Un colloque autour du travail saisonnier en France réunissait, le 1er et 2 avril à Paris, parlementaires, élus locaux et organisations syndicales. Une initiative organisée par le Forum des saisonniers, la CCAS et l’Association nationale des lieux d’accueil des travailleurs saisonniers, Alatras.
Plus qu’un colloque, ce fut une véritable réunion de travail. Objectif des parlementaires et des saisonniers : introduire dans le débat sur la loi Macron la question des droits et des garanties des travailleurs saisonniers.
Une population fragile
En France, ils seraient 2 millions. La plupart travaille dans le tourisme, un secteur économique qui représente 6% du PIB, soit 146 milliards d’euros. Pendant qu’on nage, on skie, on déjeune ou se balade en vacances, ils font la plonge, actionnent les télésièges, conduisent, animent, accueillent les visiteurs. Eux, ce sont les travailleurs sous contrats saisonniers. Ils ont parfois traversé le pays pour être au rendez-vous de la saison d’hiver ou d’été, pendant laquelle les journées de dix heures ou plus sont monnaie courante, et dont les nuits se passent au mieux dans une caravane ou dans un camion, au pire entassés dans des colocations ou sur les matelas des plages privées. La saison achevée, les touristes rentrés, les saisonniers iront pointer à Pôle emploi. Leur indemnisation, amputée de 25% jusqu’en 2011 (date à laquelle la mobilisation des saisonniers avait fini par emporter l’indemnisation à taux plein), n’excédera pas trois mois. Pas de prime de fin de contrat. Une protection sociale fragile, proportionnée à la durée des contrats. Sans aucune assurance de retrouver son poste la saison suivante…
Saisonnier, un choix de vie ?
Non, répondent 80% d’entre eux à l’enquête réalisée en 2007 par la Jeunesse ouvrière chrétienne, qui préféreraient un CDI. Collectivités territoriales, associations et acteurs du tourisme social, tentent de pallier ces situations parfois dramatiques. Parmi eux, l’association Alatras, gestionnaire d’une vingtaine de « maison des saisonniers » et la CCAS qui a, depuis dix ans, instauré, comme le rappelait Michel Barthas, secrétaire général de l’organisme, des droits et des garanties sociales de haut niveau, et impulsé l’organisation des différents forums sociaux des saisonniers. À l’issue des échanges, les parlementaires se sont engagés à porter deux amendements dans l’hémicycle : l’un sur la reconduction des contrats de travail, l’autre sur la prime de précarité. Secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur et de la Promotion du tourisme, Matthias Fekl a quant à lui affirmé que la saisonnalité ferait partie des questions traitées dans la réécriture de la « loi Montagne ».
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