Débat public national : quelles énergies pour demain ?

Débat public national : quelles énergies pour demain ? | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 51926 Camplong dAude et sa region

La loi de transition énergétique de 2016 prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et à 32 % en 2030. ©Eric Raz/CCAS

Place des énergies fossiles, du nucléaire, du renouvelable… Le 2 juin dernier, au Centre historique minier de Lewarde (Nord), la transition énergétique était au cœur d’un débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie, consultation nationale qui se déroule jusque fin juin.

La transition énergétique, pourquoi, comment ? On pourrait résumer ainsi les échanges qui se sont tenus le 2 juin au Centre historique minier de Lewarde (Nord), sous l’égide de l’association Ombelliscience, dont l’objet est de croiser les problématiques scientifiques, techniques et sociétales. Rien de plus naturel alors que d’organiser cet échange dans le cadre du débat public national sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2018).

Jusque fin juin, une commission de huit membres sillonne la France pour recueillir les contributions, avis et questions sur le sujet. La commission aura ensuite deux mois pour rendre son rapport. « L’objectif est d’arriver à la neutralité carbone en 2050 », rappelle Isabelle Jarry, membre de la commission, présente le 2 juin à Lewarde avec sa collègue Moveda Abbed.


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Peut-on se passer d’une énergie abondante ?

« Pour les transports, nous sommes dépendants du pétrole à plus de 90 %. Dans l’agriculture, on utilise beaucoup de pétrole et un peu d’électricité. Dans le tertiaire, c’est plus diversifié. » Voilà comment Éric Vidalenc, de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) des Hauts-de-France, évoque quelques réalités d’un problème épineux : « Sommes-nous prêts pour la transition énergétique ? » Il est l’un des intervenants à un débat sur l’énergie qui s’est tenu le 2 juin à Lewarde (Nord). Autre donnée qui permet de mesurer l’importance de l’enjeu : « Historiquement, toutes les sources d’énergie se sont additionnées et jamais substituées », ajoute-t-il. Pour sa part, Philippe Charlez, ingénieur énergéticien, travaillant chez Total depuis trente-cinq ans, dénonce « l’utopie de la croissance verte ». L’auteur de « Croissance, énergie, climat. Dépasser la quadrature du cercle » estime que le solaire et l’éolien ne peuvent se développer que localement et assure que « la transition passera forcément par une renucléarisation ».

Bertrand Cassoret, maître de conférences en génie électrique à l’université d’Artois et auteur de « Transition énergétique ? Ces vérités qui dérangent ! », pense lui aussi qu’il faudra miser sur « le nucléaire, avec ses inconvénients ». « On ne peut pas vivre dans une société riche comme la nôtre sans une énergie abondante », tranche-t-il, rappelant les besoins que représentent « la nourriture, le logement, l’éducation, la santé, la culture, les loisirs…. » « Le charbon, le gaz et le pétrole représentent plus de 80 % de l’énergie mondiale et causent des millions de morts chaque année. C’est là que se situe pour moi la principale question de la transition énergétique, insiste-t-il. L’enjeu est de choisir le meilleur rapport bénéfice-risque. » Lui non plus ne croit pas au potentiel de l’énergie renouvelable.

La « sobriété énergétique » en question

« Nous sommes pour le 100 % renouvelable », rétorque Barbara Nicoloso, chargée de mission à l’association Virage Énergie Nord-Pas-de-Calais. « On nous parle d’indépendance énergétique, mais l’uranium vient du Niger. Et puis, il y a le coût du nucléaire. Le chantier de l’EPR de Flamanville dure depuis dix ans et on est passés de 3 à 10 milliards d’euros », poursuit-elle. Mais le concept que Barbara Nicoloso veut avant tout défendre aujourd’hui, c’est la sobriété énergétique, qui ne repose que sur « le comportement humain ». Cela suppose, pour elle, des voitures plus petites, la relocalisation de certaines activités, une discipline personnelle mais aussi « la mutualisation d’équipements ». Ainsi, le propriétaire d’une perceuse ne l’utilise en moyenne que quelques minutes par an, explique-t-elle. « La sobriété, ce n’est pas forcément moins, mais mieux. C’est proposer un modèle de société différent », conclut-elle.

