Gazier chez Natran, Fabien Maury a embrassé son amour de la voile en parcourant 30 200 milles nautiques (soit près de 59 000 kilomètres) en solitaire.

Gazier chez Natran, Fabien Maury a embrassé son amour de la voile, découvert grâce à la CCAS, en parcourant 30 200 milles nautiques (soit près de 59 000 kilomètres) en solitaire, lors d’un voyage débuté en septembre 2024. ©Philippe Marini/CCAS

Chargé de santé sécurité au travail chez Natran (ex-GRTGaz), Fabien Maury vient de boucler un tour du monde à la voile en solitaire sur les trois quarts du parcours du Vendée Globe. Cet Aveyronnais souhaite désormais transmettre sa passion à 1 000 jeunes grâce à son association.

Le voilier de Fabien Maury a retrouvé sa place au n°20 du quai D à Carnon (Hérault), son port d’attache, après une très longue traversée. Le marin de 54 ans, originaire d’Entraygues-sur-Truyère, dans l’Aveyron, a vécu une expérience forte à bord de l’Aqui Lou (« Ah, enfin, le voilà ! »), son monocoque de 10,50 mètres, entre le 21 septembre 2024 et le 10 juin dernier. Plus d’une fois, il s’est fait bouléguer (« secouer ») alors qu’il réalisait ce qu’il appelle sa « circumnavigation ».

« Ce projet un peu fou de tour du monde en solitaire, sans escale et par les trois caps, était un rêve que j’avais depuis longtemps », raconte ce skipper en « état d’esprit positif permanent », une expression qu’il emprunte à un autre aventurier des mers, Alfonso Pascual.

« Ce sont ces premières vacances [avec la CCAS] qui m’ont piqué ! »

Tombé très jeune dans la marmite d’eau – pas forcément salée ! – des lacs de l’Aveyron, Fabien a découvert la voile habitable à 20 ans grâce à la CCAS : il passe quinze jours sur le catamaran Languedoc entre Saint-Cyprien et Minorque. « Ce sont ces premières vacances qui m’ont piqué ! »

Depuis, le virus ne l’a pas lâché et il est allé jusqu’à décrocher le diplôme de skippeur : celui-ci lui permet d’encadrer des séjours sur les deux bateaux de la CCAS, Solidaritat et Unaniezh.

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Retrouvez notre reportage auprès de Fabien Maury.

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Conseillé par un double lauréat du Vendée Globe

Un tour du monde est une aventure qui ne s’improvise pas. « J’ai calé la date de mon départ deux ans avant et élaboré un rétroplanning. Chaque matin, j’allais voir le soleil se lever sur la plage. J’imaginais tous les scénarios possibles. »

Fabien se prépare en suivant les Réglementations spéciales offshore (RSO), se teste pour chronométrer le temps qu’il mettrait pour quitter le bateau avec son équipement de survie. Il s’équipe de moyens de communication par satellite, « sans oublier la balise personnelle » : « je l’ai gardée dans ma poche H 24 durant le voyage, et même un jour après mon arrivée ! »

« Je savais que je pouvais manquer de lucidité, le plus grand risque étant celui de la météo. »

Fabien Maury a découvert la voile à 20 ans lors d’un séjour avec la CCAS. Il a depuis encadré lui-même des séjours, et poursuit son implication auprès des jeunes en fondant l’association Mets les voiles, dédié à la voile habitable. ©Philippe Marini/CCAS

Autre précaution : le marin demande à deux amis skippeurs et collègues, Pascal et Christian, d’assurer depuis la terre les rôles respectifs de M. Sécurité et M. Météo. « Je savais que je pouvais manquer de lucidité, le plus grand risque étant celui de la météo », souligne Fabien, qui se retrouve aussi conseillé par un certain… Michel Desjoyeaux, après un coup de fil au Pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt, à La Forêt-Fouesnant (Finistère). Le double lauréat du Vendée Globe lui recommande de ne pas s’aventurer vers le cap Horn : « j’ai dû adapter mon itinéraire et passer par le canal de Panama. »

225 jours de navigation et 59 000 km parcourus

Il aura fallu au marin d’Entraygues 225 jours de navigation pour réussir son exploit : parcourir 30 200 milles nautiques (soit près de 59 000 kilomètres) à une moyenne de 5,6 nœuds (un peu plus de 10 km/h), non sans heurts. Il a fait cinq escales techniques, dont une au cap de Bonne-Espérance pour changer le safran bâbord et soigner son bras blessé.

Au quotidien, il a consigné ses aventures sur son journal de bord et les a partagées sur son site internet. « Aujourd’hui, 26 mars, c’est mon 100^e jour de navigation en haute mer […] de l’eau à 360 degrés H 24 depuis cent jours, c’est exaltant ! », y lit-on.

« Ne laisse jamais personne te dire qu’il y a quoi que soit que tu ne puisses pas faire ! » : Fabien Maury documente son voyage dans un carnet de bord, disponible en ligne sur son site internet fabienautourdumonde.fr ©Philippe Marini/CCAS

Fabien, très sociable au quotidien, n’a pas souffert de solitude. Le spectacle du ciel étoilé, le ballet des albatros d’Amsterdam (une espèce menacée), et des phaétons à bec jaune lui suffisaient. Il était d’ailleurs très occupé : recoudre une voile, calculer sa position, bien calé dans son fauteuil aménagé avec un siège de voiture de rallye, préparer son pain et même se mitonner des petits plats de son pays. Dans les 200 kilos de nourriture qu’il avait emportés pour tenir 250 jours en mer, il avait en effet pris 6 kilos de lentilles aveyronnaises, du thérondels, le fromage du terroir, des gousses d’ail de Lodève…

Certains moments ont été intenses, avec des surfs à 17 nœuds, notamment au retour, au large de Gibraltar, lorsqu’il s’est offert une mini-régate avec un voilier, après la pointe de Tarifa. Par ailleurs, il a mis son aventure au service de la recherche et de l’environnement : il a prélevé tout au long du parcours des sargasses, cette algue nuisible et invasive.

Une association pour partager sa passion avec 1 000 jeunes

Fabien Maury a encadré des séjours itinérants dédiés aux jeunes bénéficiaires. Ici, séjour itinérant Voile et astres, été 2017.

Fabien Maury a encadré des séjours itinérants dédiés aux jeunes bénéficiaires. Ici, le séjour itinérant Voile et astres dédié aux 18-35 ans, à l’été 2017. ©Pierre Charriau/CCAS

Au-delà de la course et de cette aventure, parce qu’il ne conçoit pas la vie de manière individualiste, Fabien porte un nouveau projet à dimension sociale forte. Ce syndicaliste militant – qui est président de SLVie, après avoir été un temps président de la CMCAS Languedoc et délégué syndical pour GRTGaz – est attaché à la singularité des Activités Sociales. « C’est comme cela que j’ai pu découvrir ma passion. »

Aujourd’hui, il désire renvoyer l’ascenseur. Avec son association, Mets les voiles, il souhaite faire découvrir gratuitement la voile habitable le temps de demi-journées à 1 000 jeunes « qui n’ont comme seul loisir que d’arpenter les quais sans jamais pouvoir monter sur un bateau », car lui-même a été à leur place.

Il s’est notamment rapproché des associations de quartier, des CMCAS et du Secours populaire. Et il a lancé un appel aux dons à tous sur son site internet. S’il reprend peu à peu « sa vie de terrien », Fabien souhaiterait un jour repartir avec ces jeunes. Et pouvoir écrire, comme il l’a fait chaque mois dans son journal de bord : « Tout va bien à bord d’Aqui Lou » !