Complice privilégié des temps de l’enfance, le livre de jeunesse est intemporel dans son rôle mais se réinvente à l’envi au fil des générations. À l’occasion de la 33e édition du salon qui porte son nom, en Seine-Saint-Denis, rencontre avec sa directrice.
Quel est le thème du salon cette année ?
Le thème du miroir y est à l’honneur, pour traiter de l’intime et de l’universel, des reflets du monde, de l’image de soi, de l’idée de l’Autre. Se voir, se comprendre, se projeter. Par ses héros, par ses histoires, la littérature jeunesse reflète l’enfance et l’adolescence d’aujourd’hui. C’est un reflet multiple et bien sûr différent, selon que l’on parle du petit enfant ou de l’adolescent. Cette littérature les accompagne l’un et l’autre pour grandir : ils se retrouvent dans les héros des livres qui leur ressemblent, les font voyager dans leur propre enfance avec leurs questionnements. Ces héros les rassurent, les encouragent, les dérangent aussi parfois. Avec les expositions, la galerie de portraits d’enfants, la web-série où de jeunes lecteurs rencontrent des écrivains, nous avons joué avec ce miroir… Lorsqu’on est petit, on se pose beaucoup de questions, sur ce que l’on est, son devenir, surtout à l’adolescence qui est une période de bouleversement intense.
Voir aussi : Miroirs, la web-série sur la médiathèque en ligne de la CCAS |
Comment, avec votre équipe, renouvelez-vous chaque année ce salon ?
Nous sommes attentifs aux pratiques culturelles des enfants et des jeunes en vivant avec eux tout le reste de l’année. Nous réfléchissons aussi avec les professionnels du livre et de l’enfance. Ensemble, nous essayons de capter ce dont ils ont envie et besoin, qu’ils se trouvent à l’école, à la maison ou au centre de loisirs, où ne sont pas proposées les mêmes activités culturelles. Il est important d’être en osmose avec cela. Sans oublier les écrivains et les illustrateurs et leur manière de créer aujourd’hui.
Quelles sont les nouveautés de cette 33e édition ?
Cette année, la nouveauté est la scène « Décodage » qui permet de décrypter les médias, de prendre conscience de l’influence des réseaux sociaux et d’aiguiser son sens critique face à l’actualité. Avec l’avalanche de « fake news », la bulle informationnelle, la post-vérité, l’économie de l’attention, comment s’y retrouver quand on est enfant ou adolescent ? Cette génération qui vit dans un monde ultraconnecté ne possède pas toujours les éléments pour savoir si les informations qu’elle y trouve sont fondées ou infondées, comment elles se constituent, etc.
Le numérique est complémentaire du livre tant sur le plan de la création que sur celui de la diffusion. Avec la Ruche Transbook, projet numérique européen, on découvre les meilleures œuvres numériques jeunesse. Et trois événements professionnels sont programmés autour des enjeux créatifs et économiques des nouvelles formes de narration.
Le partenariat du Salon du livre jeunesse avec la CCAS est historique…
Historique oui, mais il est d’actualité en permanence. Ce partenariat est très important pour nous car la CCAS se préoccupe de la culture durant les vacances pour les jeunes et les familles, ce qui n’est pas le cas de tous les comités d’entreprise. Le livre y tient une place importante : il existe non seulement au moment du Salon du livre jeunesse mais aussi durant les temps de vacances, avec la circulation de malles livres et les interventions d’écrivains dans les centres.
Un groupe de jeunes de la CMCAS Languedoc s’est levé aux aurores ce matin pour se rendre au salon. Qu’auriez-vous envie de leur dire ?
Bienvenue ! J’espère que vous profiterez de l’ambiance du salon, où l’on baigne dans un océan de livres. Plongez dans ce monde totalement littéraire même si cela peut parfois paraître difficile de s’y repérer. Demandez conseil autour de vous. Regardez ce qui se passe dans les salles de rencontre, où ont lieu des choses spectaculaires qui valent la peine de s’y arrêter. Je vous recommande aussi de visiter l’exposition « Face à face » au sous-sol, où vous pourrez découvrir les images de la littérature de jeunesse.
Qu’est-ce qui vous fera arrêter ?
Je peux un jour m’arrêter de diriger ce salon, sans cesser de m’intéresser à la littérature de jeunesse qui a un potentiel d’attraction extraordinaire.
Que lisez-vous en dehors des livres de jeunesse ?
Je lis beaucoup, des romans, des polars, de la bande dessinée. La littérature de jeunesse m’a aussi menée à la littérature fantastique. J’en lis de plus en plus. C’est un genre que je connaissais peu.
L’adulte qui lit encore de la littérature de jeunesse continue-t-il de grandir ?
Oui, lire est une manière de grandir. Mais surtout lire de la littérature de jeunesse permet de retrouver en permanence sa part d’enfance. Je trouve que c’est très sain. Il est important de ne pas oublier l’enfant que l’on a été, avec ses questionnements, ses assurances, ses révoltes. Et surtout les rêves que nous avons eus, qu’il est important de garder en nous.
Pour aller plus loin
La 33e édition du Salon est terminée mais le SLPJ poursuit ses activités.
À découvrir, son nouveau site Internet : http://slpjplus.fr
Le Salon du livre jeunesse, c’est toute l’année avec
L’école du livre jeunesse : http://slpjplus.fr/ecole/
Des livres à soi : http://slpjplus.fr/livres-a-soi/
La biblio-connection : http://slpjplus.fr/biblio-connection/
L’éducation artistique : http://slpjplus.fr/educartistique/
Partir en livre : http://www.partir-en-livre.fr
Parcours hors-les-murs
De station en station, l’illustration gagne le Grand Paris. Un parcours hors-les-murs pour découvrir des expositions d’illustrateurs jeunesse dans une trentaine de lieux culturels du Grand Paris. En partenariat avec la RATP.