En augmentant la contribution sociale généralisée (CSG), le gouvernement entend rendre du pouvoir d’achat aux salariés, quitte à faire payer un peu plus les retraités…
CSG. Trois lettres que les Français ont découvertes en 1991, date de la création de la contribution sociale généralisée par le gouvernement de Michel Rocard. À l’époque, ce nouvel impôt, étendu à l’ensemble des revenus des personnes résidant en France, visait à combler le trou de la Sécu en diversifiant le financement de la protection sociale, jusqu’alors seulement financée par les cotisations salariales et patronales. Prélevée sur les salaires, les pensions de retraite, les indemnités chômage, les revenus du capital et du patrimoine, la CSG finance depuis l’assurance maladie, la Caisse nationale d’allocations familiales et le fonds de solidarité vieillesse. C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : redonner du pouvoir d’achat aux salariés. « Le travail doit payer », expliquait-il alors. D’où son projet d’augmenter de 1,7 point le taux normal de la CSG pour le porter à 9,2 % sur les salaires, contre 7,5 % aujourd’hui. En contrepartie, toutes les cotisations salariales, maladie et assurance chômage pour les salariés du secteur privé (3,15 % du salaire) seraient supprimées.
L’addition risque d’être salée
Selon les calculs du cabinet de conseil en gestion du patrimoine Fidroit, 99 % des salariés constateront bien en 2018 une augmentation de leurs revenus en bas de leur fiche de paie. Pas de quoi faire des folies : en moyenne, un salarié payé au SMIC « touchera » environ 20 euros de plus par mois… Pour les travailleurs indépendants, la hausse de la CSG sera compensée par la baisse de leurs cotisations famille et maladie. 75 % d’entre eux bénéficieront d’une augmentation de pouvoir d’achat, a affirmé le ministre des Comptes publics début août. Quant aux fonctionnaires, les compensations ne sont pas connues à ce jour. En revanche, pour les huit millions de retraités imposés à la CSG au taux plein, l’addition risque d’être salée. Tous les retraités qui déclarent un revenu net imposable supérieur à 14 375 euros subiront une perte de l’ordre de 600 euros par an environ. Les retraités les plus modestes (40 %) touchant moins de 1 200 euros net mensuels ne sont pas concernés par cette augmentation.
Cette hausse de la CSG fait grincer des dents. Réunissant neuf organisations, l’intersyndicale des retraités conteste haut et fort une mesure qui frappera 60 % des retraités alors que les retraites et pensions n’ont pas été revalorisées depuis quatre ans. « Si l’on comprend bien, c’est en prenant dans la poche des retraités que l’on pourrait redonner du pouvoir d’achat aux actifs », conteste-t-elle. Tandis que les Républicains dénoncent un « matraquage fiscal », le PS considère que cette réforme « va frapper les retraités très durement ». Dans leur ensemble, les Français sont loin d’être convaincus. D’après un récent sondage 1, 64 % des personnes interrogées se disent opposées à l’augmentation de la CSG pour tous afin de faire baisser les cotisations salariales. Pour mieux faire passer la pilule, le gouvernement s’évertue depuis le début de l’été à expliquer que son projet de suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages aura un impact sur le pouvoir d’achat de tout le monde, retraités compris. Pas sûr que cela suffise à calmer le mécontentement des seniors, très amers.
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