Sorti en novembre dernier, le film « La Fille de Brest », qui a fait 170 000 entrées en une semaine, raconte l’histoire d’Irène Frachon, une lanceuse d’alerte déterminée dans son combat pour ses patients. Nous l’avions rencontrée en 2013.
L’histoire. Dans son hôpital de Brest, une pneumologue, Irène Frachon, découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d’un médicament en vente depuis trente ans, le Mediator. Face au silence des agences sanitaires et du laboratoire Servier qui commercialise le médicament, elle décide de révéler l’affaire aux médias.
Au milieu de vagues déchaînées, une femme nage seule. La première image de « La Fille de Brest » symbolise la bataille éreintante menée par Irène Frachon pour faire interdire le Mediator. Avec l’exactitude de détails d’un documentaire et le rythme haletant d’un thriller, la réalisatrice Emmanuelle Bercot nous plonge dans les coulisses de ce combat du pot de terre contre le pot de fer.
Irène Frachon, selon Emmanuelle Bercot, est une « femme très spontanée, pas du tout politique ».
« Une personne ordinaire à qui est arrivée une histoire extraordinaire. Quelqu’un qui n’agit pas par calcul. Dotée d’une énergie incroyable, une espèce de rouleau compresseur à la très grande joie de vivre. Son langage est assez fleuri, donnant l’impression de quelqu’un qui met sans arrêt les pieds dans le plat, et se fiche des conventions. Avançant sans cesse, quoi qu’il en coûte ».
Dans la blouse blanche du docteur Frachon, Sidse Babett Knudsen, Première ministre de la série « Borgen », incarne point par point cette description.
Lire notre entretien avec Irène Frachon, « Médecine sous influence« , réalisé en avril 2013 |
« La Fille de Brest » a été tourné au CHU où exerce toujours la pneumologue et où elle a commencé son enquête politico-médicale en 2007. Le film s’arrête en 2010, après que les autorités sanitaires ont décidé le retrait du marché du Médiator. Ce médicament aura fait au minimum 2000 morts et handicapé des milliers de personnes.
À l’été 2015, en compagnie de personnalités du monde médical tels Axel Kahn, Rony Brauman, Israël Nisand, Irène Frachon a lancé le Manifeste des 30, un appel au corps médical à réagir et à couper les ponts avec le laboratoire Servier. Fin 2016, il n’y a toujours pas eu de procès pénal contre le laboratoire, rappelle Irène Frachon. Le combat n’est pas terminé. Et les victimes peinent à se faire indemniser.
« Mediator 150 mg. Combien de morts ? » d’Irène Frachon, éd. Dialogues, 2010, 150 p., 15,90 euros.