Précarité énergétique : des solutions existent !

Précarité énergétique : des solutions existent ! | Journal des Activités Sociales de l'énergie | JEL precarite energetique

©Shutterstock

La cinquième Journée nationale contre la précarité énergétique, le 18 novembre, est l’occasion de rappeler que des solutions existent pour lutter contre ce phénomène, à condition d’en avoir la volonté politique. Les légers progrès enregistrés depuis quinze ans le montrent.

Six millions de personnes, soit environ un ménage sur dix, sont en situation de précarité énergétique. Un Français sur trois souffre du froid durant l’hiver. Et 4,8 millions de logements sont considérés comme des passoires thermiques. Telle est aujourd’hui la réalité en France, une réalité indigne d’un pays riche et développé.
« Si la précarité énergétique se matérialise souvent par des factures trop élevées, elle est signe d’une détresse sociale plus profonde », souligne Sylvain Waserman, président de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Derrière les chiffres se cachent des drames humains : intoxications au monoxyde de carbone dues à des chauffages d’appoint mal réglés, allergies causées par la présence de moisissures dans les logements trop humides, maladies chroniques aggravées par le froid…

Qu’est-ce que la précarité énergétique ?

La Journée nationale contre la précarité énergétique est l’occasion de faire connaître combien de personnes en sont victimes et comment on estime leur nombre. Cette question est complexe.

L’ONPE, qui fait référence en la matière, adopte la définition suivante : est considérée en situation de précarité énergétique toute personne gagnant moins de 1 608 euros nets par mois (c’est-à-dire faisant partie des 30 % les plus pauvres) et consacrant plus de 8 % de ses revenus à ses dépenses énergétiques, que ce soit pour un véhicule ou pour l’usage domestique.

Sur la base de cette définition, il est toutefois difficile d’établir des chiffres car les données incontestables sont rares pour établir des statistiques précises. La dernière grande enquête de l’Insee sur le logement date de 2013, et les chiffres de celle de 2020 sont toujours en cours d’analyse. On ne dispose donc que d’aperçus, calculés chaque année par l’ONPE, mais ils sont moins précis que les enquêtes nationales. Ils indiquent une lente diminution de la précarité énergétique : elle concernait 13,7 % des Français en 2010 et touchait 10,8 % des Français en 2022, selon les derniers chiffres disponibles. Mais ce progrès est sans doute moins important si l’on tient compte du fait que les hivers sont de plus en plus doux, le nombre annuel de jours de gel diminuant en moyenne de trois jours par décennie.

Coupures, restrictions de puissance… la chasse aux impayés

En revanche, s’il est un chiffre simple à appréhender et qui ne souffre pas de contestation, c’est celui des personnes à qui leur fournisseur d’énergie a imposé, du fait d’impayés, soit des restrictions de puissance, soit une coupure : longtemps stable autour de 600 000 par an, ce chiffre s’est envolé depuis 2020 pour atteindre à présent 1 million. Un quart des personnes concernées ont vu leur approvisionnement énergétique totalement coupé.

Comme l’a constaté le dernier baromètre Secours populaire/Ipsos, paru en septembre, la grande pauvreté progresse en France, et bien des ménages n’ont plus les moyens de se chauffer ou de s’approvisionner en carburant. Ces deux postes constituent une dépense moyenne de 3 551 euros par an.

L’envolée des impayés est un des effets de la flambée des prix de toutes les énergies fossiles – et même du bois de chauffage, plus récemment – depuis la fin de la pandémie de Covid 19 et la guerre en Ukraine.

Mais, même à présent que l’inflation est en partie retombée, les chiffres de la précarité énergétique ne diminuent plus. D’où cette journée nationale du 18 novembre, organisée par 19 associations et organismes et pilotée par la Fondation pour le logement des défavorisés, pour « rendre visible ce phénomène auprès des décideurs et du grand public et valoriser les initiatives publiques et associatives de lutte ».

Des solutions existent

Des solutions à la précarité énergétique existent et la journée du 18 novembre servira à le rappeler.

La première réside dans la rénovation thermique des logements : elle explique pour une bonne part la lente diminution de la précarité énergétique observée depuis quinze ans (le reste est lié à la construction de logements neufs). La consommation énergétique des logements est ainsi passée de 190 kWh/m² en 2013 à 161 kWh/m² en 2022. Malheureusement, les restrictions budgétaires apportées au dispositif MaPrimeRenov’ dans le projet de loi des finances 2026 font craindre une interruption de cette dynamique.

La seconde consiste à considérer l’énergie comme un produit de première nécessité, et donc à lui appliquer la TVA à taux réduit, de 5,5 %. Là encore, le projet de loi de finances 2025 a tourné le dos à cette ambition, en faisant passer à 20 % la TVA sur l’abonnement à un fournisseur d’énergie dès le 1er août 2025, comme c’est déjà le cas pour la consommation, ce que dénonce une pétition lancée par la Fédération nationale mines énergie CGT.

Enfin, garantir un véritable droit à l’énergie supposerait, comme le demande Olivier Challan Belval, médiateur national de l’énergie, d’interdire toute coupure d’accès à l’électricité comme au gaz (elles ne sont actuellement interdites que durant la trêve hivernale), ce dernier ne faisant l’objet d’aucun encadrement. Olivier Challan Belval, qui termine son mandat à la fin du mois d’octobre, souligne l’urgente nécessité « d’avancées législatives pour renforcer la protection des consommateurs d’énergie ». Souhaitons que le Parlement sache se saisir de cet appel.

Tags:
0 Commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Votre commentaire est soumis à modération. En savoir plus

Qui sommes-nous ?    I    Nous contacter   I   Mentions Légales    I    Cookies    I    Données personnelles    I    CCAS ©2025

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?