Il est le bassiste des Fatals Picards, groupe rock n’drôle qui a représenté la France à l’Eurovision en 2007. Yves Giraud a découvert sa vocation de musicien lors des colos musicales de la CCAS, avant d’intervenir puis d’encadrer lui-même les jeunes.
Quelle est votre histoire avec les colos de la CCAS ?
Yves Giraud – J’ai grandi dans un petit village à côté d’une forêt, à une dizaine de kilomètres de Nevers, et, même si j’adorais faire du vélo-cross ou aller pêcher, l’été, j’attendais avec impatience de partir en colo pour voir autre chose que la campagne.
Ma première, c’était en 1982 à Contis, dans les Landes, j’avais 5 ans et demi. Mon père qui était gazier, m’avait convoyé jusqu’au centre.
Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ?
Mon père grattait. Durant sa formation à l’école de métiers de Saint-Étienne-de-Montluc [Loire-Atlantique], il avait profité de la mise à disposition d’un studio de répétition pour enregistrer avec ses collègues deux disques de reprises. C’était une grande fierté pour moi à l’époque.
Un de mes oncles jouait également dans les bals. Il avait une Gibson électrique qui me fascinait. Elle avait l’air de sonner beaucoup plus fort que ma guitare acoustique. J’ai donc commencé la guitare classique à l’âge de 5 ans. À 12 ans, j’ai enfin pu passer à l’électrique et je l’ai emmenée avec moi en Corse.
En 1991, je me suis retrouvé dans un séjour « Comédie musicale », à Willer-sur-Thur [Haut-Rhin]. C’était mon troisième choix, après le karting et le moto-cross… Je suis retourné à la même colo l’année suivante et j’y ai fait la connaissance de mon père spirituel, Xavier Lacouture. C’est lui qui m’a recommandé le séjour « Paroles et Musique » à La Durie [Loire], où je suis allé ensuite.
Il m’a convaincu que je pourrais faire de ma passion mon métier. C’était aussi le début des enregistrements par ordinateur. J’étais assez réfractaire à l’informatique. Mais voir concrètement ce que cela permettait en termes d’arrangements m’a fait changer d’avis.
Dans un ciel de Premier Mai, extrait de l’album « Espèces menacées », 2019. Source : Fatals Picards/Youtube
La tournée des colos « Paroles et Musique » dans les autres centres a-t-elle été l’occasion de faire vos premières scènes ?
J’avais déjà joué plusieurs fois en public au collège, mais là, c’était toute une aventure. Installer le matos, faire les balances, ça saoulait un peu les autres, mais moi, j’adorais ça. J’arrivais à les motiver et à les convaincre que, si on faisait ça sérieusement, on avait du temps pour aller se préparer pour le concert. Et, du coup, on pouvait aussi répéter les morceaux et les peaufiner.
Au retour de ces différentes colos, vous avez parlé avec vos parents de votre envie de travailler dans la musique ?
Oui, mais leur réaction a été : « Dans un premier temps, tu vas déjà aller jusqu’au bac. » J’ai donc choisi un cursus électronique en me disant que je pourrais toujours réparer mes amplis et mes pédales d’effets. On commençait à voir dans les magazines musicaux des publicités pour les écoles d’ingénieurs du son et de techniciens audiovisuels. Je suis parvenu à convaincre mes parents de me permettre d’en intégrer une, à Montreuil [Seine-Saint-Denis].
Je logeais à Paris juste au-dessus du Studio Davout. Ils ne m’ont pas pris en stage pour autant ! J’ai réussi à en décrocher un dans une boîte de vidéo, tout en continuant à répéter avec des groupes ou à participer à des sessions de studio, en tant que guitariste et bassiste. Et je retournais jouer le week-end dans des bals à Nevers ou dans un groupe de reggae avec mon frère.
« Quand bien même je ne savais pas trop ce que je faisais là, j’étais payé pour faire de la musique et pour procurer du plaisir à des gens. Et surtout, je n’étais pas à l’usine en train de réparer des lave-vaisselle ! »
Et à Paris, vous avez retrouvé Xavier Lacouture…
Oui, pour lequel je me suis mis à travailler en tant qu’ingé son. Il m’a surtout recruté en 2002 comme intervenant musical pour la colo « Paroles et musique » de Morainvilliers-Bures [Yvelines].
J’ai lâché mon boulot en CDI, qui ne me passionnait pas vraiment, et j’en ai profité pour devenir intermittent du spectacle en tant que musicien. J’ai participé à différents projets et je me faisais des cachets en travaillant les week-ends avec un gros orchestre de bal.
En 2005, lorsque ce contrat s’est arrêté, j’ai répondu à une annonce des Fatals Picards, qui recherchaient un nouveau bassiste. Contrairement aux autres membres du groupe, qui sont arrivés un peu par hasard à la musique, j’avais envie de faire ça depuis tout petit.
C’est grâce aux colos que la lumière s’était allumée et c’est là que j’ai su que je me donnerais les moyens d’y parvenir. Quitte à faire des années de bals en reprenant du Clo-Clo ou du Goldman… Quand bien même je ne savais pas trop ce que je faisais là, j’étais payé pour faire de la musique et pour procurer du plaisir à des gens. Et surtout, je n’étais pas à l’usine en train de réparer des lave-vaisselle !
Vous avez passé le Bafa à 17 ans. Devenir animateur après avoir été colon, c’était une évidence pour vous ?
J’ai commencé par les centres aérés et j’ai dû attendre mes 18 ans pour travailler pour la CCAS. Mais j’ai toujours aimé partager ma passion : au lycée, je donnais des cours de guitare aux copains. Avant de trouver la stabilité avec les Fatals, j’ai continué. J’en donne encore pour le plaisir et à des gens de tous âges. J’en ai besoin, c’est en apprenant aux autres que tu évolues. C’est toujours un grand bonheur de transmettre. Et puis, à propos de bonheur, je n’oublie pas que c’est durant cette colo musicale de Willer-sur-Thur que j’ai connu mon premier amour, celle qui est devenue la femme de ma vie vingt années plus tard !
Ils sont passés par la CCAS : Thomas Faure (Electro Deluxe) et Xavier Lacouture
Thomas Faure, musicien du groupe Electro Deluxe, et Xavier Lacouture, auteur compositeur, connaissent bien la CCAS, et nous racontent leur longue histoire d’amour avec les colos « Paroles et Musiques » des Activités Sociales. Journaliste : Tiffany Princep Sarnicki. Images : Pôle audiovisuel CCAS, 2016.