Lundi 14 mai, premier jour de navigation au départ de Lorient. Nous mettons le cap sur Belle-Île-en-Mer, à 25 miles marins. À bord de l’Unaniezh, voilier de la CCAS, nous subissons les aléas de la mer… mais nous régalons aussi du spectacle, et en apprenons plus sur la navigation.
Avant même que le réveil ne sonne, Vincent, Yann, Pierre et Thomas, matelots et bénéficiaires des CMCAS de Bretagne, ont pris l’initiative de nettoyer le pont qui portait les stigmates de la veille… Dès 8 heures, la capitaine Diane Levesque, sonne le rappel et chacun s’affaire : on prépare le café pour le petit déjeuner (copieux, car on ne navigue pas le ventre vide), et après une douche à la capitainerie puis un rangement minutieux de la cabine, elle lance le moteur pour sortir du port. Les jeunes sont au taquet, pour hisser la grand-voile.
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« Bordez, bordez ! (tendez la voile) », indique Diane aux équipiers qui sont à la manivelle, tandis que les autres choquent (lâchent du lest) de l’autre côté du bout (on ne dit pas corde sur un bateau !) Ensuite on déroule le génois (la voile à l’avant du mât) et pouvons enfin éteindre le moteur pour s’en remettre au vent. Cap sur Le Palais et à Belle-Île, à 25 miles de là, où l’Armada est attendue en milieu d’après-midi.
A gauche, Diane Levesque est à la barre. A droite, le War Ar Mor entre dans le bassin du port de Belle-Île-en-Mer, dominé par la citadelle Vauban.
Après un quart d’heure de navigation, nous ne cessons d’empanner… le vent arrière est faible et changeant : la grand-voile bascule d’un bord à l’autre. « Y’a pétole (pas de vent) », soupire Diane… « Qu’à cela ne tienne, on va aller le chercher ! », propose Vincent. Nous louvoyons donc en tirant des bords pour que la voile attrape les quelques rares nœuds de vent. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les vents : le long des côtes, on trouve souvent une « brise thermique » due au décalage de température entre la terre et la mer (qui se réchauffe et se refroidit plus rapidement que l’eau), que l’on peut donc aller chercher pour avancer un peu plus vite…
Tout le monde est sur le pont. Cela bouge un peu, donc pour éviter le mal de mer, il faut trouver un point fixe ou s’occuper l’esprit. Diane nous apprend donc à nouer les cordages et à attacher des bouts. De marin, de chaise, de vache ou cabestan, à la fin de la journée les nœuds marins n’auront plus de secrets pour nous !
Midi : les estomacs se creusent. Pierre se met en cuisine. Une belle salade et un peu de charcuterie composent un solide pique-nique au terme duquel les jeunes décident de jeter quelques lignes de pêche. « C’est un coin à maquereaux ici », lance Pierre, le jeune agent féru de pêche… Hier il nous promettait des araignées de mer… on verra bien ce qu’il remontera au bout de ses lignes !
Diane tient toujours la barre, il est 15h et Belle-Île est en vue. Nous apercevons le fort Vauban. Le temps est magnifique et le ciel quasi exempt de nuage. Nous ne tardons pas à abaisser la grand-voile et à enrouler le génois pour entrer au port. Fort de sa taille bien supérieure à celle des autres, l’Unaniezh devance les trois autres bateaux de quelques miles, mais attend ses compagnons pour accoster. Les employés du port, en zodiac, nous guident jusqu’à la bouée 7 où nous allons mouiller.
Nous sommes au port mais pas à quai… donc sans électricité en 220 volts pour recharger nos portables. Tant pis pour les geek… et pour les journalistes ! Nous inaugurons donc l’annexe (le petit zodiac) pour nous rendre en ville, histoire de faire quelques courses – d’aucuns ont oublié de prendre une serviette de toilette, d’autres du gel douche ou du dentifrice – tandis que les autres se posent dans un café de la petite place qui borde le port de plaisance. Avec Charles, notre photographe qui connait bien Belle-Île, nous partons sur les hauteurs faire une balade dans cette charmante contrée où les gens sont extraordinairement accueillants et chaleureux. Entre verdure, maisonnettes en vielles pierres et routes escarpées, nous grimpons quelques centaines de mètres pour atteindre un point de vue magnifique, d’où nous dominons le port et pouvons surveiller de loin notre Armada.
Alors que nous prenons le soleil en terrasse, la mauvaise nouvelle tombe : Diane est passée à la capitainerie et nous annonce qu’au vu de la météo de demain, des marées et des 55 miles qui nous attendent encore pour rejoindre l’île d’Yeu, il va falloir partir à 6 heures. Aïe ! Levés à 5 heures, autant dire que la nuit sera courte. Mais notre récompense sera d’observer le lever du soleil.
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