Corse : un quinquennat de débats sur les drames et les richesses de la Méditerranée

Association Per a Pace. Journée de lancement du projet Mère méditerranée, à l'initiative de l'UT Corse CMCAS-CCAS, juillet 2023.

L’association Per a Pace lors de la journée de lancement du projet Mère méditerranée, à l’initiative de l’UT Corse CMCAS-CCAS, en juillet 2023.

Cet été, en partenariat avec l’association Per a Pace, le conseil d’administration de l’Union territoriale Corse CMCAS-CCAS a lancé l’initiative citoyenne Mère Méditerranée. Un cycle de débats qui doit durer cinq ans, où il sera question des migrations, d’énergie ou de la gestion de l’eau, tous enjeux « porteurs de drames et de richesses », à partir des expériences des associations de terrain.

À l’origine du projet, une indignation du conseil d’administration de la CMCAS Corse : « Nous avons été effarés par les moyens colossaux mis en œuvre pour porter secours aux personnes parties visiter l’épave du « Titanic », le tout relayé par les médias de masse, alors que, dans le même temps, en mer Méditerranée, des enfants et des mères se sont noyés dans le silence, explique Michel Fazzini, président de l’organisme. Nous avons décidé de rétablir les degrés de priorité d’humanité entre ces événements, en nous appuyant sur des gens de terrain qui nous apportent la véracité des faits et leur expertise. »

Mère Méditerranée : un projet porteur d’espoir

Présents lors du lancement du projet Mère méditerranée, des associations telles que Corsica Palestine, SOS Méditerranée, le Secours populaire, Utopia reseau droits paysans, ont en effet pu échanger avec les bénéficiaires en vacances à Marinca. Afin d’éveiller les consciences sans se limiter à dénoncer les drames et autres exactions.

« Les électriciens et gaziers portent autre chose que des vacances où on mange, on dort, on boit et on bronze, résume Michel Fazzini. Dans les Activités Sociales, on n’a pas toutes les solutions, mais on a un rôle : créer les conditions du débat, à partir de sources fiables, et en ressortir avec des idées, pour que la Méditerranée soit encore plus belle demain. »

« Merci à la CCAS de nous ouvrir les yeux. »
Alain, bénéficiaire de la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne

Journée de lancement du projet Mère méditerranée, à l'initiative de l'UT Corse CMCAS-CCAS, juillet 2023.

Parmi les associations présentes, l’association locale Utopia Droits paisani échange avec les bénéficiaires. ©Stéphane Sisco/CCAS

De la danse, des chants polyphoniques, des expositions, des films et des débats : la journée du 24 juillet a suscité autant de curiosité que de réactions chez les participants. Ainsi, Alain, bénéficiaire de la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne, a été particulièrement ému par le sujet. « Cette initiative nous permet de faire des rencontres que l’on ne fait pas dans la vie de tous les jours. Merci à la CCAS de nous ouvrir les yeux. Je veux voir le résultat dans cinq ans ! » Pour Marina, bénéficiaire de la CMCAS Finistère-Morbihan, c’est un retour à la réalité. « Une réalité à laquelle on ne pense pas forcément en vacances. Et c’est bien ! Cependant, sur la durée et la réussite du projet, je demande à voir. »

Un doute presque dissipé lors de la projection du dernier film en soirée, « Un paese di Calabria », documentaire réalisé par Shu Aiello (présente pour le débat qui a suivi) et Catherine Catella, en 2016. Ce film retrace l’histoire d’un village du sud de l’Italie qui revit grâce à l’accueil et à l’intégration de migrants kurdes. Un message d’espoir pour notre humanité.

« Une mer à la fois nourricière et dévoratrice »

Selon Jacques Casamarta, membre de l’association Per a Pace (Pour la paix), il s’agit d’anticiper l’avenir d’une île à la position stratégique, tant prisée par les touristes, et qui sera peut-être, dans un futur proche, le point de chute de migrants. « Il faut s’y préparer. En s’appuyant sur l’histoire de la Corse, qui est une terre de métissage, et [sur celle] de la mer Méditerranée, qui a été l’espace de grandes civilisations à travers les siècles, et est devenue une fosse commune. Nous partons pour cinq ans de coopération, où nous allons aborder des sujets de société qui nous touchent et qui nous relient. Le sud de l’Europe a une parole politique à porter en opposition à une Europe du Nord qui se bunkérise », analyse-t-il.

« Depuis des millénaires, cette mer n’est pas une frontière mais un lien entre les peuples. »
Michel Fazzini, président de l’UT Corse CMCAS-CCAS

Journée de lancement du projet Mère méditerranée, à l'initiative de l'UT Corse CMCAS-CCAS, juillet 2023.

En plein dans leur mission d’éducation populaire, les Activités Sociales arment les jeunes pour débattre des enjeux de société. ©Stéphane Sisco/CCAS

Une gageure à la hauteur de cette île aux nombreux paradoxes, que les différentes prises de parole ont mis en exergue. « Une île où le droit d’asile n’existe pas », pointera ainsi André Pacou, représentant de la Ligue des droits de l’Homme. Une île qui n’échappe pas non plus au phénomène de la peur de l’autre. Pourtant, comme le rappelle Michel Fazzini, « depuis des millénaires, cette mer n’est pas une frontière mais un lien entre les peuples. Aujourd’hui, nous, électriciens et gaziers, nous ne pouvons rester insensibles à cette dualité d’une mer à la fois nourricière et dévoratrice. Aussi, si le cœur du projet reste les phénomènes migratoires, l’idée de ce marathon qui s’inscrit dans la durée, c’est aussi d’organiser toute l’année des événements autour de thèmes aussi variés que la faune, la flore, l’écologie, l’énergie ou encore les ressources en eau. Et de montrer les richesses naturelles et humaines que possède [l’île]. »

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