En pleine fête de la CMCAS Tulle-Aurillac, le week-end du 1er juin, pas moins de 350 motos sont parties de la maison familiale de Pleaux, dans le Cantal, pour parcourir une dizaine de circuits. En famille ou en solo, les motardes et motards étaient venus de tout l’Hexagone pour partager leur passion. Pour ce rassemblement, qui a lieu depuis 1989, ils étaient accueillis par 80 bénévoles.
« Le week-end de la fête de la CMCAS repose sur les bénévoles »
Arnaud Veber, président de la CMCAS Tulle-Aurillac
« L’événement a rassemblé des amateurs de motos, mais aussi quelque 80 bâtisseurs rattachés à plusieurs CMCAS. Ces bénévoles sont là pour la plupart depuis mardi, aux fourneaux, à l’encadrement des circuits, au ménage… Le week-end de la fête de la CMCAS repose sur eux. Il faut rappeler qu’ils ont accueilli plus de 350 motards et une centaine de familles venus se rassembler et faire la fête ! »
« Cette concentration était notre idée de jeunesse, elle a été une réussite ! »
Patrick Vialatte, inactif, administrateur de la CMCAS Tulle-Aurillac, cofondateur de la concentration nationale de motos de Pleaux
« C’est un rassemblement national qu’on a créé en 1989 pour fêter le bicentenaire de la Révolution. C’était notre idée de jeunesse : nous étions quelques jeunes à partager cette passion pour la moto. Ce fut une réussite !
Déjà à l’époque, la maison familiale de Pleaux était pleine – ce qui représentait tout de même 700 lits – et accueillait une large majorité de familles de motards ! Il faut se rappeler qu’à la fin des années 1980 la moto était le transport et le loisir des familles populaires, et notamment du milieu ouvrier, qui ne pouvaient s’acheter de voiture : ces familles sortaient le dimanche en moto et en side-car. »
« Les motardes affichent rarement des deux-roues de cet âge-là ! »
Katia Gauvin, 53 ans, conseillère clientèle Enedis, CMCAS Toulouse
Son 125 RDX Yamaha modèle de 1978 détonne au milieu des grosses cylindrées contemporaines. « On le savait et c’est ça, le jeu », sourit Katia, pressée d’entamer le circuit de la vallée de la Dordogne. Elle se dit fière, Katia : si elle connaît bien des femmes pilotes, « elles affichent rarement des deux-roues de cet âge-là ». Elle avait elle aussi une moto plus récente mais elle l’a lâchée au profit du vieux bolide. Cette attirance pour les vieilles machines, elle la partage avec son compagnon, Julien Moncamp, lequel pilote un autre vieil engin, avec pour passagère la fille de Katia, Saly, 16 ans.
Il leur faut être vigilants tout de même : « On n’a pas la même autonomie de carburant que les autres. » La famille doit envisager des trajets précis et s’arrêter à une station-service tous les 100 km environ. La moto, pour Katia, c’est une évidence. Ses deux frères et ses deux grands enfants sont motards. Et venir ici, c’est parler un peu le même langage.
« On se tutoie d’entrée ! »
Jean-Pierre Ouillon, 63 ans, ancien chef d’agence GRDF, CMCAS Clermont-Le Puy
Cette fois-ci, pour sa troisième participation au rassemblement, il s’est proposé en tant que bénévole. Il est là depuis mardi, avec son épouse, à s’activer à la préparation de l’accueil. Et ce matin, il est le meneur d’une vingtaine de motards pour effectuer une boucle de 250 km qu’il connaît bien, puisque cet ancien chef d’agence vient de Clermont-Ferrand, « donc pas trop loin ».
Voilà quarante ans qu’il chevauche une moto, « au travail et pour le plaisir », ce qui l’autorise à prodiguer quelques conseils avant le départ et la pluie. « On ne se double pas et on surveille toujours celui qui est derrière soi pour voir s’il suit et, s’il ne suit pas, on s’arrête. » Il s’agit « que tout le monde revienne manger ce soir », plaisante le sexagénaire.
Ici, « on se tutoie d’entrée et on compare, avec toute la mauvaise foi du motard qui va bien, les calibres, les couleurs et les marques. On se fait croire qu’on a la plus grosse moto ! », résume-il en se mettant en selle sur sa Triumph Tiger 800.
« La moto m’aide à me sentir comme tout le monde »
Najica Smaali, 59 ans, assistante exploitation (actuellement en invalidité), CMCAS Val-de-Marne
Elle le répète, Najica, l’époque où les femmes passagères de moto étaient appelées des « sacs de sable » est révolue. Cette appellation et la misogynie associée l’ont motivée à passer le permis moto en 2014. Depuis, elle s’est fait cette promesse de pilote : « Je ne veux pas de boulets derrière nous. » À moins d’ »accepter des sacs de sable masculins », sourient ses deux proches amies, Sylvie Brague et Agnès Breuzet, qui font remarquer que les motards se retournent encore lorsqu’ils voient des femmes aux commandes d’un deux-roues.
On l’aura compris, pour Najica, piloter, « c’est une vengeance » mais aussi un moyen de passer des week-ends entre copines, « surtout par le biais de la CCAS ». Enfin, la moto, la sienne, une 796 Monster Ducati, c’est l’histoire d’une satisfaction personnelle, celle d’avoir dépassé un cancer du sein, dont elle a souffert un an après avoir obtenu le permis moto. « C’était compliqué de se sentir une femme mais en motarde je me sens comme toutes les autres. » Dans la maladie, la moto a été un exécutoire, affirme-t-elle. Elle lui a permis de se relever après la quinzaine d’interventions chirurgicales qu’elle a subies. « Comme j’ai un bras ankylosé, mes amies m’épaulent pour garer la moto. Et la moto m’aide à me sentir comme tout le monde », conclut celle qui s’est également investie dans les itinéraires de l’association Toutes en moto.
« Une balade sur la Triumph de papa, et un jour le permis ! »
Maé, 13 ans, et son père, Reynald Chevreux, 40 ans, chargé d’affaires ADT, CMCAS Val-d’Oise
Chez eux, la passion a traversé les générations. Reynald, 40 ans, partait en vacances en deux-roues avec ses parents. Aujourd’hui, son fils, Maé, 13 ans, et lui sont venus en moto du Vexin, en Normandie. « C’est pas à côté ! » s’exclame l’ado. « Sept heures de route, souvent sous la pluie », renchérit le père.
Ils ont laissé l’épouse et la petite sœur « pour être ensemble, entre garçons, et faire une balade sur la Triumph de papa ». La machine, ils la sortent « de temps en temps, pour éprouver quelques sensations, des virages notamment », note Maé. Le jeune homme précise qu’il n’avait pas 5 ans – et que ses jambes ne touchaient pas terre – quand il est monté sur la moto du patriarche. Il attend patiemment ses 18 ans pour franchir l’étape suivante : « Passer le permis ! »
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