Susciter l’envie d’ouvrir un livre, telle est la mission de Sylvie Vandier. Au cours de sa tournée estivale en Normandie, la conteuse de belles histoires a posé sa biblio-malle, pleine de mots et de merveilles, à la colo CCAS de Granville (Manche).
« Ce carton-là, s’il n’est pas beau, il est précieux et magique. La CCAS l’a envoyé par la poste, spécialement pour vous, ici, à la colo de Granville », explique Rose, la dame à la drôle de coiffure. Sa pyramide de cheveux dressés sur la tête, sertie par une rose en soie, est du plus bel effet. Et c’est peu dire que l’incroyable choucroute subjugue l’auditoire.
« Vous avez de la chance, les enfants ! La malle contient des merveilles, que nous allons découvrir ensemble. »
Dans le carton magique, chacun des enfants a visiblement trouvé son bonheur. La coquine Sofia aime connaître la fin du récit avant de l’avoir commencé. Peu importe, l’essentiel est de trouver du plaisir dans la lecture. ©Pierre Charriau/CCAS
Une vingtaine de petits curieux, âgés de 6 à 8 ans, entourent Rose – alias Sylvie Vandier, comédienne du TéATr’éPROUVète –, et sa malle fantastique… « Moi, ma mission, c’est de vous faire découvrir ces belles histoires, ça vous dit ? », poursuit la conteuse, déballant toutes sortes de livres plus attrayants les uns que les autres. Des albums bien sûr mais aussi des BD et des mangas…
Très vite, un demi-cercle rapproché se forme autour de Rose. Une fois les présentations d’usage faites et les gamins bien installés, assis en tailleur ou affalés sur des coussins, la séance de lecture, ou « sieste littéraire », selon la formule de Rose, peut débuter.
Vivre des aventures par procuration
« Vous savez, je suis très curieuse, alors je voudrais savoir qui aime beaucoup lire et qui déteste », demande Rose. « Moi, je n’aime pas du tout », ose Loane. « Même les mangas ? », l’interroge la conteuse. « J’en prends de temps en temps. » La discussion s’engage. Les BD et autres mangas ont visiblement la cote auprès des jeunes lecteurs.
« Je préfère regarder les dessins », avoue Graham. « Tu as raison. Les illustrations des albums sont très beaux », confirme Rose. « Je n’aime pas trop les romans mais j’adore ‘Mortelle Adèle’ [la série BD de Mr Tan, ndlr] », annonce Ambre. « Je lis toujours la fin avant de commencer le début », lance Sophia.
« Pouvez-vous m’expliquer ce que vous ressentez lorsque vous êtes plongés dans un livre ? », poursuit la curieuse Rose. « J’adore lire et surtout des BD. C’est comme si j’étais dans l’histoire », confie Ruben. « Comme si tu étais toi-même le héros ? », enchaîne la comédienne.
Voyager dans des univers inconnus, vivre de formidables aventures à travers des personnages auxquels on s’identifie, voilà tout l’intérêt de la lecture, quel que soit le genre de livres. « Ça nous amène ailleurs et on peut vivre des tas de choses grâce au récit », renchérit Rose.
Laisser son imagination vagabonder
Après ces fructueux échanges, il est temps pour les enfants de se laisser conter quelques histoires extraordinaires, issues de la dotation livres jeune public 2023. Bercés par la voix puissante de la comédienne, les enfants peuvent laisser libre cours à leur imagination. « Vous pouvez fermer les yeux, si vous le souhaitez, afin de pouvoir mieux imaginer », encourage Rose. En route donc pour une lecture interactive. « En venant ici, j’avais envie de vous parler d’amour. Ça vous intéresse à votre âge de savoir ce qu’est l’amour ? », ajoute-t-elle.
Quel que soit le genre littéraire, le livre reste un ami pour Ruben, 8 ans. Et si en plus, le récit contient de l’action, des animaux et de l’amitié, avec un brin de méchanceté, là c’est l’idéal. ©Pierre Charriau/CCAS
Des récits où il est question d’amour et d’amitié, de norme et de différence, de monstres et de gros mots, les petits en raffolent. Décidément, Rose sait captiver son auditoire. Si les livres ont vocation à éveiller la curiosité des gamins, ils ambitionnent également de traiter les préoccupations sociétales du moment. « Ces enfants ont la chance d’avoir accès à des livres dans leur colo. Et des récits qui, année après année, leur parlent des choses du monde », constate la comédienne.
« C’est parce que les gamins ont des problèmes avec la lecture, qu’ils n’aiment pas les livres »
Sylvie Vandier, comédienne.
Avoir à disposition des tas de livres et une grande personne comme Rose qui donne envie lire, voilà la colo rêvée, selon Ambre, qui a pour héroïne Mortelle Adèle. ©Pierre Charriau/CCAS
Pour terminer, Rose invite à une lecture partagée. Ce sont les enfants qui, tour à tour, lisent un passage de l’album. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, chacun se prête au jeu ; y compris les pseudo-réfractaires à la lecture. « À l’âge de 6 ou 8 ans, les gamins sont encore attirés par la lecture. Le problème réside plutôt dans la difficulté à lire. C’est parce qu’ils ont des problèmes avec la lecture qu’ils n’aiment pas les livres », analyse Sylvie Vandier.
Ruben, 8 ans, a adoré l’animation de Rose, qui lui rappelle avec bonheur les lectures sérotinales d’Émilie, sa maman. « J’ai plaisir à lire. Le livre est un ami, surtout si je m’ennuie. Ça me détend, raconte-t-il. Et y’a toujours des livres dans les colos. » Lui qui « préfère les récits où il y de l’action, des animaux, de l’amitié mais aussi un peu de méchanceté, sinon c’est ennuyeux », dévore justement un tome de la série « Les Royaumes de feu », une histoire de dragons, trouvé à la colo de Granville. Simon, 8 ans, passionné de dinosaures, adore lui aussi lire car il « apprend beaucoup de choses, même dans des histoires qui n’existent pas ».
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