Surveillance des agences de renseignement et des multinationales, protection de l’anonymat sur Internet, culture « hacktiviste » et politique des biens communs : la rédaction s’est entretenue avec le journaliste d’investigation Jean-Marc Manach, spécialiste d’Internet, des questions de surveillance et de vie privée.
Journaliste d’investigation, depuis le début des années 2000 Jean-Marc Manach s’intéresse aux mythes et aux réalités qui entourent la « surveillance de masse ». En 2011, il contribue à la publication par le site WikiLeaks de documents sur les pratiques de surveillance et d’interception des communications, les « Spy Files ».
Surveillance(s) de masse, cyber-résistances et contre-cultures Internet : trois thèmes, trois chantiers d’investigation et d’éducation que la rédaction a abordés avec Jean-Marc Manach.
Surveillance(s) de masse : mythe ou réalité ?
En 2013, un ancien agent de la CIA et consultant de la National Security Agency américaine (NSA) transmet à deux journalistes, Glenn Greenwald et Laura Poitras, plusieurs milliers de documents révélant la surveillance mondiale d’Internet, mais aussi des téléphones portables et autres moyens de communication. Ce lanceur d’alerte s’appelle Edward Snowden. Avec la complicité des géants d’Internet, la NSA et les agences de renseignement mondiales espionneraient les télécommunications des citoyens et des Etats du monde entier. Publiées et analysées par plusieurs médias, ces « révélations Snowden » ont durablement transformé le rapport des citoyens à leur vie privée. Jusqu’à la paranoïa ?
Demain, tous des Anonymous ?
Défense des libertés numériques, logiciels de chiffrement, hygiène de sécurité informatique… Autant de domaines dans lesquels la France est, selon Jean-Marc Manach, « en retard ». La faute à une méconnaissance de la contre-culture d’Internet et des outils, logiciels ou réseaux parallèles, qui apparaissent comme réservés aux spécialistes, voire aux pirates informatiques. La faute aussi, donc, à l’image négative véhiculée par ces outils, dont l’usage serait réservé aux terroristes, aux cybercriminels et aux « hackers » – bref, à ceux qui auraient « quelque chose à cacher ». Autant d’idées reçues que Jean-Marc Manach s’efforce de déconstruire.
Entre méconnaissance et méfiance de la part du grand public, l’image d’un cyber-espace hors la loi incite régulièrement les pouvoirs publics à tenter de réguler, voire de contrôler Internet. Pourtant, les contre-cultures issues d’Internet sont à l’origine de projets de sociétés alternatives, et sont productrices de valeurs : partage des connaissances, création de biens communs, horizontalité, gratuité et logiciel libre… Dans leur webdocumentaire Une contre-histoire de l’Internet, coécrit avec Julien Goetz, Jean-Marc Manach retraçait l’histoire des « hacktivistes » défenseurs des libertés numériques et du projet d’utopie sociale porté par Internet. Des « lolcats » au transhumanisme, il nous en donne un aperçu.
Contre-culture
Co-fondateur en 2000 des Big Brother Awards, Jean-Marc Manach tient un blog consacré aux libertés numériques, Bug Brother. Il est également l’auteur de plusieurs livres sur la surveillance et la vie privée, parmi lesquels « Big Brother Awards. Les surveillants surveillés » (coll., Zones, 2008), « La Vie privée, un problème de vieux cons ? » (FYP éditions, 2010), et récemment d’une bande dessinée, « Grandes oreilles et bras cassés » (illustration de Nicoby, Futuropolis, 2015). Lire un extrait.
Jean-Marc Manach est sur Twitter |
Bonjour,
Dans la première vidéo jean-Marc Manach dit « on n’a pas beaucoup de moteurs de recherche aussi performants que Google ». Pourrait-il définir ce qu’il entend par «performant » ?
Merci