Fest’Île-de-France : ici, c’est la famille !

Fest'Île-de-France : ici, c'est la famille ! | Journal des Activités Sociales de l'énergie | article festile 2

La bande des bâtisseurs du Fest’Île-de-France, réunissant plusieurs jeunes de CMCAS à l’échelle régionale. ©D.Delaine/CCAS

Avant leur grosse teuf nationale de Soulac 2018, les jeunes organisent leurs festivals régionaux, bâtis par et pour les collègues. Une manière de fédérer autour de « valeurs sûres » et de mix non-stop jusqu’à l’aube. Le week-end dernier, les jeunes d’Île-de-France ont ouvert le bal… comme diraient les anciens, qui leur ont laissé carte blanche sur ce coup. 

« Laura 78 », « Max 94 », « Willy 93 » … Nous ne sommes pas sur Adopteunélectricien.com, mais sous une toile de tente CCAS, près d’un petit château, dans un grand parc au bord de la Seine. À Vigneux-sur-Seine plus précisément, dans l’Essonne, propriété de la CMCAS Val-de-Marne, où plusieurs centaines d’électriciens et de gaziers sont attendus pendant le week-end. Le planning des bénévoles – un prénom, un département – affiche aussi des surnoms : Nours, Bamby, Lignard, parmi les dizaines d’agents actifs ou retraités venus construire le Fest’Île-de-France, premier festival des agents de la région parisienne.

Connexions directes

Pourquoi un festival, pourquoi toute la région ? Parce qu’affleure le besoin de se retrouver plus souvent. À Soulac-sur-Mer (Gironde), le festival national des énergies jeunes, où l’Île-de-France forme un îlot de solidarités, on devient rapidement potes, ou plus, d’ailleurs… mais deux ans, c’est long jusqu’à la prochaine édition ! Et les jeunes s’éparpillent, même s’ils travaillent parfois à 30 bornes les un.e.s des autres. Alors on retourne aux sources du « par et du pour », parce que ça permet de rappeler que la base des Activités Sociales dans la branche des Industries Electrique et Gazière, c’est l’autogestion.

« J’ai eu carte blanche de mon président de CMCAS », explique Cédric Cousin, secrétaire de la com’ jeunes et technicien d’exploitation réseaux à Maurepas, dans les Yvelines, tout près de la CMCAS. « Pour mettre en avant l’autonomie, on a mis en avant la confiance, confirme l’intéressé, Bernard Labreuil. Je suis heureux de voir que les forces se reconstituent ! » Elles mettent parfois du temps, et pour les entretenir, il faut encore et toujours créer du lien, entre ceux qui entrent dans les entreprises et ceux qui en sortent, parfois sans se croiser.

Ce festival est parti de rien, d’une idée qu’on a échangée… C’est une équipe de jeunes pour faire kiffer des jeunes. On s’est battus, on l’a eu, et on lâchera rien !

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Témoins mais aussi relais, les anciens partagent avec la jeunesse les valeurs et l’ambition solidaire, même si parfois l’art et la manière diffèrent… ©D.Delaine/CCAS

Moyens bénévoles en régénération

Car le temps passe, et passe, et passe, et beaucoup de choses ont changé, dixit Jackie et Ben-J des Nèg’Marrons, icônes de l’âge d’or du rap actuellement en tournée dans toute la France, venus ambiancer le Fest’Île. Dixit aussi l’ensemble des bâtisseurs, bénévoles et festivaliers, salarié.e.s d’entreprises auparavant nationalisées, aujourd’hui dispersées. Indépassable, le fossé des générations creusé par des départs à la retraite sans embauche, pendant plus de dix ans, a éloigné les jeunes embauché.e.s des anciens, de leur savoir, de leurs valeurs. Ce qui fait qu’à 30 ans à peine, beaucoup de jeunes portent la transmission sur leurs épaules, du moins celles et ceux qui ont eu la chance d’avoir appris avec les anciens. Boulot, droits, Activités Sociales, convivialité, militantisme et vivre ensemble… Tenant d’une main l’héritage, de l’autre les nouveaux embauchés d’à peine quelques années plus jeunes, le rôle des trentenaires est celui d’une courroie, qui, pour tenir bon, a parfois aussi besoin de faire la fête. Avec, ou sans les formes.

