« Hanbok » : retour vers son passé abandonné

Sophie Darcq, autrice de Hanbok, sélectionné par la CCAS en 2024 pour intégrer ses bibliothèques, viendra parler de sa BD durant l'été dans les villages vacances. ©Lisa Boghos

Sophie Darcq, autrice de Hanbok, sélectionné par la CCAS en 2024 pour intégrer ses bibliothèques, viendra parler de sa BD durant l’été dans les villages vacances. ©Lisa Boghos

Bande dessinée autobiographique, « Hanbok » retrace le voyage de Sophie et de l’une de ses sœurs en Corée du Sud, leur pays natal, sur les traces de leur enfance et d’un passé douloureux. Entre travail de mémoire et enquête nécessaire, ce livre évoque, avec justesse et sobriété, le problème de l’abandon et de l’adoption, sans jamais verser dans le pathos. « Hanbok » (ce terme désigne le costume traditionnel coréen) est le premier ouvrage de la dessinatrice Sophie Darcq. Il a été choisi par la CCAS pour sa dotation lecture 2024.

L’histoire

Hanbok, de Sophie DARCQ, Prix Quai des bulles 2023, L'Apocalypse, sélection lecture CCAS 2024Août 2004. Sophie a enfin franchi le pas. Sans doute assez mûre pour le faire. Dans l’avion qui la transporte vers la Corée du Sud, son pays natal, la jeune femme, assise à côté de sa sœur Virginie, vole ainsi vers son passé. À la rencontre de sa famille biologique que seule sa sœur connaît. Au-delà d’une quête personnelle et spirituelle, la « petite fille abandonnée là-bas et adoptée en France », qui ne parle pas le coréen, part surtout vers cet inconnu, en quête de savoir. Jusqu’à la rencontre émouvante, essentielle et instructive avec sa mère biologique.

« Hanbok », de Sophie Darcq, éditions L’Apocalypse, 2023, 120 p.

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Sophie Darcq : « Être dans l’écoute, la recherche et non pas dans le jugement, c’est ce qui fait avancer »

Quelques mois après avoir reçu un prix au festival Quai des Bulles de Saint-Malo, vous récidivez avec le Fauve spécial du jury au Festival d’Angoulême, là même où vous avez fait vos études. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Sophie Darcq – C’était déjà génial d’être dans la sélection. À Saint-Malo… et à Angoulême, plus d’un an après la sortie du livre. Ce prix l’a fait revivre. Et puis, c’est la reconnaissance du métier dans cette ville où j’ai vécu douze ans, la ville de la BD ! L’histoire du livre se situe justement à l’époque où j’habitais ici. C’est comme un clin d’œil. Émotionnellement, c’est très fort pour moi.

Cette œuvre intime, profonde, pourquoi avoir attendu dix-huit ans pour la finaliser ?

J’ai commencé ce projet après le voyage en Corée du Sud, en 2004, et je suis entrée en résidence pour y travailler, pendant deux ans d’abord à la Maison des auteurs à Angoulême, puis pendant six mois en Corée, en 2008. Je me suis arrêtée avant la rencontre avec la mère biologique… Avec le recul, je me dis qu’il me fallait de la maturité pour aborder cette rencontre. Les faits que je voulais raconter n’ont pas changé, mais la manière de les raconter aurait été différente il y a dix-huit ans. Durant ces années, j’ai animé des ateliers BD en milieu scolaire et à la fac, j’ai collaboré à des fanzines collectifs et réalisé quelques commandes, en ayant toujours ce projet en tête.

Comment arrive-t-on à se raconter pour les autres et à se détacher de ses émotions lorsqu’on a vécu une histoire comme la vôtre, entre abandon et adoption ?

En tant que lectrice, je n’aime pas quand c’est trop larmoyant. Et en racontant mon histoire, je voulais être au plus proche de ce que j’avais ressenti lors de ce voyage avec ma sœur. C’est-à-dire un voyage avec plein de sentiments différents, des anecdotes plutôt drôles mêlées à des moments plus douloureux. C’est aussi le récit d’un voyage avec tout ce que cela comporte : des rencontres, des découvertes, des imprévus, etc.

Comment définissez-vous ce travail de mémoire très particulier ?

C’est une quête, et une enquête, qui débute lorsque ma sœur revient de son premier voyage en Corée et ramène des photos de nos parents biologiques qu’un des oncles avait gardées. Ces images sont le point de départ du voyage. Et de mon livre en même temps. Je définis mon livre comme le témoignage d’une histoire de famille, un récit composé de souvenirs collectifs, les miens mais aussi ceux de mes sœurs et de mes parents.

Y a-t-il une part d’imagination dans ce récit autobiographique, mélange de souvenirs, de rencontres, de photos que vous avez dessinées ?

Je ne sais pas si on peut appeler cela de l’imagination. Quand, par exemple, on raconte verbalement à un ami ce qui nous est arrivé la veille, on se met en situation et on fait de la mise en scène. On retranscrit un moment avec les moyens que l’on a, avec le langage qui nous est propre. Dans mon cas, c’est le langage de la bande dessinée. Au même titre qu’avec la parole, quand on fait une BD, on fait des choix de mots et d’images, on crée des effets de rythme et d’ellipse, on fait des choix de cadrage et de composition, etc. Tous ces éléments servent à développer le récit et à transmettre des émotions.

Techniquement, le dessin vient avant la narration ou c’est l’inverse ?

Pour moi, c’est indissociable. Il n’y a pas vraiment d’ordre parce que je conçois le dessin de BD comme de l’écriture.

Sur la couverture, puis tout au long du livre, vos dessins, tirés des photos, montrent des visages vides. Pourquoi ?

Au moment où j’ai dessiné ces images, je ne me suis pas vraiment posé la question. « Remplir » les visages à ce moment-là n’était pas nécessaire, j’avais dessiné tout ce qu’il y avait autour et cela suffisait, ça n’aurait rien apporté de plus de dessiner l’intérieur des visages. Et puis cela donne un espace que chaque lecteur peut interpréter à sa façon. On peut y voir une disparition d’identité, un miroir… en tout cas, c’est un point de questionnement.

Justement, en ayant « deux familles, deux cultures » et le vécu que vous avez, est-on toujours en quête d’équilibre ?

L’équilibre, on le trouve quand on se rend compte que notre histoire est une richesse. Dès lors, ta place n’est ni d’un côté ni de l’autre. Je pense que les mentalités ont changé, que la société a évolué et que le contexte est favorable à ce genre de ressenti. En ce qui me concerne, ma place a toujours été ici, en France.

Il y a une sorte de sérénité, presque de pardon dans vos propos malgré la gravité de votre histoire. C’est dû au recul ?

Sans doute. S’il y a un message à deviner dans ce livre, c’est qu’il ne faut pas individualiser les faits. C’est mieux de se poser la question du contexte politique, sociétal, familial pour analyser les raisons, les racines d’un acte. Je pense bien évidemment à celui de la mère biologique qui soulève la question cruciale de l’abandon des enfants. Qu’est-ce qui fait qu’un individu est amené à quitter le foyer ? Être dans l’écoute, la recherche et non dans le jugement, c’est ce qui fait avancer.


Des livres et des rencontres pour l’été

Mille feuilles sélection livres adultes 2024

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Voir aussi : les rencontres culturelles de l’été

 

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