Juré d’un été du prix intergénérationnel Chronos vacances, comme plus de mille jeunes colons de la CCAS, cette année c’est Jalil, 11 ans, qui a récompensé la lauréate.
« J’aime les bandes dessinées. J’aime le chocolat. J’aime lire. Et j’aime voter. » On ne peut être plus clair sur ses goûts littéraires, Jalil Bensoltane Pallu, 11 ans, justifie ainsi sa préférence pour l’album jeunesse « Papi chocolat », récompensé mercredi 29 novembre du prix Chronos vacances. Cet été, comme plus de mille petits bénéficiaires des Activités Sociales de 6 à 11 ans, Jalil a voté pour son ouvrage favori au cours de sa colo à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes).
Il rejoint ainsi les 25 000 lecteurs « de 5 à 95 ans et plus » embarqués dans le prix Chronos de littérature, qui anime écoles, collèges, lycées et bibliothèques, et dont le prix Chronos vacances est une déclinaison estivale. Cinquante-deux centres de vacances jeunes et adultes ont donc soumis à la lecture et au vote quatre albums jeunesse sélectionnés par la CCAS et l’Uniopss*, partenaires sur ce projet depuis neuf ans.
Des sujets « costauds »
Les albums sélectionnés abordent les relations entre les générations, la transmission du savoir, mais aussi le parcours de vie, la vieillesse et la mort. Autant de sujets difficiles mais avec lesquels « les enfants sont naturellement plus à l’aise que les parents », souligne Zad, illustratrice et coauteure avec Didier Jean de « Papi chocolat ». « Les livres sont un prétexte pour mettre ensemble des mots sur ces sujets, tout en gardant la distance apportée par la fiction », explique la lauréate, qui, avec son comparse, illustre ou écrit des histoires sur le deuil (« Mais quelle idée ! »), le déracinement (« Paris-Paradis », 3 vol.) ou le handicap (« Mon extra grand frère »).
Envisager les personnes dans leur entièreté, et valoriser toutes les étapes du parcours de vie.
À côté de ces sujets « costauds », l’album récompensé cette année paraît léger : Salomé entre en guerre contre son papi retraité qui, apprenti chocolatier dès 14 ans, veut désormais consacrer du temps à sa propre vie… refusant d’être (uniquement) son bien-aimé « Papi chocolat ». Le prix Chronos, c’est aussi ça, rappelle Pierre Mortier, directeur des ressources au réseau de l’Uniopss : « Envisager les personnes dans leur entièreté, et valoriser toutes les étapes du parcours de vie. » Le prix Chronos de littérature est d’ailleurs remis chaque année dans le cadre de la Semaine bleue, la Semaine nationale des retraités et personnes âgées.
« Les enfants ne mentent pas »
Autre originalité : l’attribution du prix Chronos réunit toutes les conditions d’un vote civique. Cartes d’électeur.rice, bulletins de vote, feuilles d’émargement, dépouillement… sans oublier débats et temps d’échanges. Autant d’ingrédients « fidèles au projet d’émancipation par la lecture et l’expression démocratique que nous portons », estime le président de la commission des activités culturelles de la CCAS, Christophe Vanhoutte, rappelant la réécriture récente du Projet citoyen des Activités Sociales. « Les enfants ne mentent pas, commente la lauréate, à qui le jeune Jalil a remis son prix en main propre, en échange de l’album dédicacé. Qu’ils aiment ou non, c’est sincère et sans a priori ! »
Côté lectures, l’élève de 6e dévore romans, mangas et bandes dessinées. En ce moment, Jalil lit « la Guerre des clans », épopée fantastique et féline en plusieurs tomes. Sa mère penche plutôt pour Fred Vargas et ses romans policiers. Juriste chez Engie à Paris-la Défense (Hauts-de-Seine), entrée à Gaz de France il y a vingt ans, Delphine Pallu étudie la doctrine juridique, nécessaire à la compréhension du droit. Mais elle préfère rêver. « La doctrine nous garde bien ancré dans la réalité… alors que les livres nous guident vers un autre monde ! »
* Uniopss : Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux. Elle reprend en 2014 le prix Chronos de littérature, créé en 1996 par la Fondation nationale de gérontologie.
Les albums de la sélection Chronos vacances
« Catalogue des mamies et des papys », de Lionel Koechlin, Gallimard Jeunesse, 2017, 52 p., 12,50 €. « Papi chocolat », de Didier Jean et Zad, éd. Utopique, 2017, 40 p., 15,50 €. « Le Jardin de Madame Li », de Marie Sellier et Catherine Louis, Picquier Jeunesse, 2016, 48 p., 14,50 €. « Les Petits Sentiers d’Obaasan », de Delphine Roux et Pascale Moteki, Picquier Jeunesse, 2016, 36 p., 13,50 €.