Les jeux coopératifs, les escape games et les jeux de rôle font un tabac en France. À la SLVie de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, les agents des services informatiques et télécoms d’EDF disposent d’un vrai trésor : une ludothèque généreusement dotée.
Dans une petite salle flanquée d’étagères remplies de boîtes de jeux, quatre paires d’yeux fixent la tablette. Le doigt sur l’écran, Matthieu tente désespérément de démarrer le moteur d’une voiture en
faisant tourner une manivelle. Le temps presse : une jeune femme a pris la fuite après avoir dérobé une pierre précieuse d’une valeur inestimable. Matthieu, Cyrille, Guilain et Jean-Benoît n’ont que soixante minutes pour la retrouver. Les idées fusent : il faut être inventif, trouver des combinaisons de cartes, dénicher des indices cachés. Pas de règles écrites à l’avance, pas de stratégie à construire : c’est la magie d’Unlock !, un escape game coopératif d’enquête et de déduction dont le succès ne se dément pas depuis son lancement, il y a quatre ans.
Ce vendredi 1er octobre, à la pause déjeuner, Matthieu Doaré, président de la ludothèque de la SLVie de Nanterre et ingénieur télécoms et cybersécurité, a donc donné rendez-vous à trois collègues – Cyrille Choquet, Guilain Piraux et Jean-Benoît Buratto – pour découvrir la version Legendary Adventures d’Unlock !. Mais aussi pour parler avec nous d’un de leurs passe-temps favoris : le jeu de société. Créée il y a une vingtaine d’années, la ludothèque de la SLVie reprend doucement du service depuis septembre après avoir été mise en veille forcée durant la crise sanitaire. « Nous avons plus de 300 jeux, précise Matthieu. Les agents peuvent bien sûr en emprunter pour jouer chez eux. » Guilain Piraux, également ingénieur en cybersécurité, ne s’en prive pas, lui qui aime jouer entre amis ou avec ses sœurs.
Les jeux de coopération plébiscités
Il y a de quoi s’amuser dans cette petite pièce située au premier sous-sol de la direction des services informatiques et télécoms d’EDF : jeux d’adresse, d’éveil et de mémoire pour les enfants, jeux de stratégie, de conquête, de réflexion, de hasard, de rapidité, de rôle, d’ambiance… Et bien sûr de nombreux jeux de coopération, catégorie la plus plébiscitée par les Français : Le Seigneur des anneaux, Pandemic, Ghost Adventure, The Crew… Bref, il y a dans cette caverne d’Ali Baba version SLVie toute la panoplie qui fait de notre pays le premier marché européen du jeu de société. Avec en prime les jeux les plus populaires de ces dernières années, comme Codenames ou 7 Wonders, lesquels se jouent à deux, et dont les ventes sont montées en flèche pendant le confinement et le couvre-feu. Pour Guilain Piraux et Jean-Benoît Buratto, 7 Wonders, qui fait revivre l’épopée de la construction des Sept Merveilles du monde, fait partie des trois meilleurs jeux de plateau.
Finie l’époque où les jeux de société étaient réservés à quelques initiés. « Avec la médiatisation, l’arrivée des films et des séries, ils sont devenus beaucoup plus accessibles, simples et abordables, explique Matthieu Doaré. De nombreux jeux durent moins de trente minutes, alors qu’avant ils pouvaient durer des heures. » Cette démocratisation s’est accélérée avec le développement de versions en ligne (Pandemic, Les Aventuriers du rail, Risk, etc.), qui permettent de jouer à partir d’un écran, seul ou à plusieurs. Jean-Benoît Buratto insiste, quant à lui, sur la multiplication des jeux collaboratifs qui « favorisent l’intégration des non-joueurs », alors qu’autrefois « les jeux étaient très compétitifs ». « Avec des jeux comme Unlock !, il n’y a pas de notion de gagnant et de perdant », insiste-t-il.
Les loups-garous, stars des colos
Autre tendance marquante : la montée en puissance des jeux de rôle. Quel adolescent, fils ou fille d’agent, n’a jamais joué en colonie de vacances aux Loups-Garous de Thiercelieux, ce jeu qui met en scène des villageois face à des loups-garous ? La fièvre du jeu de rôle n’épargne pas les adultes : Jean-Benoît Buratto en est friand et Cyrille Choquet organise même des sessions en ligne avec des collègues qui vivent dans d’autres régions.
Tombé tout petit dans la grande marmite du jeu, l’architecte informatique n’hésite pas à venir en séminaire d’entreprise avec une boîte de jeu coopératif. « Unlock !, ça marche très bien ! C’est le jeu idéal pour permettre à des personnes qui ne se connaissent pas de se rencontrer. » Le secteur du jeu de société se porte très bien en France. Et même de mieux en mieux : les ventes ont bondi depuis le début de la pandémie, signe que le besoin de lien social ne se tarit pas. La ludothèque de la SLVie de Nanterre a certainement de beaux jours devant elle.
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