
Les bénéficiaires membres de l’association Prendre la plume, accompagnés de Métélok, auteur et accompagnateur du projet (en haut à g.) : Olga Irastorza, Patricia Panegos, Jean Marie Vitrac, Michel Blanc, Nadine Pinson, Chantal Bouin, Serge Boisset ©Stéphane Sisco/CCAS
Début mai, six bénéficiaires de la CMCAS Toulouse membres de l’association Prendre la plume étaient en résidence d’écriture à Anglet, pour donner corps à leur mémoire syndicale et sociale. Ils ont traversé la frontière espagnole pour découvrir San Sebastián, le stylo à la main.
« En trois minutes, écrivez un souvenir de trajet marquant. » Premier exercice d’écriture, aussitôt le départ du petit train qui relie Hendaye à San Sebastián (Espagne). L’auteur biarrot Métélok donne le ton. Les membres toulousains de l’association Prendre la plume ont déjà le stylo en main pour cet essai express mais révélateur. Ils s’en vont ce samedi matin participer à un atelier d’écriture singulier. Leur guide, surnommé « Mété », écrivain et formateur expérimenté, est un fidèle collaborateur de la CMCAS Bayonne. Il est accompagné d’Olga Irastorza, cofondatrice de l’association Lire délivre, et pilier de Comeol, un collectif d’auteurs à Biarritz.
- Michel Blanc écriture dans le train Hendaye – San Sebastian © Stéphane Sisco / CCAS
- Olga Irastorza, San Sebastian © Stéphane Sisco / CCAS
- Nadine Pinson, San Sebastian © Stéphane Sisco / CCAS
- Chantal Bouin, San Sebastian © Stéphane Sisco / CCAS
Le travail commence dès le voyage ! Ici, dans le train vers Hendaye. ©Stéphane Sisco/CCAS
L’aventure littéraire de l’association Prendre la plume a commencé voilà plusieurs mois à Toulouse, quand une douzaine d’agents retraités bénéficiaires de la CMCAS ont décidé d’entreprendre un projet au long court, dont le maître mot est : la transmission aux générations actuelles et à venir dans les Industries électriques et gazières (IEG). De Mai 68 au processus d’embauche dans les IEG, des conditions de travail aux périodes de grève… chacun choisit un thème, se fonde sur ses souvenirs pour écrire, puis ils et elles échangent leurs travaux respectifs.
L’association Prendre la plume a déjà monté un premier spectacle au parc des sports du Bazacle de la CMCAS Toulouse. Et, en ce week-end du 8 mai, six de ses membres se retrouvent à la maison familiale d’Anglet pour une résidence d’écriture, et pour rencontrer, entre autres, leurs camarades de la CMCAS Bayonne, qui ont effectué un travail similaire il y a quasiment dix ans.
Dans les rues de San Sebastián, la capitale culturelle basque, le groupe ne tarde pas à conjuguer découvertes historiques et envolées littéraires. Petit déjeuner pédagogique sur les spécificités démographiques de cette ville de 400 000 habitants, halte au Café Oquendo, lieu emblématique du Festival du film international, où Métélok se remémore une rencontre avec Pedro Almodóvar… C’est là que les bénéficiaires croisent Marian Lizancos, figure locale et présidente de l’antenne de l’Alliance française. L’inspiration s’invite autour d’un thème fort : le lien entre langue maternelle et culture.
Pour Serge Boisset, 73 ans, ancien chargé d’études raccordement électricité et gaz, l’expérience est intime : « Mété nous met tout de suite dans une ambiance propice à faire resurgir nos souvenirs. J’ai pensé à mon enfance dans le Lot, au patois de mes grands-parents, à cette langue qui résonnait chez moi. »
De retour au Pays basque français, le groupe improvise un atelier autour d’un déjeuner animé. Le sujet ? Des bonbons disposés sur la table en verre… Un moment gourmand, presque enfantin, mais toujours créatif. « On écrit avec le cœur, mais aussi avec les papilles ! », plaisante l’un des participants. L’approche de Métélok est simple : partir de l’émotion et de l’instant, sans pression ni prétention. Ce qui compte, c’est d’écrire, d’exprimer, de transmettre.
Halte littéraire au Café Oquendo pour le petit groupe. ©Stéphane Sisco/CCAS
« On est un groupe de retraités, tous engagés dans la vie syndicale ou sociale. On se retrouvait pour partager nos souvenirs. Puis on s’est dit : pourquoi ne pas les écrire ? Pourquoi laisser ces histoires se perdre ? »
Nadine Pinson, 73 ans, ancienne chargée d’affaire et suivi des marchés publics, CMCAS Toulouse
Pour Nadine Pinson, 73 ans, figure fondatrice de l’association et auparavant chargée d’affaires et suivi des marchés publics, cette initiative est le fruit d’un long compagnonnage entre anciens collègues : « On est un groupe de retraités, tous engagés dans la vie syndicale ou sociale. On se retrouvait pour partager nos souvenirs. Puis on s’est dit : pourquoi ne pas les écrire ? Pourquoi laisser ces histoires se perdre ? »
Ainsi est née leur association, structure modeste d’une vingtaine de membres, où l’écriture se veut accessible et collective. « Ce n’est pas notre métier, alors on s’est tournés vers des professionnels, explique Nadine Pinson. Mété nous a beaucoup appris. L’idée n’est pas d’éditer à tout prix, mais peut-être qu’un jour on fera un livre, une pièce, un film… »
Cette première résidence pour l’association a valeur de test et d’inspiration. « On espère pouvoir créer un maillage avec d’autres CMCAS. Bordeaux ou Marseille sont déjà intéressées. On a envie de ‘contaminer’ d’autres groupes à ce plaisir d’écrire ensemble », poursuit-elle.
« Ce qu’on écrit, c’est la mémoire des ‘jours heureux’ des Activités Sociales, de notre engagement dans les années 1970 à 1990. Sans nostalgie, mais avec le désir de laisser une trace. »
Serge Boisset, 73 ans, ancien chargé d’études raccordement électricité et gaz, service clientèle, CMCAS Toulouse
Au programme de la résidence figurent aussi les promenades à San Sebastian. ©Stéphane Sisco/CCAS
Au-delà de l’exercice artistique, c’est aussi un acte de transmission. « Ce qu’on écrit, c’est la mémoire des ‘jours heureux’ des Activités Sociales, de notre engagement dans les années 1970 à 1990 », explique Serge Boisset. « Sans nostalgie, mais avec le désir de laisser une trace. »
Chantal Bouin, 69 ans, ancienne ingénieure cheffe de projet informatique EDF, insiste quant à elle sur la dimension humaine du projet : « Ce que j’aime, c’est le partage. Quand on lit nos textes le soir, on livre un peu de notre intimité. On se découvre autrement, même entre vieux camarades. »
Une aventure littéraire, mais aussi militante, pour que la mémoire collective ne se dissolve pas dans le silence. Et parce qu’il n’y a pas d’âge pour prendre la plume. Ni pour se réinventer.
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