L’artiste Abd Al Malik organise un concert exceptionnel à Paris le 28 février. Il met en scène sa rencontre littéraire et philosophique avec Albert Camus dans un spectacle mêlant musique classique, rap, danse et littérature, à la Salle Pleyel.
« J’avais lu, quelques mois plus tôt, « L’Étranger » […] Camus, rayonnait tout entier dans mon cœur […]. Je venais de le rencontrer, et je m’apprêtais à tout lire de celui qui avait grandi là où je grandissais, et vécu ce que j’allais vivre. » Dans son nouveau livre, « Camus, l’art de la révolte », Abd Al Malik rend hommage à l’un des plus grands hommes de la littérature française du XXe siècle. Textes de rap, citations de Camus, lettres ou encore témoignages… le slameur fait un mélange des genres assez original. On ne peut s’empêcher d’entendre les voix de Malik-Camus au fil de la lecture. Mais le livre n’est pas qu’un simple hommage. C’est une ode à la littérature qui bouleverse, qui change une vie, qui fait découvrir le monde.
« Camus est un miroir et je m’y regarde »
Abd Al Malik explique comment « sa rencontre » avec « l’Étranger » changera sa vie à jamais. L’identification entre le rappeur et l’écrivain est totale. Régis Fayette-Mikano, alias Abd Al Malik, naît dans une « famille pauvre parmi les pauvres », comme Camus. Il se reconnaît dans son histoire, son combat. Depuis qu’il l’a découvert à l’âge de 12 ans, l’auteur de « la Chute » est tous les jours dans les pensées du jeune Régis. « Je voyais déjà Camus comme un grand de ma cité. Un de ceux qui traînent au bas de l’immeuble. Pas ces autres, débraillés, qui vendent de la drogue, braquent des banques ou fument du shit tous les jours en vociférant. Non, il est de ceux assis juste à côté d’eux, et dont la sagesse en impose. Silencieux, leurs mots sont pesés, leurs gestes réfléchis. Chacun de leurs actes est un de ces diamants bruts qui irradient les halls, rythment les après-midi trop longs à attendre on ne sait quoi. Sans le comprendre tout de suite, ce sont ces grands frères-là qui nous bouleversent profondément, au fur et à mesure, et à tout jamais. » Si les mots d’Albert Camus résonnent en Abd Al Malik depuis sa jeunesse, le rappeur ne fera une référence explicite à son œuvre que tardivement, par peur d’ »être incompris ».
Un même combat pour « l’amour et l’unité »
Abd Al Malik n’est pas qu’un simple rappeur, écrivain et réalisateur. C’est aussi un homme qui défend des valeurs. Les mêmes que Camus. Amour, fraternité, tolérance, il veut redonner espoir à cette « République de France » qui souffre et qui se déchire : « Je suis convaincu que, sous l’impulsion de figures intellectuelles et culturelles fédératrices comme Camus, il nous est possible de reconstituer une communauté nationale harmonieuse, riche de son histoire et de sa diversité. Il s’agit de comprendre que les bornes républicaines et laïques ne sont pas là pour séparer, mais pour nous rassembler tous, avec nos différences, sous une même bannière de solidarité, d’intelligence et d’humanité. »
Un hommage en musique, et plus… « L’Art et la Révolte » a déjà été présenté au Grand Théâtre de Provence, à Aix-en-Provence. Ce spectacle est à l’initiative de Dominique Bluzet. Rap, musique classique, théâtre, poésie, danse… toutes les formes artistiques sont mélangées. L’artiste souhaite présenter le texte de jeunesse de Camus, « L’Envers et l’Endroit », publié à Alger en 1937. La soirée « Abd Al Malik rencontre Camus » aura lieu le 28 février à la Salle Pleyel. |