Gwénaël Plagne (CSEC EDF SA) : « L’urgence d’un grand débat démocratique sur l’énergie »

Gwénaël Plagne, secrétaire du Comité social et économique central d'EDF SA. Ici au Conseil national de l'énergie en mai 2024.

Gwénaël Plagne, secrétaire du Comité social et économique central d’EDF SA. Ici au Conseil national de l’énergie en mai 2024. ©Julien Millet/CCAS

Les CSEC d’EDF SA et d’Enedis appellent dans une pétition à un grand débat public sur les grands enjeux énergétiques permettant de construire une politique ambitieuse. Explications de Gwénaël Plagne, secrétaire du CSEC d’EDF SA.

Pourquoi les CSEC d’EDF SA et d’Enedis ont-ils lancé une campagne exigeant un débat public sur l’avenir énergétique de la France ?

Gwénaël Plagne – Les crises énergétiques s’enchaînent : tensions géopolitiques depuis le début de la guerre en Ukraine, flambée des prix et aujourd’hui, réduction persistante de la consommation électrique. Notons aussi le black-out de la péninsule ibérique en avril dernier. Notre analyse est que le pays doit se questionner sur ce qu’il veut dans le long terme pour construire sa politique énergétique. Pour cela, la seule manière est de mener un grand débat démocratique, ne se limitant pas au Parlement, pour qu’on puisse trouver un terrain commun permettant aux entreprises d’anticiper l’action de l’État et d’avoir une vraie stratégie.

Un décret – comme celui que l’on attend depuis des mois sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie –, n’engage qu’un gouvernement. C’est insuffisant en cette période d’instabilité politique. Il faut un débat public débouchant sur une loi qui définisse ce dont le pays a besoin – combien de nucléaire ? combien d’énergies renouvelables ? – pour pouvoir planifier les investissements dans la production comme dans les réseaux. C’est tout cela que porte la campagne « Avenir énergétique ? Pas de 49.3 » du CSEC, avec plus de 3 000 points d’affichage et une pétition qui approche les 90 000 signataires à l’heure où l’on parle.


Campagne des CSEC d'EDF SA et Enedis pour un débat public sur l'énergie.©CSEC EDF/Enedis

« Exigeons un vrai débat démocratique sur l’avenir énergétique de la France »

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L’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), qui obligeait EDF à vendre une partie de sa production à la concurrence à prix cassé, prend fin au 31 décembre 2025. Par quoi le remplacer ?

Pour penser l’avenir, il faut faire le bilan du passé. La première chose que nous demandons est une commission d’enquête parlementaire pour faire le bilan de ce dispositif emblématique du libéralisme, responsable de la moitié de l’endettement d’EDF. Nous demandons aussi un moratoire sur le versement nucléaire universel (VNU), censé prendre la suite de l’Arenh au 1ᵉʳ janvier 2026, un mécanisme imposé, opaque et sans bénéfice pour les usagers. L’Arenh concernait, selon les années, entre le quart et la moitié de la production d’EDF. Le VNU concernerait toute la production nucléaire d’EDF. On trouve là la fausse logique libérale que l’on ne connaît que trop bien : si le marché ne fonctionne pas, c’est qu’il faut plus de marché.

De plus en plus de secteurs de la société s’élèvent contre cette logique pour réclamer un service public de l’énergie. Parce qu’il est garant de tarifs justes pour les consommateurs, et c’était le sens de la tribune que j’ai cosignée avec la présidente de l’UFC Que choisir. Mais aussi parce qu’il est garant de stabilité. Les collectivités locales n’en peuvent plus de dépendre de mécanismes de marché, aux effets imprévisibles, pour le chauffage des bâtiments publics. Vouloir soumettre à partir du 1er janvier l’intégralité de la production électrique aux mécanismes de marché place les collectivités locales, donc les services publics de proximité, à la merci d’une nouvelle crise géopolitique.

Un autre enjeu de 2026 va être l’avenir du système de concession des barrages à EDF, remis en cause par l’Union européenne. Quelle est la position du CSEC sur cette question ?

Le CSEC a salué comme une avancée au niveau européen la proposition de passer d’un système de concession (l’État, propriétaire des ouvrages, les concède pour une longue durée) à un système d’autorisation (l’État rend propriétaire l’exploitant de l’ouvrage). Même s’il ne correspond pas à nos attentes, ce nouveau système représente un moindre mal pour éviter la vente au privé et permettre la relance des investissements.

En revanche, nous nous méfions énormément des mesures de compensation qui seront proposées, actuellement en discussion. Il est question d’une obligation faite à EDF de vente de 6 gigawatts de capacité de production hydro-électrique. Nous avons obtenu la fin de l’Arenh, ce n’est pas le moment de la réintroduire dans l’hydraulique.

L’année qui vient de s’écouler a été aussi celle d’un renouvellement des directions EDF, notamment celui du PDG. Qu’est-ce qui a changé pour les salariés ?

Pour les salariés, la nouvelle direction autour du PDG Bernard Fontana s’est surtout illustrée par un plan d’économies d’un milliard d’euros sur les frais généraux – ce qui entraîne automatiquement une dégradation des conditions de travail – et par un resserrement disciplinaire sur la sécurité, la santé ou la responsabilité numérique. Si l’on y ajoute des négociations annuelles obligatoires (NAO) indignes, on voit là de très mauvais signaux adressés aux salariés, en totale contradiction avec l’ambition affichée de développement industriel que nous pourrions partager.


Pour un débat public sur l’énergie : signez la pétition

« Les décisions sur notre avenir énergétique se prennent sans débat à l’Assemblée nationale, sans transparence, rappellent les CSEC d’EDF SA et d’Enedis. Pourtant, elles engagent notre destin énergétique et nos vies ». Les représentants des salariés ont donc lancé une pétition pour alerter sur l’urgence d’un débat démocratique sur l’avenir de l’énergie, et invitent à signer une pétition en ligne.

Signer la pétition

Campagne des CSEC d'EDF SA et Enedis pour un débat public sur l'énergie

Campagne des CSEC d’EDF SA et Enedis pour un débat public sur l’énergie. ©CSEC EDF/Enedis

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