Preuve du caractère hautement passionnel du sujet, l’échange avec la salle est l’occasion de nombreuses interventions, souvent très tranchées. « Pourquoi la sobriété énergétique concernerait-elle toujours les consommateurs ? Les producteurs d’énergie feraient bien de donner l’exemple. Les producteurs de pétrole, par exemple, brûlent des quantités de gaz naturel délirantes », intervient ainsi un participant. D’autres interrogations fusent : « Nos élu·es ont-ils une vraie volonté politique ? » « Compte tenu de l’urgence, a-t-on vraiment le temps de discuter ? » « Pourquoi ne parle-t-on pas de la décroissance ? De l’obsolescence programmée ? »

Il n’y a pas que les aides…

Moins passionnelle, la deuxième table ronde a permis d’en apprendre plus sur la réduction de consommation d’énergie dans l’habitat. Karine Orlik est conseillère à l’Espace Info-Énergie de la communauté de communes Cœur d’Ostrevent (CCCO), qui compte 21 communes et 72 000 habitants. En 2017, ce sont 378 conseils qui ont été dispensés, contribuant à la réalisation de 2,5 millions d’euros de travaux liés à l’isolation ou à l’amélioration du rendement énergétique des logements. « On nous demande souvent : à quelle aide ai-je droit si je fais tels ou tels travaux chez moi ? À nous de mener ceux qui nous consultent vers d’autres questions, comme l’étanchéité à l’air », note Karine Orlik.

C’est à une tout autre échelle que travaille Sylvain Labbé, manager de projets chez Bouygues Bâtiment. Il évoque un chantier de réhabilitation de 300 logements miniers dans un quartier de Lens (Pas-de-Calais). D’un montant de 12 millions d’euros, les travaux ont porté sur le confort et le rendement énergétique. « Les factures d’énergie ont été divisées par deux », expose-t-il. Techniquement, on pourrait aller plus loin, mais tout dépend du cahier des charges et de l’enveloppe financière du donneur d’ordres. Il évoque un appel d’offres, dans un autre quartier de Lens. Objectif : arriver à une charge énergétique annuelle moyenne inférieure à 7 euros par mètre carré. Il s’agit de mutualiser la pompe à chaleur du musée Louvre-Lens, actuellement sous-utilisée. Soit un potentiel de « 35% d’énergie gratuite par an » à l’échelle du quartier, estime Sylvain Labbé.

Le solaire thermique, même dans le Nord

Dernier intervenant de la journée, Alexandre Pauvert, consultant énergies renouvelables au CD2E (Création développement des éco-entreprises), a tenu à souligner que même les Hauts-de-France, région beaucoup moins ensoleillée que d’autres, disposent d’un potentiel dans l’énergie solaire thermique. Différente du photovoltaïque, cette technique permet un préchauffage ou un chauffage de l’eau sanitaire et un appoint de chauffage pour les particuliers. Mais pas seulement. « Cela peut intéresser tous les secteurs d’activité : établissements de santé, hôtels, campings, logements collectifs, industrie, agriculture, piscines, réseaux de chaleur… », énumère Alexandre Pauvert. De quoi donner des idées à certains ?


Centre historique minier : vos billets à tarif réduit

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Ouvert en 1984, le Centre historique minier (CHM) est un ancien puits de mine, en activité entre 1931 et 1971, transformé en musée. Au programme des visites, une plongée dans la culture minière du Nord-Pas-de-Calais au travers d’une descente dans les galeries.

Voir l’ensemble de la programmation 2018

A noter : les 23 et 24 juin, le Bassin minier fête son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. L’entrée au musée et l’accès aux animations (théâtre) sont gratuits.

S’y rendre : Fosse Delloye, rue d’Erchin, 59287 Lewarde (voir le plan)

Tarifs : 7,95 € au lieu de 10,60 €. Enfants : 4,00 € au lieu de 6,20 €.
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