Bénéficiaire de la CMCAS Seine-Saint-Denis, Giulia Piktoroff met son temps et son énergie au service de la compagnie Jolie Môme pour faire du traditionnel rendez-vous auvergnat de la fin juillet une réussite. Un partenariat de la CMCAS Clermont-Le Puy.
« Je suis arrivée le 14 juillet et je repars le 2 août », lance Giulia en arborant son badge « organisation ». Cette bénéficiaire de la CMCAS Seine-Saint-Denis est l’une des chevilles ouvrière du festival La Belle Rouge qui se tenait à Saint-Amant-Roche Savine, dans le Puy-de-Dôme, du 26 au 28 juillet. Pour la militante associative de toujours, très engagée à gauche, cet évènement est l’occasion de déployer ses talents de cuisinière, mais aussi de médiatrice, de coordinatrice et même de pacificatrice.
Débordante d’énergie, Giulia, qui avoue « ne pas pouvoir rester sans rien faire », a un emploi du temps démentiel durant la manifestation : « Avant que la compagnie Jolie Môme, basée à Saint-Denis, ne prenne la route pour Saint-Amant-Roche Savine, je les ai aidés à remplir le 34 tonnes, et j’ai cuisiné pour eux durant toute la préparation du festival… Ensuite, je leur ai donné ma valise et j’ai pris le train pour les rejoindre dans ce petit village d’Auvergne où j’ai mes habitudes : sur place je prépare les repas de la compagnie durant les quinze premiers jours et, le soir, j’aide aux tâches administratives. »
Une histoire de famille
Militante de longue date au côté de son mari Christian, Giulia Piktoroff a rencontré la compagnie Jolie Môme au milieu des années 1980. Elle ne ratait aucune des interventions de la troupe au drapeau rouge dans la rue ou lors de manifestations pour la défense des services publics. Peu à peu cette joyeuse bande de saltimbanques a rythmé les évènements familiaux des Piktoroff.
« On fêtait les anniversaires lors des soirées cabaret au théâtre La Belle Étoile, lieu de résidence de la compagnie, à Saint-Denis. Le festival était une étape incontournable sur le trajet de nos vacances. Avec mon mari, nous faisions une halte de quatre ou cinq jours à Saint-Amant pour participer au montage et au démontage du chapiteau, donner un coup de main, et bien sûr profiter des spectacles, avant de reprendre notre route vers un centre de vacances CCAS dans le sud ou l’est de la France. »
Le 30 juin 2016, Christian décède brutalement. Militant syndical, il avait fait toute sa carrière à EDF où il était entré comme lignard à Villemomble (Seine-Saint-Denis) avant de progresser en passant par les cours du soir et les écoles de métiers pour terminer responsable informatique à la Défense (Hauts-de-Seine).
» Toute la troupe Jolie Môme est venue lui rendre un dernier hommage en chantant a capella lors de son inhumation. Ils ont été formidables, ils ne m’ont pas lâchée, raconte Giulia avec émotion. Ils voulaient même m’embarquer tout de suite avec eux au festival… Cette année-là je n’ai pas pu, mais ce ne fut que partie remise : un an après la mort de mon époux, je suis devenue voisine des Jolie Môme, et c’est tout naturellement que j’ai commencé à m’engager à leurs côtés. »
Un engagement qui correspond aux idées et à l’état d’esprit de Giulia qui, à travers son engagement bénévole, continue le combat qu’elle partageait avec son époux : « Mon mari avait eu la chance de rencontrer Marcel Paul et Suzanne Barès, sa compagne, et cela l’avait beaucoup marqué. Il gardait toujours près de lui le livre de Pierre Durand, « Marcel Paul, vie d’un pitau », dédicacé par Marcel Paul lui-même. Il avait le statut chevillé au corps et aujourd’hui c’est en son nom et au nom de l’intérêt général que je me bats pour le statut des agents. Je suis de toutes les manifestations, notamment à La Courneuve, près de chez moi où les agents ont réouvert une boutique EDF« .
Brigadiste corps et âme
Depuis trois ans, Giulia est devenue brigadiste corps et âme et en quelque sorte la mascotte de la compagnie. Parmi la centaine de bénévoles qui concourent à la réussite de l’évènement, cette petite bonne femme aux cheveux rouges et à l’allure déterminée, connue pour ne pas avoir la langue dans sa poche, est capable à la fois d’engueuler « pour leur sécurité » celles et ceux qui ne mettraient pas de chaussures fermées en cuisine ou qui se promèneraient avec un couteau dont le manche ne pointerait pas vers le bas, mais aussi de conseiller et de consoler, forte de sa longue expérience d’exercice de la solidarité et de la vie collective.
« Pendant le festival, je sors de la cuisine, car d’autres prennent le relais, et moi je coordonne tout ce petit monde en veillant à l’hygiène et à la sécurité des personnes qui y travaillent et je me consacre à la billetterie et à la petite boutique Jolie Môme qui jouxte le chapiteau politique. Et, comme il y a des haut-parleurs à l’extérieur, je peux suivre les débats et les conférences. Enfin, le soir, je suis au service d’ordre durant tous les spectacles avec pour mission de faire régner la sérénité. »
Des journées bien remplies, qu’elle termine dans son bungalow au centre de vacances Saviloisirs, conventionné CCAS. « Après avoir vu tant de monde toute la journée, j’ai besoin d’être au calme durant quelques heures, c’est pourquoi j’ai réservé un gîte dans cet endroit paisible sur les hauteurs du village, où les campeurs se retrouvent chaque année à l’occasion du festival. De part et d’autre de l’allée, on s’interpelle : « Comment s’est passée ton année ? Et les enfants, comme ils ont grandi ! »
Un programme riche et populaire
Sans oublier les conseils et critiques concernant les spectacles et autres temps forts du programme de La Belle Rouge. Cette année, le film « Basta capital », projeté en avant-première, récolte tous les suffrages. Cette farce politique qui vire parfois au thriller, réalisée par Pierre Zellner, avec entre autres comédiens Jean-Jacques Vanier, a été coécrite par Antoine, issu de la compagnie Jolie Môme, et sortira en salles en janvier 2020.
Autre temps fort particulièrement apprécié des festivaliers : la Fanfare en Plastic proposait un récital engagé, interprété avec talent et autodérision par une joyeuse bande de chanteurs amateurs qui reprennent des chansons populaires dans une mise en scène qui retrace avec un humour décapant les conditions de travail des ouvriers. De « Lili » de Pierre Perret aux « Mains d’or » de Lavilliers en passant par « Merci patron » des Charlots, la vingtaine de chanteurs-comédiens ont embarqué le public durant une heure trente. D’aucuns se sont même surpris à entonner les refrains avec eux…
En revanche, les avis sont plus partagés quant au spectacle « l’Accusée Louise Michel », proposé par la compagnie l’Épée de Bois. Si certains saluent la performance des trois comédiens et disent avoir appris des choses à propos de la Commune de Paris, d’autres regrettent une mise en scène trop statique et l’aspect scolaire du jeu des acteurs. Mais une chose est sûre, tous se sont retrouvés dans la cour du collège pour danser au rythme des nouvelles chansons de la compagnie au drapeau rouge, teinté cette année de vert et de jaune fluo…
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