Une convention signée avec la Fédération nationale solidarité femmes prévoit des actions de formation et de sensibilisation auprès des élu.e.s et des salarié.e.s des Activités Sociales.
La rencontre était bien plus qu’institutionnelle. Le 8 juin dernier, les représentant.e.s des Activités Sociales de l’énergie – CCAS et Comité de Coordination des CMCAS – ont scellé avec la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) un partenariat de trois ans. Objectif : former les élu.e.s et salarié.e.s des Activités Sociales à comprendre, reconnaître et orienter les situations de violence conjugale, et sensibiliser l’ensemble des bénéficiaires aux comportements violents et sexistes, sur leurs lieux de vacances et de vie.
« La fierté est réciproque de pouvoir travailler ensemble au sein de ce combat légitime et d’utilité publique. Depuis la création du statut national en 1946, la CCAS porte des valeurs de solidarité, de justice et de dignité, et combat toute forme de violence et de discrimination. »
Nicolas Cano, président de la CCAS
Un réseau à construire
La convention ouvre la voie pour tisser des liens au niveau local. Le réseau des 64 associations composant la FNSF correspond à celui des 69 CMCAS. En co-signant la convention de partenariat, Jean-François Coulin, président du Comité de Coordination des CMCAS, engage l’ensemble des élu.es de terrain à suivre la même logique : renforcer la solidarité. Et celle-ci a parfois besoin d’un regard aguerri, de méthode et de partage d’expériences. « En tant que président.e de CMCAS, raconte l’ancien élu du Morbihan, notre réflexe est d’extraire une personne en danger de son foyer. On pense qu’on l’a protégée… mais cela peut-il suffire ? »
Trois CMCAS sont déjà volontaires : Languedoc, Toulouse et Aude Pyrénées-Orientales. Objectif pour les élu.es : agir au mieux dans les situations critiques, et inscrire la mobilisation actuelle des réseaux solidaires dans un accompagnement transversal des personnes en détresse. Car les violences conjugales, protéiformes, sont d’ordre économique, administratif, physique, sexuel, psychologique… tout comme le processus de reconstruction. Du logement à l’emploi en passant par la formation, retrouver la dignité passe aussi par le droit au repos, tout simplement. À Toulouse, un partenariat avec la CCAS et l’Apiaf, association membre du réseau FNSF, a déjà permis d’accueillir des femmes privées de ressources et leurs enfants dans les centres de vacances de la CCAS. Des vacances… en forme de trêve, dans un quotidien difficile. La convention a été renouvelée pour l’été 2017.
Combattre le sexisme, partout et au plus tôt
La prévention du sexisme ordinaire fait partie intégrante de la lutte contre les violences conjugales. « Il existe un continuum du sexisme et de la violence, rappelle Dominique Guillien-Isenmann, présidente de la FNSF. Au-delà de l’histoire singulière de chacun ou du couple, il y a la réalité d’une société patriarcale. » Blagues sexistes, commentaires sur la tenue, jalousie… Si ces comportements et remarques ne mènent pas aux violences, ils en constituent le terreau fertile. Et partagent une même vision inégalitaire et oppressive des rapports de genre.
« Le sexisme ordinaire est une violence que les femmes subissent au quotidien, et qui banalise la parole machiste. Donc les violences faites aux femmes. Il est urgent d’en finir avec les paroles et les comportements sexistes, relais directs d’une domination patriarcale. »
Noémie Bickel, vice-présidente de la CCAS
Un deuxième volet de la convention prévoit de former le personnel des centres de vacances, notamment les directeur.rice.s. L’enjeu : détecter les comportements violents et sexistes, et savoir réagir. Parallèlement, cet été, plusieurs rencontres et actions culturelles proposent d’échanger sur l’égalité femmes-hommes en centres de vacances et dans les colos. Une manière de poser la lutte contre le sexisme comme un enjeu clair d’éducation populaire, et d’émancipation de tou.te.s, par le débat et la solidarité concrète.
La FNSF : des associations de terrain
La Fédération nationale solidarité femmes est une coordination de 64 associations réparties sur tout le territoire. Elles sont spécialisées dans l’hébergement et l’accompagnement des femmes victimes de violences et de leurs enfants, et initient ou animent des actions de sensibilisation, de formation et de prévention. Leur expertise alimente chaque année un observatoire, en lien avec les pouvoirs publics.
Un numéro : le 3919. Depuis dix ans, la FNSF gère le 3919, Violences femmes info. L’année dernière, la plateforme a traité près de 50 000 appels.