
Intervention d’un bénévole de l’ONG Électriciens sans frontières en Ukraine, où l’association a déjà déployé plus d’une centaine de solutions hybrides (panneaux photovoltaïques, batterie et groupe électrogène) à travers le pays. ©Électriciens sans frontières
Depuis le début du conflit ukrainien, Électriciens sans frontières a déployé une centaine d’installations solaires hybrides dans tout le pays pour alimenter en électricité des écoles, des hôpitaux et des stations de pompage, exposés aux bombardements russes. Rencontre avec Didier Issen et Denis Vigier, chefs de projet bénévoles de l’association, à leur retour de mission.
Alors qu’à l’approche de l’hiver Moscou multiplie les bombardements sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, l’association Électriciens sans frontières, partenaire des Activités Sociales, poursuit sa mission de solidarité entamée au début du conflit, en février 2022. Son objectif : en installant des centrales solaires hybrides, garantir suffisamment d’électricité pour que les services publics comme l’éducation, la santé ou la distribution d’eau potable puissent fonctionner.
« Nous sommes mobilisés depuis trois ans », confirme Didier Issen, retraité bénévole d’Électriciens sans frontières, dont la dernière mission en Ukraine remonte au mois de juillet 2025. « Je suis parti seul une vingtaine de jours dans la région de Kiev et au nord-est, vers Kharkiv, pour superviser l’évaluation de notre action sur place. Ce premier bilan sera transmis au Quai d’Orsay, qui est l’unique financeur de l’opération, à hauteur de 8 millions d’euros », précise le septuagénaire, originaire de Berg-sur-Moselle et ancien salarié de la centrale nucléaire de Cattenom (Moselle).
Photovoltaïque au sol et en toiture
Depuis août 2023, avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et celui des entreprises de la filière électrique française et européenne, Électriciens sans frontières a déjà installé une centaine de solutions hybrides solaires, au sol et en toiture, dans dix oblasts différents. Combinant des panneaux solaires, des batteries et un groupe électrogène pour assurer une alimentation continue, pilotée par une gestion intelligente de l’énergie, ces systèmes alimentent désormais des écoles, des hôpitaux et centres de santé et des stations de pompage, autant d’infrastructures critiques fortement exposées aux coupures d’électricité causées par les bombardements incessants.
Ayant une vingtaine de missions avec Électriciens sans frontières à son actif – au Népal, à Haïti, en Inde et dernièrement à Mayotte après le cyclone Chido –, Didier Issen partage l’avis de son collègue. Il admet que, sans être peureux, il a ressenti une appréhension au moment d’entrer dans le pays. Mais « on est vite rassuré en s’apercevant que les Ukrainiens continuent de vivre normalement, raconte-t-il. Jusqu’à Kiev, hormis les quelques convois militaires qu’on a croisés, on n’a pas l’impression que le pays est en guerre. C’est en arrivant dans la capitale que le réel apparaît soudainement. La première nuit, la ville a été bombardée. »
Entre 20 et 100 kWc de puissance

Depuis le début de l’offensive russe en février 2022, l’ONG soutient sans relâche les populations civiles qui vivent sous la menace des bombes et des drones. ©Électriciens sans frontières
Par chance, les centrales solaires hybrides installées par Électriciens sans frontières n’ont été touchées par aucun drone ou missile russe. « Grâce à un système de monitoring, nous pouvons les suivre à distance et voir qu’elles fonctionnent normalement », explique Denis Vigier.
Sur le plan technique, les centrales solaires ont été dimensionnées – entre 20 et 100 kWc (kilowatts-crête) – pour répondre aux besoins de leurs différents bénéficiaires. « Pour les hôpitaux, par exemple, on a calqué nos installations pour qu’elles puissent, en cas d’alerte, permettre de terminer une intervention chirurgicale, soit environ trois à quatre heures d’autonomie électrique en alimentant en priorité les salles d’opération, de réanimation et le service néonatal. On ne peut pas alimenter un hôpital en permanence, cela demande trop de puissance. »
La troisième tranche de financement de la mission d’Électriciens sans frontières en Ukraine, prévue jusqu’en juillet 2026, vient de commencer, avec le lancement des premiers appels d’offres destinés à sélectionner les entreprises chargées de réaliser 25 nouvelles installations solaires hybrides, prévues plus à l’est du pays cette fois.
Il n’y a aucun problème d’approvisionnement en matériel photovoltaïque, deux distributeurs étant présents sur place pour fournir panneaux, onduleurs et batteries provenant d’Asie. « La bonne surprise, c’est aussi un niveau de compétence et une qualité de travail au top ! », salue Didier Issen. Tout le monde espère cependant la fin de la guerre.
Soutenir Électriciens sans frontières
Fondée en 1986, l’ONG Électriciens sans frontières s’attache à lutter contre les inégalités de l’accès à l’électricité et à l’eau aux quatre coins de la planète, en misant sur le développement durable et privilégiant l’utilisation des énergies renouvelables.
Pour les salarié·es de certaines entreprises partenaires d’Électriciens sans frontières (notamment EDF SA, Enedis et RTE), une partie du temps consacré aux projets ou à la gouvernance de l’ONG peut être prise sur le temps de travail.
En savoir plus sur l’engagement bénévole
Grâce au soutien de ses 1300 bénévoles et à des partenariats avec des acteurs locaux, ESF favorise le développement économique et humain en utilisant les énergies renouvelables. En 2019 et 2020, l’ONG a reçu le Prix ONU pour l’Action climatique et le Prix Zayed pour le développement durable.
Pour aller plus loin ou pour faire un don : www.electriciens-sans-frontieres.org
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