Enfants pauvres dans les pays riches

Enfants pauvres dans les pays riches | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 87221 Enfants rom

En Europe, on on estime à 7000 le nombre d’enfants qui vivent dans des bidonvilles. ©Shutterstock

Alors que l’éducation apparaît comme le pilier de leur émancipation, la scolarisation des enfants roms est un chemin d’embûches dans plusieurs Etats des pays membres. Dont la France.

Piètres conditions sanitaires, faim, chômage des jeunes… Tels sont les problèmes de base auxquels les Roms sont confrontés au quotidien dans l’UE. Dans son rapport en 2018, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne soulignait les inégalités persistantes qui, depuis longtemps, frappent durement les Roms dans de nombreux pays d’Europe, l’une des régions les plus riches du monde. Pour nombre d’entre eux, la vie en Europe est semblable à la vie dans les pays les plus pauvres du monde. « 30 % d’entre eux vivent dans des ménages sans eau courante. Leur accès à l’eau potable est souvent comparable à celui des personnes vivant au Ghana ou au Népal. »

De telles conditions sapent tout progrès dans les domaines de l’éducation, de la santé ou de l’emploi, s’alarme l’agence européenne. Si le rapport souligne que l’éducation a connu une amélioration dans certains États membres, des lacunes persistent. « Plus de 50 % des jeunes enfants roms reçoivent un enseignement pré-élémentaire, un taux souvent très inférieur à celui des enfants du même âge qui n’appartiennent pas à la communauté rom. S’agissant des taux d’éducation préscolaire, les Roms de l’UE se trouvent dans une situation similaire à celle des habitants de Porto Rico. Les États membres devraient donner accès à une éducation de qualité, fournir une assistance à l’apprentissage afin de compenser les piètres conditions de vie de nombreux élèves roms, et leur apporter un soutien ciblé à tous les stades de leur éducation. »

Pratiques illégales en Slovaquie

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés à la discrimination. En Slovaquie par exemple, elle peut aller du refus d’inscrire les enfants sous la pression des parents non-roms, au placement dans des écoles ou des classes spéciales composées sur une base ethnique. « En Slovaquie, de nombreuses écoles ferment leurs portes aux enfants roms jugés inaptes à suivre une scolarisation normale. Ils sont orientés vers des écoles spéciales réservées aux enfants présentant un handicap mental. Cette ségrégation perdure malgré une procédure déclenchée par la Commission européenne visant à sanctionner ces pratiques illégales », explique Amnesty International dans son rapport de 2017. La corruption, le climat anti-migrant, la baisse des subventions aux associations n’ont pas fait pas évoluer la situation.

D’après les recensements faits par la délégation interministérielle pour l’hébergement et l’accès au logement (DIHAL) sur les personnes vivant en bidonvilles et en squats majoritairement occupés par des européens, on estime à 7000 le nombre de mineurs qui vivent sur ces lieux, originaires pour la plupart d’Europe de l’Est (Roumanie et Bulgarie).

Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope réalise, depuis le début de l’année 2016, un observatoire des situations dans lesquelles des difficultés persistantes sont rencontrées par les parents pour que leur enfant accède à l’éducation, malgré un corpus législatif clair sur l’universalité de ce droit. Chaque année des familles se voient refuser le droit de scolariser leurs enfants sous divers prétextes. « Elles doivent régulièrement faire face à des exigences abusives de justificatifs qui retardent l’inscription : justificatifs de domicile ou domiciliation administrative, etc. Une fois l’inscription passée, les délais d’affectation dans un établissement sont dans beaucoup de cas anormalement longs. », relate le collectif Romeurope.

Même lorsqu’un enfant est enfin inscrit à l’école, son parcours scolaire reste trop souvent chaotique en raison des expulsions répétées des lieux de vie. De plus, bien des familles sont dissuadées d’envoyer leurs enfants à l’école de peur d’être séparées d’eux en cas d’expulsion de leur squat ou bidonville. Les conditions de pauvreté dans lesquelles vivent ces familles ont un impact sur l’assiduité des enfants à l’école. La scolarisation représente un coût important (habillement, fournitures scolaires, cantine, transports…) alors même que les dispositifs d’aide existants ne leur sont que très rarement accessibles.

L’article 28 de la Convention internationale des droits de l’enfant stipule que l’accès à l’éducation est un droit fondamental (art. 28). Mais il doit s’accompagner de mesures qui permettent une scolarisation effective dans la durée. Pour l’ONG Défense des enfants international, la mobilisation des pouvoirs publics est urgente.

Sources : Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, « La situation des Roms dans 11 États membres de l’Union européenne. Les résultats des enquêtes en bref », octobre 2016/Amnesty International, 2017/ Collectif Romeurope.

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