Éric Cénat (« Les mots du sport ») : l’élégance des mots pour sublimer l’exploit sportif

Éric Cénat ("Les mots du sport") : l’élégance des mots pour sublimer l’exploit sportif | Journal des Activités Sociales de l'énergie | 104016 Ecrivain Eric Cenat

Cet été, le comédien Éric Cénat et le romancier Patrice Delbourg proposent une lecture théâtralisée qui revisite les plus grands moments sportifs du XXe siècle. ©DR

Jeter un pont entre sport et littérature, voilà l’objet « Des mots du sport ». Dans cette lecture théâtralisée, le comédien Éric Cénat et l’écrivain Patrice Delbourg, du Théâtre de l’Imprévu, révèlent la beauté de textes relatant le fait sportif, écrits par les plus belles plumes du genre. Un spectacle qui suscitera l’envie de lire ces pépites littéraires et pourquoi pas, de s’abonner à « L’Équipe » !

Comment est née l’idée de cette lecture théâtralisée sportive avec l’écrivain Patrice Delbourg ?

Éric Cénat – Nous travaillons ensemble depuis 15 ans et nous partageons une même passion pour la littérature et le sport. « Antoine Blondin ou l’ironie du sport », notre première collaboration en 2003, portait sur les chroniques publiées par l’écrivain dans le journal « L’Équipe ». C’était une sorte de ping-pong sur scène. Nous avons ensuite décliné cette formule avec d’autres écrivains : Robert Desnos, Max Jacob… Aujourd’hui, nous poursuivons avec « Les mots du sport ».

Cette lecture théâtralisée montre comment la littérature s’empare du sport, à travers les textes de quatre écrivains d’hier et d’aujourd’hui, sur quatre disciplines sportives populaires. Tristan Bernard sur la boxe, Antoine Blondin sur le cyclisme, Jean Echenoz sur l’athlétisme et Vincent Duluc sur le foot. Il s’agit de dévoiler la façon dont sont relatés ces sports majeurs à quatre époques différentes.

Pourquoi avoir choisi ces quatre auteurs ?

É. Cénat – Ce sont des plumes, avec des styles bien affirmés et reconnus pour leur qualité littéraire. Antoine Blondin et Tristan Bernard, dans leurs chroniques pleines de malice, analysent les choses avec recul, décortiquent les enjeux tout en jouant sur les mots. Ils s’amusent de situations et mettent en scène des coups de théâtre sportifs. Jean Echenoz, prix Goncourt 1999, est une figure littéraire française. Quant à Vincent Duluc, il dirige la rubrique Foot du journal « L’Équipe ».

À des époques différentes, du début du XXème siècle à nos jours, ces auteurs dépeignent des êtres d’une autre trempe, pétris d’humanité, dont le courage et l’exploit sportif forcent le respect, mais qui ont néanmoins dû composer avec leurs doutes et leurs faiblesses. Ils mettent en lumière des champions ayant atteint l’Olympe, pas des machines à gagner !

Nous racontons des aventures humaines extraordinaires, de belles histoires, d’hier et d’aujourd’hui, sur des destins hors-norme.

À travers cet exercice, vous tentez donc de valoriser davantage les sportifs que le sport ?

É. Cénat – Nous nous sommes attachés à révéler la dimension humaine, sociale et sociétale de l’exploit sportif, plutôt que le résultat. Les textes retracent le dépassement de soi, le rapport à l’effort et à la souffrance, à l’échec aussi ; la manière dont un sportif peut sortir de sa classe sociale, l’effet positif et l’image valorisante du sportif qui afflue sur une population, sur une région. Regardez l’engouement populaire pour le Tour de France !

Souvenez-vous aussi de l’épopée de l’équipe de foot de Saint-Etienne en 1976 ! Les Verts, pourtant perdants contre le Bayern de Munich en Coupe des clubs de champions, ont été honorés comme des vainqueurs. Les joueurs sont allés « au charbon », se sont battus jusqu’au bout. L’état d’esprit des Verts a rejailli sur la population du bassin industriel ouvrier stéphanois, malmenée par la crise économique d’alors. Même chose pour le fabuleux coureur de fond tchécoslovaque Emil Zátopek qui a vu sa carrière brisée pour avoir soutenu le Printemps de Prague en 1968. Nous racontons des aventures humaines extraordinaires, de belles histoires, d’hier et d’aujourd’hui, sur des destins hors-norme.

Lecture théâtralisée sur la vie et la destinée d’Emil Zátopek, d’après « Courir », le roman de Jean Echenoz, conçue et interprétée par Éric Cénat. Proposé par le Théâtre de l’Imprévu et l’Association des écrivains sportifs. Source : Centre tchèque de Paris/YouTube.

Le sport est plutôt visuel. Que lui apporte de plus la littérature ?

É. Cénat – Le sport est un terreau formidable, extraordinaire, inépuisable pour les écrivains ! Les plus grands n’y ont pas résisté : Alfred Jarry, Albert Camus, Montherlant, Giraudoux… ou Albert Londres, avec ses chroniques « Les Forçats de la route » sur le Tour de France 1924 parues dans le journal « Le Petit Parisien ».

La littérature sportive s’avère extrêmement dense et riche. Elle propose une vision singulière sur le sport, porte un autre regard sur l’exploit. Elle sublime le sport et prodigue une dramaturgie aux évènements. L’écrivain parvient à magnifier le fait sportif pour en tirer toute la quintessence, l’élégance et la beauté. Le Tour de France est d’ailleurs suivi par les passionnés mais aussi par des milliers de spectateurs qui assistent à un vrai spectacle, comme ils iraient au théâtre.

La littérature peut-elle faire aimer le sport et inversement ?

É. Cénat – Oui je le pense. J’interviens beaucoup en milieu carcéral. La plupart des détenus qui assistent à mes lectures pratiquent un sport. Ils viennent pour ce sujet, mais certains repartent avec l’envie de lire les auteurs que je leur ai permis de découvrir. Le sport peut donc être un véritable vecteur vers la lecture !

L’été prochain, vous présenterez « Les Mots du Sport » dans les villages vacances. À quoi peuvent s’attendre les agents et leur famille ?

É. Cénat – On commence par une introduction sur les premiers écrivains qui se sont penchés sur le sport. Ensuite, Patrice Delbourg brosse le portrait des écrivains, tandis que je lis des extraits de leurs textes. Les représentations seront agrémentées d’images d’époque et accompagnées d’une ambiance sonore. Nous terminons avec des textes de Lola Lafon, auteure de « La petite communiste qui ne souriait jamais », sur la gymnaste roumaine Nadia Comaneci qui avait obtenu la note parfaite de 10 aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Nous souhaitons faire de cette lecture un moment chaleureux, fructueux en échanges et débats avec le public ; c’est ce qui fait toute la particularité et la saveur des tournées avec la CCAS !


Retrouvez Éric Cenat dans vos villages vacances : le 15 août à Tourves (Var), le 16 août au Cap d’Agde (Hérault), le 17 août à Vias La Dune (Hérault), le 18 août à Aimargues (Gard).


 

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