Depuis plus de vingt ans, Véronique Aubouy, poète, artiste et performeuse, construit une œuvre à partir des sept tomes de l’œuvre majeure de Marcel Proust, « À la recherche du temps perdu ».
« Tentative de résumer ‘À la recherche du temps perdu’ en une heure », par Véronique Aubouy
Une artiste à retrouver cet été dans les villages vacances de la CCAS.
« À la recherche du temps perdu », à lire en accès libre sur la médiathèque
Pouvez-vous décrire votre performance ?
C’est une improvisation à chaque fois différente. Sous l’égide du « je », je raconte mes souvenirs de lecture, tout comme Marcel Proust a écrit son livre avec un verre grossissant à l’attention du lecteur, pour que le lecteur s’y lise lui-même. Je suis une lectrice qui a poussé un peu plus loin que les autres cette identification au narrateur en endossant ce « je » qui devient le mien aussi. Je raconte « la Recherche » en disant « je », mais au fond c’est parce que je parle de moi.
Quel rôle jouent les spectateurs ?
Nous sommes plutôt dans le registre de la causerie, chaleureuse et conviviale. Je leur raconte le livre mais je réagis en fonction des personnes qui composent le public. Lorsqu’il y a des enfants dans la salle, je vais vers des scènes qui racontent l’enfance ou l’adolescence. J’ai poussé cette logique loin en demandant systématiquement au public de choisir une scène. C’est une manière pour moi d’être encore plus dans l’improvisation, même si je suis déjà imprégnée de toute l’histoire.
Sans obligation extérieure, je risquais presque d’aller vers mes scènes préférées et peut-être de me répéter. Cette performance joue sur la mémoire du lecteur et c’est cela qui est beau. Il m’est arrivé que l’on me demande une scène de cinq lignes à côté de laquelle j’étais passée alors qu’elle avait marqué à vie sa lectrice. Mon plaisir est de nager dans ce livre de 3 000 pages, je me jette à l’eau et j’adore cela.
Ma performance mêle à la fois les mots de Proust qui me reviennent en mémoire – donc un langage très littéraire – avec une syntaxe étrange de l’oral. C’est une manière de recréer une langue, celle du lecteur.
Votre but est-il de rendre « la Recherche » plus accessible ?
Ce n’est pas mon but mais, si cela se produit avec cette performance, tant mieux. La littérature est selon moi très vivante et faire vivre les livres en général me plaît. Ce livre est totalement ouvert, rien n’y est affirmé. C’est à mon sens le livre qui laisse le plus de place au lecteur, il est libre de s’y projeter et de le continuer. Je souhaite tout simplement partager ma passion.
Qu’apprenez-vous en lisant « la Recherche » ?
Ce livre fait du bien. Chacun y trouve sa place. Les œuvres d’art sont là pour le partage, et pour nous faire voir avec d’autres yeux.
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