À quelques jours du départ de la 33e édition de la Course du cœur, campagne de sensibilisation au don d’organes dont la CCAS est partenaire, rencontre avec Olivier Coustere, sportif et transplanté rénal, président de l’association Trans-Forme organisatrice de l’événement.
Durant quatre jours et quatre nuits, plusieurs centaines de coureurs vont se relayer sur un parcours de 750 km, de Paris à Bourg-Saint-Maurice, en Savoie. Un peloton regroupant 25 équipes portant les couleurs de plusieurs grandes institutions et entreprises, ainsi que 150 athlètes bénévoles. Cette année, un nouveau record de mobilisation a été établi pour la Course du cœur.
Parmi les marathoniens, 20 d’entre eux ont fait l’objet d’une greffe d’organes. À travers cette participation, ils entendent attirer l’attention sur la situation des personnes greffées et leur capacité à se réinsérer socialement et professionnellement.
Aujourd’hui plus de 20 000 personnes devant subir ce type d’opération sont sur liste d’attente. Parmi elles, plusieurs centaines décéderont faute de greffons. Après une hausse quasi constante sur les dix dernières années, une baisse significative du nombre de donneurs a été enregistrée en 2018. Une régression d’autant plus déconcertante que le nombre de personnes se déclarant contre le don d’organes a dans le même temps continué à diminuer.
L’an dernier, le nombre de personnes favorables au don d’organes a continué d’augmenter alors que le nombre de greffons réellement disponibles était en baisse. Comment expliquer ce paradoxe ?
Pendant vingt-cinq ans, le nombre de greffes a progressé. Mais la liste des personnes en attente d’une greffe s’est également accrue. Résultat des courses, on se retrouve en 2018 avec 304 greffes de moins par rapport à l’année précédente. Cette baisse doit amener l’Agence de la biomédecine, qui régit le don d’organes en France, à s’interroger. Soit c’est un épiphénomène, soit cela marque le début d’une décroissance continue.
Le principal facteur de cette baisse est facilement identifiable. Aujourd’hui, on meurt moins d’AVC [accident vasculaire cérébral, ndlr], ce dont on peut d’ailleurs se réjouir : on prévient et on soigne mieux cette maladie. Mais, par corollaire, la prévention de l’AVC entraîne une réduction des stocks d’organes disponibles pour les personnes placées sur liste d’attente.
Les dons réalisés du vivant du donneur ont-ils progressé ?
Concernant le « don du vivant », on partait d’assez loin comparé à d’autres pays ou régions comme les États-Unis ou la Scandinavie. Les différentes campagnes menées jusqu’à présent avaient permis une réelle avancée sur la question. Et là, patatras, moins 12 % d’un coup l’an passé pour les dons de reins !
Pourquoi une chute aussi brutale ? Serait-ce l’expression d’un repli sur soi ? Aujourd’hui, le nombre de Français se déclarant prêts à donner un rein se limite à 14 %, alors qu’ils sont plus de 50 % aux États-Unis ou en Scandinavie.
Qu’attendez-vous de cette 33e édition ?
J’espère qu’il n’y aura pas trop de blessures ! (rires) La course à pied, c’est quand même un effort qui peut s’avérer invasif surtout quand il s’étale sur une telle durée [quatre jours et quatre nuits, ndlr]. À cela s’ajoute le sentiment d’euphorie induit par l’effort physique et qui peut parfois avoir des effets pervers.
Je souhaite en tout cas que les spectacles et les animations prévus en marge de l’épreuve sportive contribuent à propager le message en faveur du don d’organes, de façon à ce qu’après notre passage dans les communes traversées lors de chaque étape le regard que portent les gens sur cet enjeu médical majeur ait évolué dans le bon sens.
En quoi l’implication des entreprises et de leurs salariés, notamment ceux des Industries électriques et gazières, est importante à vos yeux ?
Pas moins de 360 000 personnes ont été sensibilisées sur le sujet grâce à la campagne menée par les Activités Sociales. De notre côté, nous mettons tout en œuvre pour que les entreprises impliquées dans cet événement s’engagent au plus haut niveau. À partir du moment où elles s’investissent dans la Course du cœur, il est important pour les directions des entreprises qu’il y ait des retombées en interne.
À chaque édition, nous leur soumettons un questionnaire afin de déterminer combien de salariés ont été sensibles à l’appel lancé par Trans-Forme. En nous soutenant, elles témoignent leur attachement à des valeurs telles que la solidarité. En ce sens, la Course du cœur est un magnifique outil pour servir ces valeurs. Grâce aux efforts incessants déployés par tous ces acteurs, on réussit à mobiliser des centaines de milliers de personnes autour de la cause du don d’organes.
Les agents solidaires
La Course du cœur 2019 partira du Trocadéro à Paris le mercredi 27 mars, et s’achèvera le dimanche 31 mars à Bourg-Saint-Maurice, en Savoie. Environ 300 participants sont attendus, dont une dizaine de personnes ayant bénéficié d’une greffe d’organe.
Les Activités Sociales seront représentées par une équipe de 20 bénéficiaires de 7 CMCAS d’Île-de-France. Ces coureurs et coureuses bénévoles prendront part au prologue de la course qui les mènera des fontaines du Trocadéro au parvis de Notre-Dame, soit un parcours de 8 kilomètres.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez venir encourager nos athlètes ainsi que les autres participants. Votre simple présence permettra de donner une plus grande visibilité à cette action et fera ainsi avancer la cause du don d’organes. Le départ sera donné aux alentours de 18 heures place Joffre dans le VIIe arrondissement.
Association Trans-Forme
Faire un don
66, bd Diderot, 75012 Paris.
Tél. : 01 43 46 75 46. Fax : 01 43 43 94 50.
Sites : www.lacourseducoeur.com et www.trans-forme.org