Pour sa 34e édition, qui s’est achevée le 31 janvier, le festival angevin a renoué avec son public et récompensé l’audace de jeunes réalisateurs et réalisatrices explorant des sujets délicats comme le non-désir d’enfant et la délinquance.
Le visage rayonnant et la voix remplie d’émotion, Yngvild Sve Flikke saisit le micro sous les applaudissement nourris d’un auditorium de 1 300 personnes quasiment plein. « C’est vraiment fantastique, merci ! », s’écrie en anglais la réalisatrice norvégienne, joignant les mains en signe de gratitude. Avec « Ninjababy », elle vient de remporter le prix Jeanne-Moreau (prix du Public) du meilleur premier long-métrage européen. Un film qui raconte les tribulations d’une jeune femme tombant enceinte alors qu’elle n’a aucun désir d’enfant.
C’est le coup de cœur de Corine Rabeau, une bénéficiaire retraitée habituée du festival, qui a apprécié la manière dont ce sujet délicat et rarement abordé au cinéma a été traité : « sans tabou » et avec « beaucoup d’humour ». Jean-Louis Rimbault, un autre bénéficiaire habitué des lieux, salue également cette « comédie intelligente où on rit franchement ».
Après une édition 2021 tronquée par la crise sanitaire, cette nouvelle édition était très attendue par le public comme par les organisateurs. Et c’est une réussite : des salles quasiment pleines, des avant-premières à guichets fermés… « Le public a répondu présent au-delà de nos espérances », dit en souriant Claude-Éric Poiroux, délégué général du festival. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, explique Véronique Charrat, responsable de l’action culturelle : « Organiser un événement de ce type par temps de Covid, avec toutes ces incertitudes, c’est vraiment très difficile. On est très fiers car on a l’impression d’avoir accompli un ‘miracle’, grâce au soutien de tous nos partenaires. »
Claude-Éric Poiroux, délégué général du festival et Véronique Charrat, responsable de l’action culturelle. ©Charles Crié/CCAS
Le Grand Prix du jury attribué à « Soy libre », un film soutenu par la CCAS
« Cette année, le partenariat avec la CCAS et la CMCAS Anjou-Maine a été mis en place en seulement trois semaines », poursuit Véronique Charrat. Les bénéficiaires ont acheté 264 billets de cinéma sur la billetterie des Activités Sociales. Mardi 25 janvier, à l’invitation de la CCAS et de la CMCAS, une quarantaine de bénéficiaires ont assisté à la projection du film « Soy libre », suivie d’une rencontre avec la réalisatrice, Laure Portier.
Ce documentaire, soutenu par la CCAS et l’Acid, met en scène le dialogue entre une jeune femme (la réalisatrice) et son frère, qui cherche sa voie, entre vols de scooters et rêves d’ailleurs.
« C’est un film étonnant, avec beaucoup de liberté et de charme », analyse Claude-Éric Poiroux. Un objet rare, couronné du Grand Prix du jury dans la sélection Diagonales, sélection qui met en avant des projets particulièrement audacieux et inventifs. « On vient à Premiers Plans pour être surpris, poursuit le délégué général. Quand on entre dans la salle, on ne sait pas ce qu’on va voir, on ne connaît pas le réalisateur, on ne connaît pas les acteurs. »
Avec la participation de la CMCAS, les entrées ne sont vraiment pas chères !
Venue en voisine pour assister à la soirée de clôture, Bénédicte Marin, ancienne salariée d’Engie, aime ce festival, qu’elle fréquente depuis ses années de lycée. « Ici, on peut rencontrer des réalisateurs, des journalistes, des cinéphiles. Et puis, avec la participation de la CMCAS, les entrées ne sont vraiment pas chères ! »
Solenn Lesurtel, agente Enedis à Angers, va moins souvent au cinéma que son amie. « Dans la famille, on est plutôt films américains », précise cette mère de trois enfants, qui vient à Premiers Plans pour s’ouvrir à d’autres univers et vivre quelques moments rares. « Hier, Gérard Depardieu était là. C’est des gens qu’on ne croise pas tous les jours dans la rue ! »
L’enthousiasme de Laure Calamy à la soirée de clôture
À Angers, pas de star système mais des célébrités accessibles. « Jeanne Moreau prenait des pots avec les gens en sortant de la projection », se souvient Claude-Éric Poiroux. En clôture de l’édition 2022, la salle, qui ovationnait quelques minutes plus tôt des réalisateurs et des acteurs inconnus du grand public, accueille la comédienne Laure Calamy, qui présente son tout dernier film, « À plein temps » (le 16 mars sur les écrans).
Dans ce long-métrage d’Éric Gravel, elle incarne Julie, une jeune femme qui se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien ; lorsqu’elle trouve enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports, au risque de la faire sombrer.
Face à l’impressionnant auditorium, la comédienne, sacrée meilleure actrice aux César 2021, s’enflamme : « C’est toute cette solidarité humaine que je trouve magnifique, tout cet amour du cinéma. Être si nombreux à découvrir ce film, c’est quand même quelque chose ! C’est le collectif, quoi ! Il y a quelque chose de très galvanisant, que je trouve magnifique et qu’il faut qu’on préserve à tout prix. »
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