Dans ce pays où une large partie de la population reste privée d’électricité, l’État et l’entreprise nationale, la SBEE, tentent d’améliorer l’accès au réseau.
A Cotonou, la capitale économique du Bénin, il y a ceux qui ont un compteur, ceux qui se branchent sur celui du voisin et il y a les autres. Avoir l’électricité n’est pas à la portée de tout le monde. « Le branchement d’un compteur prépayé était auparavant de 220000 francs CFA [335 euros] », précise Séraphin Ogouchi, secrétaire général de Syntra (1), principal syndicat à la Société béninoise d’énergie électrique, la SBEE (2). « Le gouvernement l’a fait passer à 150000, puis à 100000 [152 euros] ». Soit tout de même plus de trois fois le salaire minimum brut mensuel. La SBEE, spécialisée dans la distribution en milieu urbain, compte aujourd’hui 500000 abonnés pour 10 millions d’habitants. Le prix du kWh et de l’abonnement et la solvabilité des Béninois ne sont pas les seuls obstacles à l’extension de la couverture électrique. « Le problème, c’est que nous avons un vieux réseau, ce qui nous empêche d’atteindre la majorité de la population urbaine », regrette Séraphin Ogouchi. « Il faut que tout le monde ait accès à l’énergie. On ne peut pas favoriser une partie de la population et laisser l’autre dans la galère. »
Dans les zones rurales, le chantier est également considérable. (Lire notre reportage sur un projet d’Électriciens sans frontières). C’est l’État qui a pris la main à travers l’Agence béninoise d’électrification rurale et de maîtrise de l’énergie (Aberme). Celle-ci organise le raccordement des localités au réseau conventionnel grâce à des projets négociés avec des partenaires financiers. L’Aberme a commencé par les communes (villes) avant de s’attaquer aux arrondissements (villages). « Aujourd’hui, la totalité des 77 communes sont électrifiées. Et sur les 546 arrondissements, 438 ont pu l’être », assure Charles Yaovi Koumaple, directeur général de l’Aberme. Mais en vertu des textes qui régissent le secteur, l’agence béninoise ne peut raccorder un village qui se situe à plus de 20 km du réseau conventionnel. Or, beaucoup de villages sont dans ce cas. Les ONG tentent alors de prendre le relais. C’est le cas d’Électriciens sans frontières qui, associés à l’association locale ABS ONG, viennent d’achever l’installation de panneaux photovoltaïques dans treize villages. Malgré l’ampleur de la tâche, le directeur général de l’Aberme reste optimiste. « En 2006, le taux de couverture en zone rurale n’était que de 2%. Aujourd’hui, nous sommes autour de 8% ».
Parallèlement à l’extension du réseau, le Bénin doit réduire sa dépendance énergétique : plus de 90% de l’énergie qu’il consomme provient de l’étranger, essentiellement du Nigéria. « Le pays a pour objectif d’atteindre une capacité de 2000 MW d’ici 2016. Nous n’aurons plus alors tous les problèmes de coupures d’électricité que nous avons aujourd’hui », veut croire Charles Yaovi Koumaple. Il parie sur les investissements privés (nigérians, iraniens et ouest africains notamment) pour parvenir à cet objectif, grâce à la construction de nouvelles centrales solaires, à charbon et à biomasse.
(1) Avec 51% des voix, Syntra est le syndicat majoritaire à la SBEE
(2) La SBEE est un établissement public à caractère industriel et commercial
merci pour le projet qui prône pour le développement du Bénin .comment peut on vous contactez ? merci