Philosophes, les anciens – les fameux, ceux du métier, des Activités Sociales et du syndicalisme – tiquent un peu sur la manière, mais certains sont conscients de l’enjeu. « Les jeunes ont une façon de communiquer entre eux qu’on n’a pas, et qu’ils savent déployer auprès d’autres jeunes, rappelle Corinne Bernardini, présidente de la CMCAS Essonne. Les anciens ont toujours l’impression que les jeunes vont les déposséder de ce qui existe. Mais les jeunes ont besoin de l’expérience, et les anciens de l’innovation et de l’ouverture d’esprit ! Le but est le même, montrer aux électriciens et gaziers ce qu’on peut faire dans les Activités Sociales, et passer le message : si j’ai pu le faire, tu peux le faire ! »

« L’avenir, c’est nous… », répondent les jeunes en choeur. Discrète sur les photos, mais aux commandes d’une organisation monstre, Adeline Chaumet ne cache pas sa fierté. Conseillère clientèle à EDF, déjà à l’oeuvre au groupe de suivi national de Soulac 2016, Adeline a distribué des flyers sur tous les sites de travail accessibles, pour que le maximum de jeunes sache qu’un festival bâti par et pour eux les attendait. « Sur Facebook, tu donnes les infos ; mais pour expliquer le projet et les valeurs, rien ne vaut l’humain. » Et de conclure :

Militer dans les Activités Sociales, c’est être investi d’une mission, celle de transmettre et de passer le flambeau. Pour qu’on continue à construire collectivement ce que nous avons vécu. Pour que les jeunes embauché.e.s aient accès aux mêmes droits et aux mêmes expériences collectives.


Bâtisseurs, bâtisseuses : portraits croisés

Bamby et Nours, superpotes de promo

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Nicolas Clouzeau et Florent Lathierre. ©D.Delaine/CCAS

Eux, c’est Bamby et Nours, 7e promo à Saint-Etienne. Bénévoles et bâtisseurs sur les congés, les RTT, les détachements quand ils tombent… ils sont de tous les Soulac depuis presque vingt ans. Formés par l’ancienne génération, ils sont au coeur du petit groupe de bâtisseurs de l’Île-de-France prêts à pérenniser un même esprit de solidarité et de déconne, au boulot ou en coulisses d’un festival.


Laura et Julien, amoureux solidaires

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Julien Lemaire et sa copine Laura, bâtisseurs et bénévoles. ©D.Delaine/CCAS

Entre réseaux sociaux et réseaux solidaires, les jeunes arrivent à se débrouiller pour ne pas rester isolés. C’est grâce à un site de rencontre en ligne que Laura, 22 ans, a bâti son premier festival pour les salarié.e.s des IEG, motivée par son copain Julien, 23 ans, technicien postes sources chez Enedis. Arrivé des Ardennes en apprentissage et dans un « logement 1% » , il y a un an et demi, le jeune embauché ne connaissait vraiment personne. En six mois, il intègre la com’ jeunes du 78 et avec Laura (fille d’électricien, tiens donc…), il donne un coup de main pour le bar à Soulac (« C’est entre gênant et frustrant de les regarder faire ! »). Un pas de plus a été franchi : les amoureux passeront la semaine à monter le Fest’Île-de-France… avant d’en profiter, même s’ils sont bénévoles.


Maryvonne et Marianne, mère et fille en or

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Maryvonne Vigou et sa fille, Marianne Robuchon, CMCAS Yvelines. ©D.Delaine/CCAS

« Quand on se parle des ‘valeurs’, entre nous, on n’a même pas besoin de préciser lesquelles : les militants et les gens investis les comprennent. » Dans la famille de Marianne et de Maryvonne, « les valeurs » sont un absolu qui relient les générations comme on tisse un fil d’or. Elevée par une mère femme et fille d’agent, entrée dans les Industries Electrique et Gazière en 1978 et finalement correspondante de SLVie, Marianne a écumé les colos CCAS, puis les séjours solidaires. La jeune chargée d’étude A8 assure qu’aucun ‘message’ n’est passé de vive voix, seulement par l’expérience : « En me faisant participer à ce monde des Activités Sociales, ma mère m’a permis d’apprendre, sans mettre de mots dessus. » Et Maryvonne de renchérir : « J’espère que parmi ces jeunes on trouvera les administrateurs de CMCAS de demain. La lutte ouvrière est toujours d’actualité, je ne crois pas qu’elle s’arrêtera un jour ! »

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