces derniers mois mais c’était le premier où je voyais le public grâce à des écrans disposés dans la salle. C’était vraiment sympa d’interagir avec eux. Ça sauve la vie de voir des gens qui vous regardent ! Et de voir des sourires sur les visages.
Comment vous êtes-vous préparé pour ce concert pas comme les autres ?
P.P. – Comme d’habitude ! On s’installe, on joue, on chante, on fait participer le public. Sauf que cette fois, ce n’était pas vraiment un spectacle mais un tour de chants. J’ai gardé les petites étapes participatives habituelles sur certaines chansons qui s’y prêtent, et les enfants ont bien joué le jeu.
Écouter « Chat chat chat »
Comment vivez-vous en tant qu’artiste, durant cette période qui semble sans fin ?
P.P. – C’est très difficile. Beaucoup d’artistes dans la chanson française ne s’en sortent pas. On vit tous la même chose. Ou plutôt, comme on ne vit rien, on est face à quelque chose de très binaire. Mon quotidien ? Je vais à mon studio et je rentre chez moi.
Peut-on toujours vivre de sa seule passion quand on est artiste ?
P.P. – Bien sûr que non ! Vivre de la musique, vivre de l’art, ce n’est déjà pas donné à tout le monde. Avant ou sans le Covid. J’ai pour ma part une chance énorme de vivre de ma musique depuis 23 ans – j’en ai bientôt 58, ma carrière de musicien est faite – mais ça a toujours été compliqué. Je m’en suis plutôt bien sorti, contrairement aux 90 % de celles et ceux qui n’ont pas pu « réussir » à vivre de leur musique.
La culture est à chaque fois le parent pauvre. Alors qu’elle est tellement importante !
Que pensez-vous de la mesure gouvernementale de fermeture des lieux culturels ?
P.P. – Je ne comprends pas cette décision. Il me semble qu’une salle de concert ou un cinéma, ce n’est pas pire qu’un supermarché… On devrait pouvoir rouvrir les musées, rouvrir les théâtres. Je ne comprends pas pourquoi nous sommes quasiment les seuls à souffrir. La culture est à chaque fois le parent pauvre. Alors qu’elle est tellement importante ! Je ne dis pas ça parce que j’en suis un acteur. Tout cela m’échappe…
En attendant, certaines salles, comme l’Apollo théâtre où vous avez joué pour la CCAS, font preuve d’une belle solidarité pour les artistes…
P.P. – Oui, de gros efforts sont réalisés pour nous, et ces salles démontrent ainsi qu’elles existent toujours. Et c’est un acte plutôt politique, parce que personne ne gagne vraiment des sous dans cette histoire. Il n’y a plus de billetterie, c’est plus complexe à mettre en place, et filmer tous les spectacles alourdit encore les budgets.
Quel projet avez-vous aujourd’hui malgré cet avenir incertain ?
P.P. – J’ai eu le malheur – même si ce n’est évidemment pas de ma faute – de sortir un disque juste avant le confinement l’année dernière ! L’album « Tous des chats » a donc eu une existence très, très courte. Mais il va de nouveau être en magasin à partir du 11 mars. J’y tiens beaucoup, parce que j’ai 10 invités, des amis chanteuses et chanteurs, qui ont quand même des noms (tels que Arthur H, Vincent Delerm, La Grande Sophie, Oldelaf, Alexis HK, ndlr). Ça m’a vraiment très chagriné qu’il passe à la trappe. Et est-ce que les médias reparleront d’un truc sorti il y a un an ? On verra bien.
J’ai également repris l’écriture des aventures de SuperChat. Le premier livre-disque est sorti il y a deux ans, et celui-ci devrait paraître en cours d’année. J’ai aussi un autre projet avec l’École des Loisirs qui m’a commandé un roman pour la jeunesse.
- À ÉCOUTER (EN ACCÈS LIBRE)
L’album « Tous des chats » sur la médiathèque
Votre répertoire est éclectique et comporte, donc, une partie pour les plus jeunes. Est-ce plus facile ou plus difficile d’écrire pour les enfants ?
P.P. – Le jour où on m’a proposé d’écrire pour les enfants, il y a plus d’une dizaine d’années, je me suis dit : « Ça va être trop facile ! » Mais en fait, tout dépend du niveau d’exigence qu’on se fixe. On n’est pas obligé d’adhérer à mes chansons et on peut penser qu’elles sont… ce qu’elles sont. En tout cas, je me suis mis le même niveau d’exigence que quand j’écris des chansons pour les adultes. Et croyez-moi, c’est largement aussi compliqué !
« Un concert juste pour nous » : une famille corse témoigne
La famille Linza a vécu le concert de Pascal Parisot chez elle, depuis Ajaccio. Les deux petites filles ont adoré, la maman a chanté.
« L’idée de suivre un concert depuis la maison nous a plu, témoigne Jessica, comptable au centre d’Ajaccio et maman d’Anamaria (7 ans) et de Romane (5 ans). D’habitude, on achète les billets, on sort, on rentre tard. Là, mon mari Laurent a vérifié la connexion, installé un matelas devant l’écran et zou, ça a commencé ! » Pour ce concert, la famille Linza a reçu, comme tous les bénéficiaires, un email de la CCAS quelques jours avant la représentation.
Jessica et Anamaria nous confient qu’elles ne savaient pas trop à quoi s’attendre. Et ont été agréablement surprises par le concept. « On a vécu quelque chose de… particulier ! On a tous déjà vu des concerts à la télé, mais jamais un concert juste pour nous, avec la possibilité de nous voir par moments dans la mosaïque des familles et même de chanter avec les artistes. »
« La culture nous manque terriblement »
Le petit stress d’Anamaria s’est vite envolé, elle qui craignait se retrouver dans une chorégraphie a rapidement répété les refrains des chansons emballantes de Pascal Parisot. « J’ai chanté moi aussi, je chante toujours d’ailleurs » lance Jessica dans un grand rire, avant de préciser que la famille a trouvé les chansons « très rigolotes, avec un second degré très sympa pour les parents ».
L’initiative a donc plu et la famille Linza en redemande. « C’est bienvenu pour nous qui sommes privés de spectacles, et surtout pour les artistes, commente Jessica. C’est bien aussi que la CCAS viennent les soutenir en ce moment. Ils ne peuvent plus faire grand-chose d’autre que ce genre de prestations. » Et si elle concède que c’est « un peu plus frustrant qu’un concert en vrai », ne pas rompre le lien avec la culture est important : « nous sommes privés de sorties, de cinéma, d’expositions, de médiathèque… Ça manque terriblement. Bref, on est tous prêts pour un autre concert à la maison ! »
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