431 millions d’euros. Si le chiffre peut paraître exorbitant, il est surtout décevant. En annonçant cette somme, le 28 octobre, au titre de la dotation du 1 % pour le budget 2016, les employeurs de la branche des industries électrique et gazière ont asséné une violente charge envers les Activités consécutive, ce sont près de 70 millions d’euros cumulés qui ont été confisqués aux agents des IEG. Entretien avec Michaël Fieschi, président de la CCAS, pour lequel une contre-attaque collective est impérieuse et urgente.
Le 29 octobre dernier, le conseil d’administration de la CCAS a refusé de voter le budget prévisionnel pour l’année à venir. C’est une première dans l’histoire de l’organisme ?
Oui ! Et cela démontre bien la gravité de la situation. Voter le budget, c’est accepter de fait la proposition qui nous est divulguée. Or elle est inadmissible et indécente. Elle remet en cause le travail réalisé par les élus, le personnel des Activités Sociales, permanent, saisonnier ou autre. Elle affecte directement les électriciens et gaziers, leurs activités, alors que les besoins sociaux sont grandissants. Sous la contrainte, du fait du Vivre ensemble montant de cette somme, nous serions obligés de laisser en désuétude des domaines,
tels que le sport, la santé, la culture, etc. qui sont la pierre angulaire de nos valeurs et de nos prérogatives.
Moins 14 % sur la dotation du 1 %, chiffré à 431 millions d’euros, concrètement qu’est-ce que cela signifie ?
Le chiffre annoncé induit une prise de décisions drastiques pour l’ensemble des Activités Sociales et par ricochet auprès de nos partenaires. Nos centres de vacances sont souvent, par leur fréquentation, un moteur
économique pour pas mal de communes, notamment en zone rurale. Nous sommes aussi, rappelons-le, le premier employeur dans le secteur du spectacle vivant avec plus de 1 200 représentations par an. Alors, quid de tout cela ? En ce qui concerne les bénéficiaires, quid du Festival d’énergies, rassemblement idoine pour bâtir les Activités Sociales de demain des livres dans nos bibliothèques, des rencontres sportives ou encore de la CSMR pour les retraités…
Depuis des années la CCAS fait des efforts considérables pour rétablir l’équilibre financier. Quel sens donner à ce « pied de nez » des directions ?
En adoptant cette attitude, le patronat table insidieusement sur la division à l’intérieur de nos organismes. Que l’on oppose, par exemple, CCAS et CMCAS pour savoir qui va bénéficier du budget. Alors que notre offre est complémentaire. Devant ce fait quelle posture devons-nous adopter ? Celle d’abdiquer et d’être étranglé financièrement au risque d’avoir à en tirer des conséquences néfastes et de faire des victimes collatérales, et ce contre notre gré, ou réagir. Suite à l’attaque sur le tarif agent, la mobilisation des bénéficiaires avait été exceptionnelle, balayant les intentions des ministères de tutelle. Aujourd’hui, un tel sursaut peut-il se produire ? En décembre, de toute façon, il faudra voter un budget. Il y a donc vraiment urgence à se mobiliser au-delà de toutes divergences. Certes, en période de crise, la mobilisation est toujours plus laborieuse. Les réformes permanentes au sein des entreprises, en mutation incessante, accentuent aussi les difficultés à fédérer autour d’une cause. Je ne prendrai qu’un exemple. Le 22 octobre dernier, les élus du CCE EDF SA représentant les organisations syndicales CGT, CFE-CGC, CFDT et FO ont alerté sur les graves risques qui pèsent sur l’avenir du service public EDF : le dossier d’Areva, celui des concessions hydrauliques, les fermetures programmées en 2016 de Fessenheim et de la centrale thermique d’Aramon, dans le Gard. Mais sous prétexte de ce marasme savamment orchestré, doit-on accepter de courber l’échine alors qu’il n’y a jamais eu autant d’argent dans les entreprises, et que les dividendes versés aux actionnaires sont en augmentation. La question mérite incontestablement réflexion et réaction. Ne rentrons surtout pas dans la spirale du déclin. Avec un peu de recul, quel sentiment prédomine après cette annonce « couperet » ? La colère ! Sommes-nous les seuls à croire à l’avenir des Activités Sociales, à leur entité et leur utilité, lorsqu’on sait ce qu’elles ont permis de réaliser en terme de développement du service public dans ce pays ? En quoi aujourd’hui, en 2015, seraient-elles un coût pour les employeurs ? Dans ces situations mouvementées, souvent la cacophonie prend le dessus, or elle est inutile et stérile. Le discernement et la lucidité doivent primer. Et il ne faut pas se tromper d’adversaire, ni d’interlocuteur au risque de se fourvoyer. Déverser son fiel sur la CCAS, sa façon de gérer, ne fait qu’accroître les politiques d’austérité des directions et des ministères de tutelle, seuls responsables de cette situation. Dans ce cas, l’union de tous les salariés est plus que nécessaire. Afin d’exiger ensemble la transparence et des négociations sur le financement. À la veille de l’anniversaire des congés payés et de la nationalisation… je réfute en bloc l’idée d’une « chronique d’une mort annoncée » de nos Activités Sociales.


























