Santé, jeunesse, mutuelle, sport et loisirs, cantines… Après une première réunion en janvier 1947, les membres du CCOS nouvellement élu définissent les départements des œuvres sociales. C’est le deuxième épisode de notre chronique du CCOS : l’an I des Activités Sociales de l’énergie.
Six semaines après leur première réunion, les administrateurs du CCOS se retrouvent dans l’après-midi du 3 avril 1947 pour la seconde fois de l’année. La quasi-totalité des administrateurs est présente, y compris la plupart des suppléants. Seuls trois d’entre eux sont absents sans que nous sachions pourquoi. Dans les jours qui suivent cette réunion, Marcel Paul adresse un courrier à Roger Gaspard, directeur général adjoint d’EDF, et l’informe que le CCOS vient de créer six départements pour réaliser sa mission : santé ; jeunesse, sport, loisirs ; mutuelle solidarité ; coopératives ; cantines ; activités de plein air.
Les pouvoirs de gestion les plus étendus
Un premier échange porte sur les pouvoirs du Conseil central des œuvres sociales. En qualité de président de l’organisme, Marcel Paul rend compte des différentes démarches entreprises « pour connaître les pouvoirs légaux » du CCOS. Il donne, entre autres, lecture d’une consultation du comité juridique d’Électricité de France qui « reconnaît au Conseil central les pouvoirs les plus étendus pour administrer le budget d’amélioration des œuvres sociales à constituer en conformité des dispositions de l’article 25 paragraphe I du statut national du personnel des Industries Électrique et Gazière ».
Dans la foulée, une commission de contrôle financier est mise en place. Robert Tanguy est désigné trésorier. Le CCOS adopte également le principe que la gestion financière soit soumise à un ou plusieurs experts officiels ayant qualité de commissaire aux comptes.
Première préoccupation : la jeunesse
Mais le sujet principal est ailleurs. La volonté d’organiser les œuvres sociales domine le reste de la discussion. Une lecture attentive du procès-verbal de la réunion nous montre l’intention des administrateurs d’agir rapidement. La priorité demeure – comme nous l’avons vu dans le premier volet de cette série – d’organiser les premières colonies de vacances : « En raison de la proximité des grandes vacances, l’organisation du département Jeunesse, sports et loisirs se situe au premier plan des préoccupations » du CCOS. L’ambition explicitement affirmée est de permettre à « tous les enfants d’agents d’EDF ou de GDF, âgés de 6 à 14 ans, de bénéficier d’un mois de vacances ». Nous y reviendrons dans un prochain article de cette chronique.
Vers une coopérative centrale
Cette détermination à avancer promptement conduit les administrateurs à être pragmatiques. Le CCOS accepte ainsi, « à titre provisoire », de continuer « les errements du passé (sic) en matière d’octroi de secours ou de prêts en cas de sinistre ou de grands malheurs » pour pallier des situations de détresse précises dans l’attente de la mise en place des caisses mutuelles complémentaires. Cette dénonciation du paternalisme patronal est aussi un moyen de rappeler ce que doit être la gestion ouvrière, au plan national comme au plan local.
Cette façon de considérer avant tout la réussite de son action en faveur des électriciens et gaziers et de leurs familles, plutôt que de se soucier de certaines considérations théoriques ou idéologiques, ne doit pas laisser penser que les administrateurs du CCOS ignorent d’où ils viennent. Comme le montre le projet de créer une « coopérative centrale », les œuvres sociales des IEG s’inscrivent pleinement dans la tradition du mouvement social de l’économie sociale. En reprenant à son compte une tradition aujourd’hui méconnue – celles des coopératives de consommation qui ont été un élément structurant de la vie quotidienne des classes populaires, aussi bien en milieu urbain que rural –, les administrateurs affirment leur volonté de permettre aux électriciens et gaziers d’accéder à des produits ou des biens de consommation de première nécessité au meilleur prix.
Une proposition corollaire est discutée à la fin de la réunion ; celle d’organiser des cantines « subventionnées par EDF et GDF qui prendront à leur charge une quote-part, dont le montant sera ultérieurement fixé, des frais de repas des usagers ».
Cinq heures plus tard, la séance est levée, « l’ensemble des dispositions qui précèdent ayant reçu l’approbation unanime du Conseil central ».