Cinéma, télévision : « On espère redémarrer les tournages fin juin »

Cinéma, télévision : "On espère redémarrer les tournages fin juin" | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 92361 Tournage de film

Le protocole de reprise des tournages pendant la pandémie, préparé par les organisations professionnelles et syndicales du cinéma et de la télévision, est en cours de validation aux Ministères du travail et de la santé. Image d’illustration. ©Dmitro2019/Shutterstock

Les Activités Sociales soutiennent le cinéma ! Premier assistant décorateur, Mohamed Jabbad contribue depuis plus de quinze ans à l’élaboration de décors de films de fiction, sur le grand comme sur le petit écran. Il revient pour nous sur les conséquences de l’arrêt forcé des tournages et le report des sorties de films, et évoque les incertitudes qui entourent la reprise des activités du monde du cinéma.

Les Activités sociales soutiennent le cinéma !

Dans son courrier aux bénéficiaires en date du 11 mai dernier, le président de la CCAS écrit :

« Concernant le contenu de vos séjours, et notamment les rencontres culturelles, nous avons pris une position de principe, fidèle à l’engagement historique des Activités Sociales en faveur de la culture. Compte tenu des difficultés importantes liées à cette crise sanitaire sans précédent qui impactent le monde culturel, la CCAS soutiendra les compagnies programmées pendant l’été. Si celles-ci ne pouvaient se produire dans les conditions prévues, nous leur garantirons une rémunération en contrepartie d’une reprogrammation à une autre période de l’année, dans le cadre de séjours ou d’événements organisés par les Activités Sociales. »

Quelle est la fonction du premier assistant décorateur dans un film ?

Je suis intermittent du spectacle, et je m’occupe de coordonner toutes les équipes placées sous la responsabilité du chef décorateur. La particularité de mon métier, c’est qu’on est mobilisé sur un film avant le tournage, avec une préparation souvent longue pour composer et réaliser les décors, mais également pendant toute sa durée. Cela peut être un travail plus ou moins important selon que le film est tourné en studio ou en décors naturels. C’est ce qui fait la diversité et la richesse de cette fonction.

Qu’est-ce que le confinement a changé dans votre vie professionnelle ?

Quand la crise sanitaire a tout stoppé, j’étais entre deux projets. Je venais de terminer le tournage du prochain film d’Albert Dupontel, « Adieu les cons », une production assez importante avec pas mal de monde, des cascades et des effets spéciaux, dont la sortie a été repoussée. Et je m’apprêtais à enchaîner sur un autre long métrage, le 23 mars, dont le tournage est toujours suspendu.

J’ai donc été impacté de plein fouet par l’arrêt brutal de toute possibilité de tournage. On espère que cela va pouvoir reprendre rapidement, car l’incertitude quant à l’avenir de nos projets, ajoutée à l’inquiétude face au virus, est génératrice de beaucoup d’angoisse, surtout quand on est confiné sans possibilité de se changer les idées en allant s’aérer. En ce moment, j’ai la production de mon prochain film chaque jour au téléphone, on essaie de se caler pour être tous prêts au moment où le tournage interrompu pourra reprendre.

Quelles sont les conditions nécessaires à la reprise des tournages ?

Dans le cinéma, la part d’incertitude est encore plus grande que dans le spectacle vivant, car les paramètres à prendre en compte sont multiples. Il faut bien entendu garantir les précautions sanitaires indispensables à la reprise du travail, et obtenir les autorisations administratives. Mais le point actuellement le plus délicat, ce sont les assurances.

Le problème est que les distances physiques recommandées sont quasi impossibles à respecter sur un plateau. Les comités d’hygiène et de sécurité du secteur du cinéma ont mis au point un protocole qui doit être validé dans les jours qui viennent par le ministère de la Santé. L’État propose un fonds de garantie, cofinancé par les régions et certains assureurs, qui pourrait se substituer aux assurances en cas de nécessité d’indemnisation. A priori, il devrait être opérationnel en juin, pour une reprise d’activité entre la fin juin et la mi-juillet. Mais nous allons être très attentifs à toutes les clauses et nous lirons attentivement les plus petites lignes de cet accord.

On suppose une forte pression de la part des chaînes de télévision, des productions et des réalisateurs pour une reprise rapide des tournages ?

Oui, du côté de l’audiovisuel, un gros besoin de programmes « frais » se fait sentir, car la période de confinement a été l’occasion de moult rediffusions. Je pense que dans le cinéma et l’audiovisuel, on va pouvoir recommencer à travailler avant d’autres intermittents plus durablement touchés par la fermeture des salles de spectacle et l’annulation des festivals. L’avantage pour nous, c’est que même si les salles de cinéma restaient encore fermées, on peut tourner des films en attendant.

Le problème, c’est qu’il risque d’y avoir quelques embouteillages. Tous les films dont le tournage a été interrompu sont bien sûr prioritaires, notamment au vu des financements engagés par les productions. Mais les nouveaux projets risquent d’être décalés. Les producteurs vont tâcher de s’entendre entre eux, pour proposer un calendrier cohérent, car certains acteurs, notamment les plus connus, sont demandés sur plusieurs films à la fois.

Êtes-vous satisfait des annonces du président de la République lors de sa conversation avec les acteurs du monde de la culture, le 5 mai dernier ?

Hormis la prolongation des droits des intermittents jusqu’en août 2021, mesure réclamée par les syndicats, il n’a pas annoncé grand-chose. De toute façon, mon expérience de militant syndical à la CGT m’a appris à être prudent. On attend des engagements écrits, les déclinaisons concrètes de ces annonces, que nous allons étudier de près.

Pensez-vous que cette crise va être rapidement portée à l’écran, et quels seront à votre avis les objets emblématiques de « l’ère Covid-19 » ?

Je crois que des films sur le confinement sont déjà en cours d’écriture. Les images d’actualité, comme ces grands espaces désertés dans le monde entier, sont tellement fortes que le cinéma va forcément s’en emparer.

En termes d’accessoires, les masques vont évidemment devenir, à l’écran, le symbole de cette pandémie. Particulièrement ceux qui sont jetés par terre et polluent l’espace public. Je crois qu’il faut 400 ans pour qu’ils se dégradent naturellement ! Cette image me marque particulièrement. Il ne faudrait pas que tous les bénéfices environnementaux liés à l’arrêt de l’économie soient ruinés par l’inconscience de ceux qui jettent masques et gants n’importe où.

Pour conclure sur une image plus positive, je voudrais évoquer les animaux qui sont revenus dans les villes au moment du confinement. J’ai vu des oiseaux voler à quelques centimètres du sol dans les rues désertes, des canards sur les trottoirs… Cela avait un côté presque magique.

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