Le festival Contre Courant a investi l’île de la Barthelasse à Avignon (Vaucluse) pour sa quatorzième édition. Inauguration.
Igor propose des rafraîchissements… en aspergeant les 300 festivaliers d’une brume bienvenue en ce mois de juillet « caliente ». « Un coup de brosse à reluire ? Des lunettes noires pour ne rien voir, des bouchons d’oreilles pour ne rien entendre ? » Ombrelle et gratte-dos pendus à son vestiaire mobile, toutes choses inutiles mais drôlement ironiques donnent le ton. C’est le festival à Contre Courant de son frère le grand d’Avignon. « Il sera une fois » la haute-gouaille de l’Aboyeuse de chez Hermès, fidèle d’entre les fidèles à qui a été confiée une carte blanche pour cette soirée d’inauguration. Ce soir, ses amis ses amours, coups de cœur de scène.
Le Lazi Orchestra, « ou orchestre paresseux, mais ça rend beaucoup moins bien en français » : des passionnés du farniente appellent les festivaliers à goûter au temps qui passe. Au son d’une chanson française mélancolique et drolatique, parlant d’amour et de femmes, de légèreté, de petits bonheurs et de choses simples. Je n’ai aucun problème, premier opus écrit par Gentiane Pierre, auteur, chanteuse, saxophoniste. Et puis La dégringolade, composée en 2008 pendant la crise boursière, pour chanter la hausse de l’action citoyenne plutôt que la baisse des actions financières.
Pascale Bérodias, présidente de la CMCAS d’Avignon interroge : « Parfois, on regarde le contexte économique, politique et on se demande : à quoi cela sert tout ça, ouvrir l’accès à différentes formes d’art, provoquer des rencontres culturelles ? À Contre Courant nous sommes bien dans notre rôle militant, avec l’envie d’ouvrir les portes aux jeunes, à tout ceux qui n’en ont que peu ou pas les moyens, prendre du plaisir, toucher du vivant, de l’humain. Échanger entre futurs ou actuels citoyens, toujours chercher à fabriquer un monde meilleur. Ne pas le faire serait rompre le lien, laisser s’installer le repli sur soi et en définitive l’intolérance, qui on le sait peut mener à tout. Alors soyez curieux, allez aux Ateliers de la Pensée, aux Parle (Pratiques amateurs aux rendez-vous de la lecture et de l’écriture), apportez vos émotions, vos critiques ». Elle entonne du Maxime Le Forestier ajusté : « ça sert à quoi tout ça, ça sert à quoi tout ça ? Président, continuez à l’écrire ».
Alors le président de la CCAS Michaël Fieschi range son discours dans sa poche : impro et stand-up. « En effet ça sert à quoi tout ça, lorsque la barbarie est aux portes de Paris, à côté de chez moi à Saint-Quentin Fallavier, lorsqu’elle est à Sousse ? Lorsque les fascismes prennent des propos différents mais toujours aussi meurtriers pour les peuples, en attaquant la culture et ce qui fait l’essence des hommes et des femmes… Si on a encore quelque chose à dire, quelque chose à faire, c’est de se donner ce temps de parole, de réflexion, ce temps conquis depuis 1936 : le temps des vacances. C’est la 69e édition du In dont nous sommes partenaire, la 50e du Off, et la 14e édition de Contre Courant. Il ne faut pas arrêter d’écrire cette histoire ».
Romantica, grande gigue de la Cie Zigue Zigue monte sur scène, déchaîne les rires, joue avec le public. Pas de fausse pudibonderie. Puis on prend le chemin de My Way, création dansée des marseillais Kelemenis et Cie, triangle amoureux contemporain, jeu de lumières et d’ombres noir et blanc sur rideau de fil. Enfin on retient son souffle face à la performance de comédien d’Europeana, une brève histoire du XXe siècle, pièce adaptée du livre de Patrik Ourednik où sont balayées inventions des plus capitales aux plus insignifiantes, terribles guerres sanglantes et destructrices, avancées sociales. Contre Courant semble vouloir tenir toutes ses promesses.
Ils sont venus,… et ne le regrettent pas :
Hélène Lampin, agente RTE CMCAS Loire-Altantique Vendée
C’est la première fois que l’on vient en Avignon et à Contre Courant ! J’ai eu connaissance de ce festival lors d’un convoyage : un collègue m’a expliqué qu’il y allait tous les ans. Nous voulions faire découvrir à nos ados ce monde du théâtre, que nous ne côtoyons pas habituellement. Ma fille s’est intéressée à la question grâce à sa prof de français en classe de 1ère. Nous sommes donc installés à Campéole pour quinze jours et avons pu assister à un spectacle du In. L’initiative de la CCAS et de la CMCAS Avignon est excellente ! Ces rencontres culturelles favorisent l’accès à la culture pour tous, gratuitement, avec des productions haut de gamme. Un petit plus serait de pouvoir bénéficier d’une carte famille pour accéder aux spectacles du Festival d’Avignon à un coût moindre.
Michelle Rostang, festivalière et touriste
Je participe surtout au festival du Off. Mais je loge près d’ici et j’ai vu que le festival Contre Courant que je ne connaissais pas démarrait aujourd’hui. La curiosité de découvrir le lieu, la programmation m’a attirée. Le concert du Lazi Orchestra était très sympa. J’avoue que je ne connais pas l’action culturelle de la CCAS, et j’ai été agréablement surprise d’écouter le discours du président. C’est bien de voir qu’il y a des gens qui continuent de militer, qui sont passionnés et perpétuent cet accès à la culture de grande qualité pour un large public, afin que ce ne soit pas trop élitiste. Je pense revenir tout au long de la semaine, les propositions artistiques ont l’air variées.
Yves Boyer, agent EDF-GDF en inactivité (qui a dansé avec Romantica), Cmcas Avignon
C’est la première fois que je viens à Contre Courant alors que j’ai fait partie de la Commission Culture de la CMCAS ! Mais je suis également directeur de centre de vacances durant la période estivale, donc je n’ai jamais eu l’occasion de participer. Cette année, je suis exceptionnellement là, rendu libre par un prochain voyage humanitaire en Inde. Ce festival est peut-être encore plus engagé que celui d’Avignon. Romantica, auquel nous venons d’assister, c’est du déjanté, du rire, sans être vulgaire… La comédienne nous a donné de l’amour, de la passion. Nos vies sont suffisamment sérieuses, on a le droit de temps en temps de s’échapper ! La culture ne sert à rien mis à part qu’elle est nécessaire et indispensable à la qualité de vie de tout un chacun. Ça permet de réfléchir à notre condition et d’apprécier de bons moments de partage, de rencontre.
Cannelle, fille d’agent, CMCAS Haute-Bretagne, participe à la colonie CCAS 15-17 ans « Jeunes critiques de théâtre »
Nous venons tout juste de nous retrouver pour trois semaines de séjour. On va participer au In et au Off. Cette colo m’a attirée parce que je prends des cours de théâtre depuis onze ans, à l’école, en dehors et ai pris une option théâtre au lycée. Je souhaite devenir comédienne, comme beaucoup d’entre nous. C’est une bonne immersion de venir au Festival d’Avignon. Le spectacle My Way, de la compagnie Keleminis – pour moi qui suis sensible à la danse contemporaine – c’était vraiment du travail de pro ! Je n’ai pas cherché à tout comprendre, tout analyser, je me suis laissée porter par des sensations.
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