Du 11 au 13 septembre, le salon Le livre sur la place de Nancy inaugure la « rentrée » littéraire avec trois jours de rencontres, débats, forums et autres causeries scientifiques. En marge de cette 37e édition, la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne a convié ses bénéficiaires à une soirée lecture inédite.
Ambiance été indien vendredi 11 septembre pour la première soirée du Livre sur la place. Les terrasses de la place Stanislas et des ruelles alentour sont animées. Mais dans la journée, le public converge surtout vers le chapiteau de la place de la Carrière. Là où il pourra rencontrer ses auteurs favoris se prêtant à l’exercice de la dédicace ; cette année environ 500 auteurs sont présents. Le public vient de Nancy et du grand est (on entend beaucoup parler allemand) mais aussi de Belgique, du Luxembourg et de Paris (à 1h40 de TGV).
Le Livre sur la place, c’est une véritable fête du livre pour tous les âges qui essaime dans toute l’agglomération. Une manifestation entièrement gratuite, qui draine chaque année presqu’autant de visiteurs que son homologue parisien (payant). A cette occasion, des écrivains se rendent dans les écoles, les hôpitaux, les maisons de retraite ou même dans les halls d’entrée de certains immeubles transformés en bibliothèque. Tout semble fait pour éviter l’entre-soi. Et favoriser la rencontre avec le livre ou son auteur.
Samedi matin, parmi la dizaine de propositions au programme, celle de l’auteur Jerôme Garcin. Sous le chapiteau de toile, une audience de tous âges l’interroge sur son travail et son dernier roman Le Voyant* « Je me rends compte que je n’aime écrire que sur des destins brefs, explique-t-il. Je ne supporte pas l’oubli. Des disparitions précoces, comme celle de mon frère, m’ont fait souffrir (…) Lorsque j’ai découvert l’histoire de Jacques Lusseyran, aveugle à 8 ans, résistant à 17 ans, et grand écrivain, et que j’ai décidé de raconter sa vie, personne ne le connaissait. Mon bonheur, c’est d’avoir rencontré cette histoire, d’avoir contribué à faire connaître sa vie et ses livres, magnifiques. »
Autre lieu, autres questions, les salons de la Préfecture. Un débat sur les littératures européennes, leurs influences et leurs contradictions y rassemble Agata Tuszynska, auteur polonaise, le Français Mathias Enard, Sasa Stanisic, écrivain bosniaque écrivant en allemand et Goran Petrovic, écrivain serbe. Pour ce dernier, nous vivons dans un monde de fausse opulence. « On a jamais eu autant de choix mais c’est une substitution pour un manque. La littérature, dans laquelle écriture et lecture sont liées, est peut-être la dernière discipline intime qui nous reste. C’est avant tout un voyage en soi-même. (…) »
A 15 h, au Muséum aquarium, une causerie scientifique sous l’égide du directeur de l’université populaire de Lorraine, Didier Francfort, déboulonne quelques idées reçues sur les différences culturelles alimentaires. Y-a-t-il des frontières culturelles dans les habitudes alimentaires ? Pas autant que cela. Il est d’ailleurs très difficile de trouver l’origine d’un plat. « On peut retracer des itinéraires culturels mais il y a tellement d’échanges et d’interaction depuis si longtemps qu’être sûr de l’origine est trop difficile. » Exemples : « le bagel, prétendu typiquement new-yorkais, qui vient notamment d’Europe centrale ; le couscous royal qui n’existe pas au Maroc ; ni la sauce bolognaise à Bologne, etc ». Heureusement que le macaron, lui, est bien de Nancy…
Un programme tout aussi riche pour la journée du dimanche. Challenge pour les uns, jeu pour les autres que ce rendez-vous de 11 h, au Muséum aquarium. On fait la queue pour la dictée lue par Daniel Picouly, président du Livre sur la Place. Durée : 30 minutes. Seules 180 personnes sont autorisées à participer (par ordre d’arrivée). Feuilles et stylos fournis. Parmi la vingtaine de d’autres propositions possibles, le Palais du Gouvernement propose à la même heure une rencontre avec Yasmina Khadra. L’auteur de la trilogie Les hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les sirènes de Bagdad traduit dans 42 pays, était à Nancy avec son tout nouveau roman La dernière nuit du Raïs. Juste après, à 12 h, l’Hôtel de ville accueille le philosophe André Comte-Sponville autour de son dernier ouvrage C’est chose tendre que la vie. A 16 h, à la préfecture, Franz-Olivier Giesbert s’interrogeait sur le traitement qu’infligent les humains aux animaux. Il vient d’écrire : L’animal est une personne. Entièrement d’accord.
*Devenu aveugle à l’âge de huit ans, Jacques Lusseyran (1924-1971) rejoint en 1943 le groupe Défense de la France et crée Le Tigre, journal distribué clandestinement dans les boîtes à lettres. Il est arrêté et déporté à Buchenwald en 1944. Après la guerre, empêché d’enseigner par la loi française, il devient professeur de littérature aux États-Unis. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages autobiographiques, parmi lesquels Et la lumière fut, Le Silence des hommes et La lumière dans les ténèbres.
Apéritif littéraire. Vendredi 11, la CMCAS Lorraine Sud Haute-Marne organisait une soirée dédiée au livre et à la lecture à la CCAM de Vandoeuvre-lès-Nancy (54). Une visite de l’exposition sur la lecture en compagnie de l’écrivain Vincent Roy, des récitals de poésie et lectures littéraires par l’auteur Timothée Laine constituaient les temps forts de cette rencontre à laquelle trente-cinq bénéficiaires de la région ont participé. «Nous avons lancé une démarche de partenariat avec le salon cette année qui se traduit par cette action en marge du festival, estimait Sébastien Germain, président de la CMCAS. Si celle-ci s’avère concluante auprès de nos bénéficiaires, nous la rééditerons l’année prochaine. C’est un premier contact et nous espérons pouvoir développer le partenariat.» |
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