Plusieurs fois champion de France amateur en VTT et cyclo-cross, Cyril Bugnicourt jongle habilement entre sa famille, ses défis sportifs et son poste de chef adjoint du pôle ingénierie Hauts-de-France à GRDF.
« La compétition qui m’a le plus marqué ? La première. J’avais une quinzaine d’années, j’étais sur la route, entouré de vélos, c’était vraiment impressionnant et je me disais qu’on ne pourrait pas passer le premier virage tous ensemble sans chuter… Mais on l’a fait ! » se souvient Cyril Bugnicourt qui, depuis, n’a eu de cesse de s’échapper du peloton pour construire ses victoires sportives.
Ce gazier de 42 ans conçoit depuis toujours sa passion comme un vecteur d’épanouissement. Alors, quand à la sortie de l’adolescence, il comprend que devenir cycliste professionnel est indissociable du dopage, il raccroche. Pas simple pour le jeune Picard qui passait son temps à exceller dans les trois disciplines : VTT, vélo de route et cyclo-cross. « Je faisais du sport pour m’épanouir, pas pour me détruire. J’ai pris conscience que le sport de haut niveau ne correspondait pas à mes valeurs et je l’ai vécu comme un échec car je m’étais énormément investi », raconte-t-il.
Il décide alors de se consacrer à son BTS électrotechnique, qu’il prépare à Saint-Quentin (Aisne), et de passer son Bafa. Fils d’agent EDF, Cyril croise par hasard le chemin de la CCAS et c’est ainsi que le jeune homme de 18 ans animera des colos durant quatre ans. Et intéressera particulièrement les jeunes colons au cyclisme. « La plupart des enfants aiment le vélo, mais sans en avoir de connaissances réelles. Le monde du vélo est un univers particulier dont moi-même je n’étais pas issu à la base, j’avais donc envie de leur transmettre ma passion. Et puis ce que j’aimais, c’était la place que la CCAS accordait au projet pédagogique. Nous n’étions pas là pour garder des enfants, mais pour construire des activités avec eux. C’est aussi grâce à cette expérience que j’ai appris à travailler en équipe et à suivre un objectif », raconte Cyril.
Un peu plus tard, il recroise deux jeunes colons devenus animateurs à leur tour. Ils lui confessent que c’est leur rencontre quelques années auparavant qui leur a donné le goût de l’animation sportive. « Le fait qu’ils puissent tirer profit de ce que nous avions fait ensemble m’a vraiment rendu fier », se réjouit-il.
S’épanouir, mais sans pression
En 1997, Cyril intègre Gaz de France en alternance, en tant que technicien d’exploitation gaz, et poursuit son ascension en gravissant les échelons professionnels. Mais la nostalgie de « la petite reine » se fait sentir. « J’avais besoin de reprendre le vélo, de retrouver le plaisir de courir avec les copains, en équipe, pour trouver l’équilibre. Petit à petit, le simple entraînement ne me suffisait plus, j’avais besoin de nouveaux challenges et je savais que la compétition permettait d’aller chercher mes propres limites. Je voulais me prouver que j’en étais capable et continuer à m’épanouir, désormais sans pression », raconte le coureur, qui se partage aujourd’hui entre deux fédérations, l’Ufolep et la Fédération française de cyclisme.
Cyril vise haut, et 2006 est l’année de sa consécration : il décroche les titres de champion de France amateur sur route et en cyclo-cross. En 2015, le champion réalise un autre rêve, celui de partager la fierté d’un nouveau titre avec ses deux jeunes enfants : il décroche à nouveau le maillot tricolore alors que le championnat est organisé par son club, celui de Fourmies, dans le Nord. « J’étais sur mes terres, entouré de ma famille, de mes amis et j’ai décroché ce titre. Émotionnellement, c’était très fort ! », raconte Cyril, qui continue de se retrouver sur la plus haute marche du podium. Début février 2018, il est à nouveau sacré champion de France amateur en cyclo-cross à Lau-Balagnas, dans les Hautes-Pyrénées.
Au quotidien ou en compétition, Cyril Bugnicourt a le vélo dans la peau. À droite, son arrivée gagnante au Championnat Ufolep de cyclo-cross à Lau-Balagnas (photos : http://bit.ly/2HLJkXm).
Si le coureur est arrivé loin, il n’oublie pas d’où il vient, et souligne l’importance de soutenir les clubs formateurs comme le sien. « Le vélo est un sport coûteux, et les structures comme celle de Fourmies accompagnent les enfants. On n’a pas le matériel dernier cri, mais le club prête un vélo à chacun. » Pas seulement animé par ses propres victoires, Cyril insiste : « Le vélo est un sport individuel qui se pratique en équipe, le partage est sa clé de voûte. » Il court d’ailleurs une dizaine de kilomètres avec ses collègues une à deux fois par semaine, le long du canal de la Deûle, pendant la pause méridienne, et parcourt quotidiennement les 25 kilomètres qui le séparent du centre GRDF de Wambrechies en vélo, tout en s’entraînant « le week-end, ou le soir après que les enfants sont couchés ».
Son prochain objectif ? Le championnat du monde masters de cyclo-cross, qui se déroulera le 1er décembre à Mol, en Belgique. Un défi de taille, car il n’a plus d’entraîneur depuis 2009 : « Ce n’était pas facile, car l’entraîneur est un guide, mais j’ai estimé que j’avais la maturité et l’expérience nécessaires pour le faire. Désormais, je recherche le qualitatif plutôt que le quantitatif. Cela demande de chercher plus loin en soi, et j’ai la satisfaction de garder mon équilibre familial, professionnel et sportif. »
Tags: À la une Colos Industries